Category: Afrique

  • Affaire Gbagbo: une longue bataille juridique à venir

    Affaire Gbagbo: une longue bataille juridique à venir

    -Acquittés le 15 janvier de crimes contre l’humanité commis suite à la présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont toujours détenus dans la prison de la Cour pénale internationale (CPI). Le 1er février, la chambre d’appel tiendra une audience sur leur éventuelle libération. Un simple épisode dans une procédure qui s’annonce encore bien longue.

    De notre correspondante à La Haye,

    L’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé le 15 janvier aura ouvert la « saison quatre » d’une affaire dont tous les ingrédients sont ceux d’une série politico-judiciaire, tenant la Côte d’Ivoire en haleine depuis déjà huit ans. La « saison un » avait vu l’arrestation et le transfèrement à La Haye de l’ex-président ivoirien, puis du chef des Jeunes patriotes, en 2011 et 2013. La « saison deux » était consacrée à leur mise en accusation pour crimes contre l’humanité. La « saison trois » était dédiée au procès et l’audition des 82 témoins du procureur. Elle finissait sur un ultime rebondissement lorsque les avocats jugeaient inutile d’appeler des témoins à décharge, et demandaient l’acquittement.

    Le 15 janvier 2019 marque le début de la « saison quatre ». Deux des trois juges de la chambre de première instance décidaient d’acquitter les deux accusés. « Le procureur n’a pas démontré qu’il y avait un plan commun pour garder Laurent Gbagbo au pouvoir », déclarait à l’audience le président Cuno Tarfusser, il n’a pas prouvé que « les crimes ont été commis en vertu d’une politique d’Etat ciblant la population civile », et que « par leurs discours, les accusés ont incité au crime ». Les juges ordonnaient, le lendemain, la libération immédiate de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.

    L’épisode trois de la « saison quatre » aura lieu lors d’une audience prévue le 1er février à La Haye. Après avoir prononcé leur acquittement, la chambre de première instance avait ordonné la libération immédiate des deux Ivoiriens. Mais le procureur faisait appel de cette libération, qui a été suspendue, le temps de trancher cet appel. Acquittés, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont donc toujours détenus à La Haye.

    Que se passera-t-il le 1er février ?

    L’épisode du 1er février ne devrait pas connaître de rebondissements particuliers. Les acteurs du procès défendront leurs arguments face aux juges. Pour le bureau du procureur, qui a fait appel de la décision d’acquittement, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pourraient « prendre la fuite » s’ils étaient libérés, et ne jamais revenir à la Cour pour entendre le verdict définitif. Il demande donc que leur libérationsoit assortie de conditions restreignant leur liberté de mouvement et de parole.

    La représentante des 729 victimes enregistrées dans l’affaire, Paolina Massida s’oppose à une libération, assurant que les supporters des deux acquittés « pourraient menacer les témoins et les victimes qui ont déjà témoigné, et tenter de compromettre l’intégrité des procédures ». Les avocats des deux acquittés demandent la libération immédiate. L’avocat de Laurent Gbagbo, Emmanuel Altit, relève que « c’est la première fois dans l’histoire des juridictions pénales internationales qu’une procédure de discussion relative à la mise en liberté […] d’une personne acquittée prend autant de temps. »

    Quand sera rendue la décision ?

    La décision de la chambre d’appel devrait être rendue dans les jours suivant l’audience du 1er février. Les juges peuvent décider de confirmer l’ordonnance de libération immédiate, ou de renvoyer le dossier à la chambre de première instance. Le procureur leur demande néanmoins de trancher eux-mêmes la décision définitive.

    Si la Cour décide d’une mise en libération assortie de conditions, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé se verront remettre un document de voyage par la Cour et devraient, dans un premier temps, être pris en charge par les autorités néerlandaises, sur le territoire desquelles ils ne peuvent circuler librement. Les autorités du pays d’accueil – déjà contactées en amont par le greffe de la Cour – se verront notifier officiellement la décision. Les autorités belges ont accepté que Laurent Gbagbo puisse rejoindre sa seconde épouse et son fils en Belgique. Quant à Charles Blé Goudé, qui n’a pas de liens avec la Belgique, sa demande est en attente.

    Et après ?

    Une fois la question de la libération tranchée, bien des inconnues pèsent sur la suite du dossier. Le procureur va faire appel de l’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, mais ne pourra déposer son mémoire qu’après avoir obtenu la version écrite de la décision rendue le 15 janvier. Les juges avaient énoncé les raisons de leur décision dans ses grandes lignes, mais doivent désormais les motiver par écrit. Un travail qui pourrait encore prendre des mois.

