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Aux Comores, un fragile retour à la normale
Les tensions sont retombées aux Comores, après une semaine d’affrontements entre l’armée et des dizaines de rebelles. Mais les dérives autoritaires du président, qui pourrait s’installer durablement au pouvoir, déstabilisent le petit archipel.
Est-ce un retour au calme précaire ou durable aux Comores ? Samedi 20 octobre, les armes se sont tues à Mutsamudu, la capitale de l’île d’Anjouan, sur l’archipel de l’océan Indien. Depuis, des commerces ont rouvert, mais l’armée reste toujours très présente dans les rues.
Après six jours de combat, elle a repris la médina de Mutsamudu, qui était contrôlée par une quarantaine de rebelles à l’identité inconnue. Les insurgés ont réussi à s’échapper, apparemment lors de négociations, et leurs armes n’ont pas été retrouvées.
Les affrontements avaient commencé lorsque des protestataires avaient érigé des barrages dans plusieurs rues et autour de Mutsamudu, ville considérée comme un fief de l’opposition, et que les forces de l’ordre avaient ouvert le feu pour les démanteler.
>> À lire : “Comores : l’armée entre dans la médina de Mutsamudu où sont retranchés les rebelles”
Les autorités accusent le parti Juwa, de l’opposant et ancien président de l’archipel Abdallah Sambi, d’être à l’origine des troubles. Elles ont arrêté dimanche 21 octobre le gouverneur d’Anjouan, Abdou Salami Abdou, membre du parti, accusé d’avoir armé les rebelles. Joint au téléphone par l’AFP quelques heures avant sa détention, ce dernier a nié avoir “un quelconque lien avec les rebelles. Je ne les ai jamais connus, je n’ai jamais armé ces gens-là. C’est un montage.”
Virage autoritaire du président
Les partis d’opposition réunis en coalition accusent le gouvernement actuel d’être à l’origine de la situation explosive sur l’île. Le climat politique s’est en effet considérablement durci depuis la tenue d’un référendum constitutionnel organisé par le pouvoir en place le 30 juillet 2018. Ce scrutin aux allures de plébiscite (92,74 % pour le oui) a renforcé les pouvoirs du président Azali Assoumani, notamment en l’autorisant à accomplir deux mandats successifs au lieu d’un.
Les opposants dénoncent régulièrement le virage autoritaire pris par le président depuis son retour au pouvoir en 2016 : suspension de la Cour constitutionnelle, incarcération du chef de l’opposition pour corruption et détournement de fonds publics, arrestation de manifestants…
Le chef de l’État comorien prévoit d’organiser un scrutin présidentiel anticipé en 2019, qui lui permettrait de remettre les compteurs électoraux à zéro, et de régner, en cas de victoire, sur l’archipel jusqu’en 2019. Les opposants, qui ont boycotté le scrutin, s’insurgent contre la “République bananière” instaurée par le président. Officier de carrière, il avait déjà occupé la fonction suprême de 1999 à 2006 à la suite d’un coup d’État, avant de rendre le pouvoir aux électeurs.
Le maintien au pouvoir durable de l’ancien putschiste pourrait plonger de nouveau les Comores dans une instabilité chronique. Car depuis 2001, un mécanisme complexe prévoit que la présidence est attribuée tous les cinq ans à un représentant de l’une des trois îles du pays (Grande-Comore, Anjouan et Mohéli). Ce système tournant a permis de ramener le calme dans l’archipel, indépendant depuis 1975, et secoué depuis trois décennies par des crises séparatistes et des coups d’État à répétition.
Avec AFP
Première publication : 22/10/2018