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-Quand le paquet de protections hygiéniques coûte trop cher, beaucoup d’adolescentes africaines utilisent les moyens du bord, vieux habits, papier journal, mousse à matelas. . . Certaines ne vont tout simplement pas à l’école, et les autorités et des ONG cherchent des solutions.
A Lwengo, dans le sud de l’Ouganda, Violet Nalubyayi se souvient de ses premières règles comme si c’était hier. Sa mère lui avait donné un vieux chiffon et elle était restée à la maison cinq jours par peur d’être humiliée devant ses camarades.
“J’avais peur. J’aurais pu courir, ça serait tombé et ils auraient ri”, raconte cette élève de 14 ans qui, du coup, avait pris l’habitude de rester chez elle tous les mois, ratant plusieurs jours de cours.
C’est “un gros, gros problème”, reconnaît Moses Odongo, le professeur principal du centre scolaire primaire privé Lwerudeso de ce district rural, car les élèves prennent du retard à partir de la puberté, qui peut être précoce, ou abandonnent carrément l’école.
Son établissement a déjà du mal à sortir l’argent pour acheter des craies, et il voit mal comment obtempérer à la récente demande du gouvernement ougandais de fournir des kits d’urgence incluant serviettes hygiéniques, uniformes scolaires de rechange et cachets anti-douleur. “Ca ne serait pas facile, et trop cher”, dit-il, renvoyant la balle dans le camp des autorités centrales.
Une politique publique de distribution de serviettes hygiéniques pourrait étonner dans les pays développés, mais en Ouganda, plus de 60% des jeunes filles sont concernées par le problème, et plus généralement, une fille scolarisée sur dix en Afrique, selon l’Unicef.
Nul besoin d’aller dans des endroits aussi reculés que Lwengo pour rencontrer des jeunes filles dont la puberté démarre dans l’inconfort, l’absence d’hygiène intime et la peur d’avoir honte.
Le cas existe tout autant à Johannesburg, où certaines parties de l’agglomération sont un concentré de pauvreté et de familles s’entassant dans des bidonvilles.
– Sable, feuilles, sacs plastiques –
“Je n’en croyais pas mes oreilles, ça m’a soufflée”, raconte à l’AFP la Sud-Africaine Sue Barnes, 49 ans, en se remémorant le jour où elle a appris, en 2010, que des fillettes manquaient la classe une semaine par mois juste à cause de leurs règles.
“J’ai réalisé qu’il y avait des besoins beaucoup plus importants (en matière d’hygiène menstruelle). Je crois que les gens ne sont tout simplement pas au courant. C’est facile de dire +oh la la, c’est choquant+ et de passer son chemin”, dit-elle.
Venue de l’industrie textile, Mme Barnes a mis au point un pack réutilisable de neuf serviettes hygiéniques et trois culottes, vendu 190 rands (15 euros environ) et prévu pour durer cinq ans, contre 23 rands (1,75 euros) le paquet de dix serviettes classiques vendu en épicerie.
“Les filles utilisaient du sable, des feuilles, des sacs plastiques, des journaux pour contenir le sang”, poursuit Mme Barnes. “Une fille a même raconté que sa mère lui avait dit de s’asseoir dans une bouse de vache”.
Sue Barnes fabrique ses packs pour les écoles du Swaziland et du Lesotho, deux petits pays particulièrement pauvres voisins de l’Afrique du Sud. Son association, Project Dignity, approche aussi des ONG ou des entreprises mécènes pour obtenir des dons nécessaires à la fabrication de packs destinés à des écoles sud-africaines.
“Ma vision des choses, c’est que chaque fille doit recevoir une éducation scolaire, mais pas seulement ça: elle a droit à la dignité et au respect d’elle-même”, dit-elle.
Plusieurs organisations plus ou moins caritatives se sont positionnées comme elle sur ce créneau.
La Banque africaine de développement (AFDB) a débloqué en février un million de dollars via son projet African Water Facility pour améliorer l’hygiène sanitaire et menstruelle dans la province rurale du Cap oriental (sud), demandant “une attention particulière aux besoins des filles”.
Au Kenya, Barclay Paul Okari produit des packs de serviettes réutilisables bon marché pour le marché est-africain.
L’association Sustainable Health Entreprises utilise au Rwanda de la fibre de bananier pour fabriquer ce type de serviettes.
En Ouganda, MakaPads se sert de feuilles de papyrus et de papier recyclé et AFRIPads a lancé un paquet low cost de serviettes réutilisables un an, qui fait désormais toute la différence pour Violet Nalubyayi: “Je suis contente. Maintenant personne ne peut voir que j’ai mes règles et je peux même jouer sans avoir peur”, confie l’adolescente.
(Jeuneafrique)