    Ensuite, avocats et procureurs échangeront des mémoires écrits. Les juges de la chambre d’appel devront décider soit de confirmer l’acquittement, soit de renvoyer le dossier à une chambre de première instance, mais elle devrait être composée de nouveaux juges. Dans ce cas, l’affaire pourrait reprendre là où elle en était restée après l’audition des témoins du procureur, en janvier 2018. Si les juges estiment qu’il existe des éléments, les avocats devraient appeler leurs témoins à décharge. Il faudrait ensuite requérir et plaider. Et le verdict ferait sans doute l’objet d’un appel. Quels que soient les scénarios à venir, l’affaire Gbagbo – Blé Goudé devant la CPI est donc loin d’être refermée.

    Avec RFI

  • L’Allemagne prête à reconnaître Guaido comme président par intérim du Venezuela

    L’Allemagne prête à reconnaître Guaido comme président par intérim du Venezuela

    Alors que la crise se poursuit au Venezuela, l’Allemagne adopte une position dure ce vendredi 25 janvier. Par la voix de Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement allemand, Berlin se dit prêt à reconnaître Juan Guaido en tant que “président par intérim” du Venezuela si des élections libres ne sont pas organisées très rapidement. “Le président vénézuélien Nicolas Maduro ne peut pas être le leader légitime parce que les élections qui l’ont ramené au pouvoir n’ont pas été équitables”, dit Steffen Seibert. “Le Venezuela doit organiser des élections présidentielles libres et équitables ou le chef de l’opposition Juan Guaido doit être déclaré président par intérim.”

    L’Allemagne est l’un des premiers grands pays de l’Union européenne à aller aussi loin sur la question d’une reconnaissance de l’opposant Guaido. Pour Berlin, l’appel de millions de Vénézuéliens en faveur d’un retour à la démocratie dans leur pays ne peut plus être ignoré. 

    L’Allemagne veut s’affirmer

    Christophe Ventura, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste de l’Amérique latine, explique cette prise de position de l’Allemagne. “L’Allemagne fait partie des pays qui sont sur la ligne la plus dure par rapport au conflit vénézuélien depuis assez longtemps. De ce point de vue, il y a une cohérence qui s’exprime surtout à un moment où on sent des fissures dans la cohésion européenne sur la lecture qui est faite de l’évolution de la situation.” 

    Le spécialiste de l’Amérique latine rappelle que, ce qui fait le consensus au sein des pays européens “c’est le rejet du gouvernement Maduro”. Il reste qu’il est difficile de trouver une position commune sur un soutient éventuel à Guaido.Soutenir Guaido c’est aussi faire face à un scénario dont l’escalade pourrait conduire le pays dans une situation hors de contrôle”, explique-t-il.

    Manifestation contre Maduro devant l’ambassade du Venezuela au Mexique.

    Raisons économiques

    Une deuxième raison pourrait expliquer ce soutien de l’Allemagne à Juan Guaido. Selon Christophe Ventura, Berlin veut garder de bonnes relations avec les partenaires économiques de la région qui s’alignent derrière Juan Guaido. “D’une manière pragmatique et intéressée, le gouvernement allemand, qui a beaucoup d’intérêt dans beaucoup de pays d’Amérique latine en dehors du Venezuela, cherche à prioriser ses bonnes relations avec les nouveaux pouvoirs comme Jair Bolsonaro au Brésil. Il y a aussi l’Argentine, le Chili et d’autres avec lesquels l’Allemagne veut avoir de bonnes relations.”

    L’UE prépare un appel commun à des élections 

    L’Union européenne travaille sur une “déclaration commune“, appelant à la convocation rapide d’élections au Venezuela. Plusieurs pays, dont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, soutiennent le souhait de Madrid de prévoir une reconnaissance du jeune président du parlement, Juan Gaido, en tant que “président par intérim” du Venezuela.

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  • RDC : pour l’heure Martin Fayulu dit non à Félix Tshisekedi

    RDC : pour l’heure Martin Fayulu dit non à Félix Tshisekedi

    Ce jeudi 24 janvier Félix Tshisekedi a rendu un hommage à Martin Fayulu durant son discours d’investiture en tant que nouveau président de la République démocratique du Congo. 

    “C’est ici l’occasion de témoigner de notre respect et sincère considération à l’endroit de notre frère Martin Fayulu Madidi avec lequel nous avons mené ce combat politique depuis plusieurs années. L’engagement de ce véritable soldat du peuple est un exemple pour la vitalité de notre démocratie et la responsabilité civique de chaque Congolais”, avait déclaré Félix Tshisekedi, juste après avoir prêté serment.

