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LE CAP (AFP) – dimanche 14 juin 2009 – 12h07 – L’Afrique pourrait profiter de la crise économique mondiale pour attirer des investisseurs, la région étant une des rares dans le monde qui pourrait connaître une croissance en 2009, mais elle devra se montrer plus flexible, estiment des experts.
Le continent habité le plus pauvre de la planète apparaît comme “plus propice pour les investissements que de nombreuses autres régions du monde”, affirme la directrice générale de la Banque mondiale, Ngozi Okonjo-Iweala, qui participait cette semaine au Cap au 19e Forum économique mondial (WEF) sur l’Afrique.
Un avis partagé par l’investisseur Soud Ba’alawy, à la tête de Dubaï Group: “Ces 20 dernières années, l’Afrique a connu une très bonne croissance. Aujourd’hui, le PIB (Produit intérieur brut) du continent est bon. C’est très intéressant pour l’investissement.”
L’Afrique, qui a affiché ces cinq dernières années une croissance supérieure à 5%, devrait en effet enregistrer une expansion de 2% en 2009, selon le Fonds monétaire international (FMI), alors que de nombreux pays riches sont entrés en récession.
L’Afrique de l’Est, qui dépend peu des ressources naturelles dont les cours ont chuté récemment, peut même tabler sur une prévision de croissance de 3,8%.
Les investissements massifs, notamment dans les secteurs des télécommunications et des services financiers, sont toutefois freinés par l’absence de stabilité politique, la défaillance des infrastructures et la lourdeur de la bureaucratie dans de nombreux pays africains.
Transporter par exemple un container du Rwanda au port kényan de Mombasa, distants d’un millier de kilomètres, est au moins deux fois plus cher que de l’amener de Mombasa en Europe.
“L’Afrique offre de nombreuses opportunités (…). Le défi revient aux dirigeants: sommes-nous capables de voir ces occasions, sommes-nous capables d’utiliser les structures appropriées et d’en tirer avantage?”, a estimé le président sud-africain Jacob Zuma lors du WEF.
“Les investisseurs vont regarder l’Afrique comme une opportunité, mais si l’environnement n’est pas prometteur, ils partiront. Si au contraire, ils trouvent un environnement favorable pour faire des affaires, ils resteront et feront des émules”, selon Omari Issa, directeur général de l’Etablissement pour le climat des investissements en l’Afrique (ICF).
Les investisseurs institutionnels comme les fonds de pension, qui se sont désinvestis de manière significative en septembre, reviennent aujourd’hui en Afrique sub-saharienne, notamment au Nigeria.
Profitant du vide laissé par des entreprises occidentales, l’Inde, les pays arabophones et la Chine, n’ont pas cessé depuis plusieurs années de s’intéresser au continent noir. En pleine crise, la banque marocaine, Attijariwafa Bank, a ainsi acheté en novembre cinq filiales africaines de la banque française du Crédit agricole.
L’Afrique est un “point chaud pour l’investissement”, assure le président de la Banque industrielle et commerciale de Chine (ICBC), Jian Jianqing, qui a participé au WEF.
Le retour sur investissement y est en moyenne de 24 à 30% contre 16 à 18% dans les pays développés, note M. Jianqing, dont l’établissement possède 20% de la banque sud-africaine Standard Bank, un des investisseurs les plus importants en Afrique sub-saharienne.
“Nous soutenons fortement les investissements que peut faire la Chine en Afrique”, souligne la directrice de la Banque mondiale, tout en rappelant cependant qu’au-delà des investissements privés, l’aide internationale demeure vitale pour que les pays africains surmontent la crise.