    Mais ce vendredi, celui qui est arrivé officiellement deuxième à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, Martin Fayulu, rejette la main tendue du nouveau président  par la voix de son porte-parole, Prince Epenge. “Nous voulons la vérité avant la réconciliation”, dit-il. “Tout le monde a l’impression que la volonté du peuple n’a pas été respectée. Le vote des Congolais a été détourné. Après qu’on aura consacré la vérité, nous verrons alors pour le reste”, déclare-t-il encore au micro de la DW.

    Pour sa part, Eve Bazaiba, la Secrétaire Général du MLC (Mouvement de libération du Congo de l’ancien Vice-président de la RDC Jean-Pierre Bemba) “l’État de droit ne signifie pas arrangement, combines et combinaisons pour gérer le pouvoir. Ce qui est mal conçu, mal préparé, va continuer négativement”.

    Un “non” … mais des discussions

    Certains proches du nouveau président congolais ne perdent cependant pas espoir. Sur nos antennes, ce jeudi 24 janvier, Vidiye Tshimanga, le porte-parole du président Félix Tshisekedi, a confirmé que des discussions étaient en cours avec certains membres de la coalition de Martin Fayulu (la coalition Lamuka qui signifie Réveillez-vous en langue lingala). Des discussions qui pourraient peut-être faire infléchir la position de Martin Fayulu.

    Le responsable du groupe de recherche Afrique de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE), n’exclut pas non plus cette hypothèse. “S’il accepte (Martin Fayulu, ndlr) la main tendue, pourquoi pas ? Ça permettrait d’essayer de réconcilier les protagonistes et ça permettrait aussi d’apporter le calme au niveau de la population et puis on se consacrerait à des vrais problèmes, des problèmes de sécurité, des problèmes de développement économiques, des problèmes de préoccupation sociale.” s’interroge Roger M’Gbama.

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    Roger M’Gbama, responsable du groupe de recherche Afrique de l’Institut prospective et sécurité en Europe (IPSE) : “si Martin Fayulu accepte la main tendue, ça permettrait de réconcilier les protagonistes. Mais à quel prix?”

    D’autres spécialistes de la République démocratique du Congo conseillent plutôt à Martin Fayulu de rester dans l’opposition en refusant de se compromettre dans un éventuel gouvernement d’union nationale. Ils estiment que, fort du score qu’il a réalisé officiellement, 34,8%, Martin Fayulu peut constituer un contre-pouvoir face à la coalition du Front commun pour le Congo de Joseph Kabila et celle qui a porté au pouvoir Félix Tshisekedi, Cap pour le changement.

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  • UA, coopération, élections … Le président allemand sur l’Afrique

    UA, coopération, élections … Le président allemand sur l’Afrique

    Deutsche Welle : Monsieur le Président, dimanche sera votre troisième voyage en Afrique. Vous avez déjà visité le Ghana et la Gambie, l’Afrique du Sud et le Botswana. Maintenant, l’Éthiopie. Comment vous situez-vous par rapport à ce pays  – notamment par rapport à la Gambie, qui a également connu un changement démocratique surprenant à l’époque ?

    Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier : C’est différent, car ce n’est pas mon premier séjour en Ethiopie. Je connais un peu le pays. Bien sûr je l’ai côtoyé à des moments différents et dans des conditions politiques différentes. Au cours de l’année, le peuple éthiopien a connu des évolutions extraordinaires : des changements, des tentatives de réforme, qui ont initié de nouvelles dynamiques dans le pays. C’est la raison pour laquelle j’ai très vite accepté l’invitation du président Sahle-Work Zewde et du premier ministre Abiy Ahmed. Il est important de respecter le courage qui a été fourni pour initier ces évolutions démocratiques. Mais il faut aussi les encourager sur place à poursuivre dans cette voie, en tant qu’Européen et en tant qu’Allemand. C’est pourquoi je pense que c’est le moment idéal pour s’y rendre.

    DW : Après votre visite en tant que ministre des Affaires étrangères en 2014, vous allez maintenant revenir dans une “nouvelle Ethiopie” en tant que président fédéral. Cependant, les nombreux conflits ethniques qui éclatent aujourd’hui suscitent de vives inquiétudes – l’État multiethnique éthiopien est confronté à de graves difficultés. Soulèverez-vous ces préoccupations auprès de votre homologue et du premier ministre Abiy ?

    Frank-Walter Steinmeier : Nous venons avec beaucoup de curiosité, mais nous ne venons pas naïvement, parce que nous connaissons les défis auxquels le premier ministre et mon homologue sont confrontés : le processus de paix avec leur ennemi juré, l’Érythrée, ouvrir les frontières qui ont été fermées pendant des décennies, la dépénalisation de l’opposition, la libération des prisonniers politiques ou encore la décision, tout aussi courageuse, de réduire le cabinet et de nommer un nombre égal d’hommes et de femmes. C’est une décision assez révolutionnaire pour l’Afrique. Mais bien sûr, tous ces changements ne signifient pas que d’autres développements ne soient pas nécessaires. Il faut de la persévérance pour mener à bien tant de changements dans un si grand pays encore marqué par d’anciennes rivalités, et où les tranchées du passé n’ont pas encore été comblées. Et cela exige de la patience de la part de la population. Ce processus prendra du temps avant de porter ses fruits pour tous. J’espère que les gens auront la patience. Et j’espère que les dirigeants politiques se montreront toujours aussi persévérants.

    Addis-Abeba

    DW : Le Premier ministre Abiy est la figure symbolique du changement démocratique en Ethiopie. De nombreux Éthiopiens s’inquiètent du fait que tant d’espoirs pèsent sur une seule personne. Au lieu de cela, ils plaident en faveur du renforcement des institutions et – dans l’État fédéral d’Éthiopie – des régions. Quelle expérience peut apporter  l’Allemagne  en ce qui concerne sa propre structure fédérale ?

    Frank-Walter Steinmeier : En Europe et en Allemagne, nous connaissons la différence entre les efforts fournis et le fruit des réformes. Nous ne devons donc pas nous contenter de regarder à distance. Si nous pensons que la voie est la bonne, nous devrions l’appuyer. Si l’Allemagne, en tant que pays économiquement fort en Europe, veut apporter son soutien, elle peut naturellement le faire par le biais d’une coopération politique, d’une assistance consultative, par exemple pour le renforcement des institutions. Mais bien sûr, le pays a aussi besoin d’impulsions économiques. C’est pourquoi je voyage avec une délégation économique, des entreprises qui, je le sais, ont un réel intérêt pour l’Éthiopie. Et j’espère que c’est aussi un moyen d’appuyer la politique économique du premier ministre Abiy.

    DW : La semaine dernière, le Bundestag, le parlement allemand, a appelé le gouvernement allemand à s’impliquer davantage dans le processus de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée. De nombreuses voix, notamment africaines, estiment que l’Allemagne a un rôle beaucoup plus important à jouer. Pourquoi ne pas remplir ce rôle, pourquoi sommes-nous si souvent en deçà des attentes africaines ?

    Steinmeier : Je ne crois pas que nous ne sommes pas en deçà de leurs attentes. La voie empruntée par l’Éthiopie mérite d’être soutenue. Mais pour la paix dans la Corne de l’Afrique et dans les relations entre l’Éthiopie et l’Érythrée, c’est aux dirigeants éthiopiens, et à eux-seul, d’évaluer quel genre d’aide nous pourrions leur fournir. Je ne peux pas imaginer que l’Allemagne manque de volonté dans ce domaine.

    Une session de l’Union africaine à Addis-Abeba.

    DW : Vous aurez également des entretiens avec l’Union africaine (UA). L’Allemagne soutient le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine depuis de nombreuses années. Néanmoins, on reproche encore aux États membres d’être trop unis et de se soutenir en cas de violations des droits de l’homme ou de fraude électorale, comme ce fut le cas récemment au Congo. Le rythme des réformes est également déploré, de même que la discipline financière. Toutes ces questions seront-elles abordées lors de vos discussions avec le président de la Commission Moussa Faki ?

    Il en va de même pour l’Union africaine comme pour l’Union européenne : une telle association ne peut être forte que si ses membres font en sorte qu’elle le soit. C’est pourquoi, par le passé, j’ai compris les critiques à l’encontre de l’Union africaine, mais en même temps j’ai dit que à partir du moment où ses membres ne lui donnent pas les compétences nécessaires, elle ne pourra pas conduire les pays africains dans la bonne direction. Néanmoins, il y a eu des développements au sein de l’UA que j’apprécie et reconnais, et où j’espère qu’il n’y aura pas de revers – en particulier en matière de politique étrangère et de sécurité. L’Union africaine est devenue beaucoup plus efficace dans le maintien de la paix qu’elle ne l’était il y a dix ou vingt ans.

    Angela Merkel avec Paul Kagame et Cyril Ramaphose en octobre 2018 à Berlin.

    DW : Ces dernières années, on a beaucoup parlé “de l’Afrique, continent des opportunités”. L’Allemagne a accueilli l’Année africaine du G20, et il existe diverses initiatives africaines telles que les Compacts with Africa (CwA). La perception européenne de l’Afrique est néanmoins dominée par la fraude électorale au Congo, la guerre civile au Sud-Soudan et les migrations. Quand verra-t-on enfin en Europe le vrai visage de l’Afrique ?

    Steinmeier : Ça, ça ne se commande pas. On ne peut qu’essayer de faire en sorte que la vision européenne sur l’Afrique soit plus éclairée. Il s’agit notamment de clarifier le concept d’”Afrique”. Il n’y a pas une seule Afrique. L’Afrique est plurielle. L’Europe doit réellement être plus présente, elle doit chercher des coopérations où ses homologues se sentent compris et considérés. Dans certains domaines, nous sommes en mesure de le faire. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tous. Et j’espère que de nombreux pays africains vont voir leur volonté et leur ambition de se rapprocher des états européens croître. Cette relation d’égal à égal doit venir des deux côtés. Mais c’est surtout aux Européens de faire des efforts dans ce domaine.

    Ludger Schadomsky, rédacteur en chef de la rédaction amharique de la DW et Mohammed Negash, journaliste au sein de cette même rédaction, ont réalisé l’interview.

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  • Des inquiétudes pour le bon déroulement des élections de février au Nigéria

    Des inquiétudes pour le bon déroulement des élections de février au Nigéria

    Le 16 février prochain, près de 84 millions de Nigérians seront appelées aux urnes pour la présidentielle et les législatives. Ces deux scrutins seront suivis, deux semaines plus tard, par l’élection des gouverneurs et des parlements régionaux. Mais, à moins d’un moins de ces votes, les problèmes se multiplient dans le pays. Même le gouvernement met en garde contre l’exacerbation des conflits aux quatre coins du territoire. En revanche, la commission électorale se dit prête.

    Nombre d’inscrits record

    Il est vrai qu’organiser des élections est un défi à relever au Nigeria. Jamais autant d’électeurs n’ont été inscrits pour des élections dans ce pays. Près de 120.000 bureaux de vote ont été créés dans 774 districts. Les consultations électorales demandent donc des moyens logistiques très importants. Les matériels électoraux sont à déployer dans les bureaux de vote avec le personnel nécessaire et beaucoup reste encore à faire. 

    Du côté de la Commission électorale nationale indépendante (INEC), Aliyu Belo se veut rassurant.  “Je peux dire avec certitude que tout a été fait pour la tenue des élections de 2019″, assure le porte-parole adjoint de l’institution. “La commission électorale est prête et a déjà rencontré les parties prenantes pour préparer le registre électoral. Jusqu’à présent, les préparatifs vont bon train.” 

    Affiches électorales à Adamawa en ce mois de janvier.

    Déploiement du matériel électoral à temps ?

    En revanche, du coté du bureau national de l’Open Society, organisme pour promouvoir la gouvernance démocratique, on nourrit de sérieux doutes sur la capacité de l’INEC à organiser les élections crédibles. “Il y a de quoi s’inquiéter”, dit Jude Udo Ilo, qui dirige le bureauLe Nigeria compte 37 Etats aujourd’hui. 

    Le pays est divisé en 37 états. Mais “un mois avant les élections, aucun recrutement d’agents électoraux supplémentaires, ni aucune formation de personnel n’a été achevée”, s’inquiète Aliyu Belo. “Nous savons que les élections sont très techniques. En ce qui concerne les documents sensibles, l’INEC a confirmé que les documents sont imprimés dans différentes parties du monde et seront livrés à temps. Néanmoins, le matériel doit être déployé et sa qualité doit également être vérifiée. Mais jusqu’à présent, on ne sait pas comment l’INEC va procéder”, dit-il encore. 

    La menace Boko Haram

    Pour d’autres, la principale inquiétude vient de la menace que constitue la secte islamiste Boko Haram. C’est le cas, par exemple, de la sexagénaire Mathew Musa, qui a fui le district de Madagali à Yola dans l’Etat d’Adamawa à cause des violences. Il a déjà rencontré des difficultés ces dernières semaines pour obtenir sa carte d’électeur. “Je voterai pendant les élections si le gouvernement le souhaite et assure la sécurité… Mais si cela ne fonctionne pas, ici, nous ne voterons pas”, explique-t-il.

    Rien que de le nord-ouest du pays, plus de 1,8 million de personnes seraient déplacées.

    Comme lui, de nombreuses personnes déplacées sont ainsi exclues des consultations électorales à cause des violences. C’est ce que déplore Udo Ilo d’Open Society. “Nous craignons que des citoyens nigérians ne puissent pas voter, notre système ne nous permet pas de voter où que nous soyons, et nous espérons que tous les responsables après les élections s’en occuperont et élaboreront un système qui nous permettra d’accomplir nos devoirs civiques.”

    Dans le seul nord-ouest du pays, le Bureau de la coordination des interventions d’urgence des Nations unies, l’OCHA, compte 1,8 million de personnes déplacées. Dans d’autres Etats, des dizaines de milliers de personnes ont quitté leurs villages en raison de conflits fonciers, de Boko Haram ou encore de violence interethniques.

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  • La presse allemande sceptique après l’élection de Tshisekedi

    La presse allemande sceptique après l’élection de Tshisekedi

    Cette semaine, comme dans de nombreux pays, il a beaucoup été question de République démocratique du Congo dans les journaux allemands, après la validation des résultats de la Céni par la Cour constitutionelle. Avec des critiques d’abord. “La fraude électorale approuvée“, titre la Süddeutsche Zeitung dès lundi. Une prise de position très claire. Car la Süddeutsche voit une raison à cette validation : “Le régime de Kabila vivra mieux avec Tshisekedi vainqueur plutôt qu’avec Fayulu“, écrit-t-il, rappelant au passage que le camp Kabila a obtenu 70% des sièges du parlement.

    Comme la Süddeutsche, beaucoup de journaux n’ont donc pas caché leur scepticisme après cette élection. “Félix Tshisekedi est à l’opposé de l’esprit de résistance de son père“, écrit même la Tageszeitung, très sévère. Parlant de la conviction des observateurs de la manipulation des résultats, la Tageszeitung écrit que le nouveau président “prend ses fonctions avec un handicap grave, qui pourrait ruiner le nom de son illustre père“.

    Des espoirs pour l’avenir

    Mais après la prestation de serment, en fin de semaine, ce vendredi, la presse allemande se veut parfois plus positive. “Même dans la controverse, le changement de pouvoir est un succès pour le Congo, car il est pacifique“, écrit le Spiegel Online. Fin du débat pour beaucoup, on parle désormais des défis à venir. Die Zeit relève par exemple celui de la lutte contre la corruption, contre la pauvreté. “Le pays possède de nombreuses ressources naturelles“, rappelle le journal, comme pour aller de l’avant. 

    “Le même vieux bateau que sous Mugabe”

    Manifestation au Zimbabwe en ce mois de janvier.

    Aller de l’avant, c’est aussi le défi du Zimbabwe. Le pays est pris dans la contestation sociale. “Il y a eu une douzaine de morts lors des dernières grèves“, relève la Neue Zürcher Zeitung. Le journal rappelle le niveau d’inflation dans le pays où “l’essence est la plus chère du monde” : “40% en décembre, on pourrait même atteindre 60% en janvier“. En cause notamment, selon le journal, l’introduction des bond-notes pour faire face à la pénurie de dollars. “Ca n’a rien réglé et on manque de devises étrangères pour importer par exemple des médicaments dont on a un besoin urgent“, écrit le journal.

    La suite est une dissertation économique par toujours très simple. On cite notamment un économiste qui ne voit qu’une seule solution pour sortir de la crise : “privatiser l’agriculture, créer des chaines de valeur, soit rendre les entreprises plus performantes et assurer une sécurité pour les investisseurs“. Mais la crise politique, les querelles entre opposition et pouvoir s’ajoutent à cette crise économique. “Les scénarios actuels vont du statu quo à l’effondrement de l’Etat, c’est toujours le même vieux bateau qu’à l’époque de Mugabe“, conclu la Neue Zürcher Zeitung.

    Rumeurs de coup d’Etat au Soudan

    Et puis “des ingénieurs contre le président soudanais“. C’est le titre d’un article de la Tageszeitung vendredi. Le journal revient sur la contestation sociale qui s’est transformée en une contestation générale du pouvoir en place en quelques semaines. “Pas de fin de la contestation en vue après cinq semaines de mobilisation“, écrit le journal parlant donc des ingénieurs dans la rue jeudi.

    “Au pouvoir depuis 30 ans, le président soudanais accuse les militants du Darfour d’organiser la contestation”, raconte encore le quotidien. “Sauf que même dans l’armée, qui l’a aidé à prendre le pouvoir en 1989, sa popularité diminue. Les rumeurs d’un coup d’Etat ne cessent d’augmenter sur place“.

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  • Burkina Faso : Chérif Sy, un critique de l’armée qui devient chef de l’armée

    Burkina Faso : Chérif Sy, un critique de l’armée qui devient chef de l’armée

    Son nom figure en première place du décret portant nomination du nouveau gouvernement. Moumina Chérif Sy, un temps pressenti à la primature, est un homme de confiance du président Roch Marc Christian Kaboré.

    Mais c’est un critique de l’armée qui devient chef de l’armée. Sa nomination intervient, qui plus est, dans un contexte où l’armée burkinabè n’est pas très populaire à cause des nombreux revers subis dans le Nord face aux djihadistes, depuis plusieurs années. Même s’il est le fils d’un général, jamais on ne l’a vu agir sur le front de la défense territoriale.

    L’ancien président du CNT

    Ce qui a surtout fait parler de Chérif Sy, c’est son passage à la présidence du Conseil national de la transition post-Compaoré. Le député Alexandre Sankara siégeait au sein de cet organe que présidait Chérif Sy. Il le présente comme “un homme d’action et d’engagement.”

    Alexandre Sankara en veut pour preuve, la réaction spectaculaire de Chérif Sy alors que le pays allait basculer sous la poigne de l’ex-Régiment de Sécurité Présidentielle. “Quand il était président du Conseil national de la transition, il y a eu le putsch du général Diendéré intervenu les 15 et 16 septembre. Chérif Sy a lancé l’appel à la résistance sur les ondes d’une radio clandestine qu’il avait créée“, se souvient le député. “Toute la hiérarchie militaire actuellement dans le pays, il la connaît. Ce sont ses amis, ses promotionnaires que son père a encadrés. De par ses fonctions aussi, il a un large réseau d’informations et de renseignements”, assure Alexandre Sankara.

     

    Des doutes malgré tout

    Les nombreux revers infligés a l’armée dans le nord du pays par les djihadistes ont entraîné le limogeage du chef d’état major des armées burkinabè. La société civile et l’opposition ont aussi exigé que les ministres de la Défense et de la Sécurité soient remplacés. C’est désormais chose faite.

    Pourtant, le chef du CDP, l’ex-parti au pouvoir, n’est pas satisfait de la nomination de Chérif Sy. 

    C’est sous son mandat que le Conseil national de la transition avait voté uneloi excluant des membres de ce parti des fonctions électives, leur reprochant d’avoir coopéré avec l’ex-président Blaise Compaoré dans son plan de changer la constitution pour se maintenir au pouvoir.

    Eddie Comboigo le président du CDP est ferme : “il a été président de l’Assemblée et il nous a laissé un triste passage en faisant voter une loi scélérate d’exclusion”, affirme-t-il dans une interview accordée à la DW. Il suggère alors, “que les Burkinabè comprennent que nous avons besoin l’un de l’autre. Et qu’il ne faut pas s’exclure. Car ça laisse des séquelles. J’ose espérer qu’au niveau du ministère de la Défense, le ministre Sy ne travaillera pas pour diviser les forces de défense et de sécurité”, conclut-il.

    Chérif Sy partagera les préoccupations sécuritaires du Burkina Faso avec un autre sankariste comme lui, Ouséni Compaoré, nommé ministre de la Sécurité. Journaliste de formation, Chérif Sy est le fondateur de “Bendre”, un des journaux d’investigations du pays.

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  • Beni a assisté sans avoir voté à l’investiture de Tshisekedi

    Beni a assisté sans avoir voté à l’investiture de Tshisekedi

    Le discours du président investi Félix Tshisekedi a été suivi par de nombreux habitants de Beni. Cérémonie retransmise sur un écran géant dans certains bars de la ville.

    A peine la cérémonie clôturée, certains habitants, qui se sentent déconsidérés par le fait qu’ils ont été privés de leur droit de voter à la présidentielle ainsi qu’aux législatives, ont exprimé leur frustration.

    “Nous voulons la paix. Il faut qu’il fasse tout pour que nous ayons la paix à Beni”, a lancé Francine venue suivre l’évènement. 

    Les priorités de Tshisekedi 

    Charles Kasereka Kalwahi est membre de la coalition Lamuka qui soutenait Martin Fayulu, le candidat malheureux mais préféré par de nombreux électeurs de la région. 

    Bien que déçu, il attend de “voir le nouveau président à l’œuvre, notamment sur la question sécuritaire et la lutte contre la nébuleuse ADF. La question sanitaire est aussi urgente avec l’épidémie d’Ebola qui n’est toujours pas sous contrôle”.

    Le principal défi qui attend le président Félix Tshilombo Tshisekedi dans la ville et le territoire de Beni reste en effet, le groupe rebelle Ougandais de l’ADF, accusé d’avoir tué des milliers de civiles dans cette région.

    Interrogé à ce sujet, Paluku Maneno, un des responsables de l’UDPS, le parti du président Tshisekedi, se veut rassurant. Pour lui, “Félix Tshisekedi va d’abord éradiquer l’insécurité avant de s’attaquer aux problèmes sociaux”.

    L’investiture de Félix Tshisekedi ne s’est donc pas traduite par des manifestations de joie dans les rues de Beni, une ville qui n’a pas pu voter lors de la présidentielle et qui, si elle l’avait fait, aurait sans doute voté pour Martin Fayulu selon des observateurs.

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  • Pourquoi la transition en RDC n’est pas démocratique

    Pourquoi la transition en RDC n’est pas démocratique

    Depuis le 30 juin 1960, date de l’accession du pays à l’indépendance, la transmission du pouvoir en République démocratique du Congo s’est toujours faite dans la violence.

    Rappel historique

    Le 24 novembre 1965, le premier président Kasa-Vubu est renversé par Joseph-Désiré Mobutu, lors d’un coup d’Etat militaire. Celui-ci subit le même sort le 17 mai 1997, renversé par une rébellion armée, (Alliance des forces démocratiques de libération) dirigée par Laurent-Désiré Kabila et soutenue par le Rwanda notamment.

    Laurent-Désiré Kabila se proclame chef d’État, avant d’être à son tour assassiné le 16 janvier 2001, par un  “kadogo” du nom de Rachidi, un simple soldat membre de sa garde rapprochée.

    Dix jours plus tard, le 26 janvier 2001, Joseph Kabila succède à son père assassiné. En 2006, il est élu président à l’issue des premières élections libres du pays.

    Alternance démocratique mais…

    Si la passation de pouvoir s’est faite cette fois sans effusion de sang, le politologue, Jean-Claude Félix Tchicaya,  chercheur à l’Institut Prospective et Sécurité de L’Europe (IPSE)  n’oublie pas tous les citoyens congolais qui sont morts alors qu’ils manifestaient pour exiger le respect de la Constitution par Joseph Kabila.

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    Jean-Claude Félix Tchicaya, chercheur à l’Institut Prospective et Sécurité de L’Europe (IPSE) : “n’oublions pas les citoyens congolais qui sont morts pour la démocratie.”

    On peut citer par exemple l’assassinat, le 25 février 2018, du jeune Rossy Mukendi Tshimanga dans la paroisse Saint-Benoît de Kinshasa.

    Élections sur fonds propres

    Dans son discours d’investiture, le nouveau président s’est réjoui de la bonne tenue des élections générales du 30 décembre. “Pour la première fois, notre pays a organisé sur fonds propres, sans la moindre contribution financière extérieure, une triple consultation électorale. Néanmoins, notre dispositif électoral mérite des ajustements appropriés. Nous saluons la contribution de différentes confessions religieuses de notre pays dans la consolidation du processus électoral, avec une mention particulière à l’Église catholique dont l’accord de la Saint-Sylvestre a été déterminant”, a déclaré Félix Tshisekedi.

    Des irrégularités

    Le processus électoral a été entaché d’irrégularités selon plusieurs observateurs. La Conférence épiscopale nationale (Cenco) a  estimé que les résultats du scrutin présidentiel ne correspondaient pas à la vérité des urnes. C’est pourquoi, elle a transmis un rapport détaillé de sa mission d’observation à la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Selon les estimations de l’Église catholique  Congolaise et celles du Groupe des experts sur le Congo (GEC) de l’université de New York, à partir de documents qui auraient fuité de la Céni, c’est Martin Fayulu qui a remporté l’élection présidentielle avec  60% des voix.

    Mais la Cour constitutionnelle a confirmé la victoire du leader de l’UDPS, l’Union pour la démocratie et le progrès social.

    “Le processus lui-même a été entaché d’irrégularités. En plus, il y a encore un doute qui persiste sur la vérité des urnes. On ne peut pas dire exactement si la volonté de changement exprimé par le peuple congolais a été respectée dans la proclamation des résultats”, déplore Alain-Joseph Lomandja, expert électoral congolais et ancien chargé des programmes de la Commission épiscopale justice et paix.

    La légitimité en question

    “Dans ces conditions, Félix Tshisekedi souffre d’un manque de légitimité”, redoute  Alain-Joseph Lomandja qui dit espérer que “s’il travaille pour le bien de la population, peut-être que cette question” sera vite oublée. “Mais s’il ne répond pas aux attentes des Congolais, alors ceux-ci sauront sans doute lui rappeler qu’il est mal élu”, conclut l’expert.

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  • Robert Sagna, l’artisan de la paix en Casamance

    Robert Sagna, l’artisan de la paix en Casamance

    La précampagne électorale bat son plein au Sénégal pour la présidentielle du 24 février. Et la paix en Casamance est au cœur des discussions.

    Dans cette région dans le sud du pays, des forums pour la paix sont organisés par Robert Sagna, l’ancien maire de Ziguinchor.

    Il compte organiser un dialogue entre des notables locaux et les combattants du  Mouvement des forces démocratiques de Casamance, le Mfdc.

    Le but est de convaincre ces derniers d’accepter de déposer les armes. Pour Robert Sagna, il est trop tôt pour faire le bilan de ces rencontres mais il est convaincu que la paix et la réconciliation en Casamance doit se bâtir au niveau local.

     

    Cliquez sur l’image pour écouter l’interview

     

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