-Roi du soukouss, le Congolais Aurlus Mabélé est décédé jeudi 19 mars à Paris. Sa fille, Liza Monet, a annoncé la nouvelle sur les réseaux sociaux. L’enfant de Brazzaville a été emporté par le coronavirus.
L’enfant de Brazzaville, au Congo, né dans le quartier de Poto-Poto, a été emporté jeudi 19 mars 2020 par le coronavirus, à Paris.
Depuis plusieurs années, sa santé était déjà très fragile. Il avait notamment été victime d’un accident vasculaire cérébral. Aurlus Mabélé avait 67 ans. C’était une légende, un monstre sacré, une icône, le roi de la danse et des « sappeurs ».
Aurlus Mabélé a vendu plus de 10 millions de disques dans sa carrière. Il était accompagné par le célèbre Diblo Dibala.
De son vrai nom Aurélien Miatsonama, Aurlus Mabélé avait fondé le groupe Loketo dans les années 1980. À l’époque, il s’était souvent produit en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane et à La Réunion grâce à Michel Nicole, qui organisait les tournées.
« Son travail était apprécié aux quatre coins du monde et évidemment sur le continent africain », a raconté jeudi soir sur Instagram Claudy Siar, animateur de Couleurs tropicales, sur RFI. « C’était un grand frère pour nous. Et en cette période de confinent, nous ne pourrons pas lui rendre un dernier hommage », ajoute Claudy Siar.
Ses titres Loketo, Femme ivoirienne, Vacances aux Antilles, resteront dans les mémoires.
-Si 87 % des hommes ont accès à un téléphone portable en Afrique subsaharienne, les femmes ne sont que 74 % à en utiliser. Et les inégalités sont encore plus importantes dans l’usage des smartphones, prévient GSMA.
Détenir un téléphone n’a jamais été aussi facile – en 2018, 5,1 milliards d’être humains s’en sont servis pour téléphoner, s’informer, regarder des vidéos en streaming ou transférer de l’argent. Mais selon une étude publiée en mars par GSMA, qui représente les intérêts des opérateurs de téléphonie dans le monde, le mobile devient de plus en plus un marqueur d’inégalités entre les deux sexes.
Près de 74 % des femmes ont accès au téléphone portable en Afrique subsaharienne, expliquent les auteurs du rapport, selon lesquels le Kenya, l’Afrique du Sud et le Nigeria font figure de bons élèves, avec des taux d’accès des femmes au mobile de 86 % pour le Kenya et de 83 % pour les deux autres. Mais même au Nigeria et en Afrique du Sud, un écart de 7 points demeure entre les hommes et les femmes.
En Ouganda et au Mozambique, le fossé est abyssal : quand 84 % des hommes possèdent un téléphone portable en Ouganda, seulement 69 % des femmes en ont.
Le prix du smartphone, un frein pour les consommatrices
Si l’internet mobile se développe sur la plupart des marchés, 74 millions d’Africaines n’y ont toujours pas accès, une différence de 37 points avec les hommes. Or, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), le smartphone est le principal vecteur de connexion, et l’outil de référence pour une large gamme de services, de l’information au paiement mobile.
Certaines utilisatrices se contentent d’exploitations sommaires, en ne profitant pas de tout l’éventail que propose internet et ses services mobiles, relève GSMA.
En Afrique, cette faible pénétration du smartphone s’explique par les coûts élevés tant de l’outil que des crédits internet, et par la difficulté de ces femmes à se familiariser avec la culture numérique. Les smartphones, dont les prix varient entre 100 et 200 euros pour les entrées de gammes, demeurent chers pour certains consommateurs, et a fortiori pour les consommatrices, pas toujours indépendantes financièrement. Au Sénégal par exemple, seules 26 % des femmes elles acquièrent un smartphone par leurs propres moyens, contre 68 % chez les hommes.
Des engagements pour réduire les inégalités
Des difficultés dont les opérateurs se disent conscients. En avril 2019, l’opérateur kényan Safaricom a lancé Neon Ray et Neon Nov, des appareils vendus une trentaine d’euros, pour permettre à ses clients de passer au smartphone.
à lire Rwanda : les Mara Phones d’Ashish Thakkar sont-ils vraiment africains ?
À la suite du rapport de GSMA, le groupe sud-africain MTN a réagi par la voix de son directeur général, Rob Shuter. « Si les écarts entre les hommes et les femmes dans l’accès au téléphone mobile ne sont pas résolus, les femmes risques d’être laissées pour compte alors que les sociétés et les économies se numérisent », a-t-il déclaré dans un communiqué le 6 mars, affirmant l’engagement de son groupe « à l’égard des principes d’autonomisation des femmes qui ont la capacité de transformer des vies à travers le continent ».
-Charles Blé Goudé, l’ex-chef des Jeunes patriotes a été acquitté de crimes contre l’humanité en janvier 2019, tout comme Laurent Gbagbo, mais la procureure Fatou Bensouda a fait appel de cette décision en octobre. Cette procédure écrite précède de futures audiences d’appel, dont la date n’a pas encore été fixée. Dans leur réponse, les avocats de Charles Blé Goudé demandent aux juges de rejeter l’appel de la procureure et de confirmer l’acquittement de leur client.
Avec notre correspondante à La Haye,Stéphanie Maupas
Les avocats de Charles Blé Goudé, l’ex-leader des Jeunes patriotes de Côte d’Ivoire s’opposent sans surprise à la procureure. Elle demande aux juges d’annuler l’acquittement et de prononcer à la place un non-lieu. Les avocats avancent que personne n’a interféré dans l’enquête et que le gouvernement ivoirien a largement coopéré avec la Cour. L’accusation a eu trois ans pour présenter ses témoins, et pour les avocats, l’affaire est désormais bouclée.
Non-lieu ou acquittement ?
Pour les avocats de Charles Blé Goudé, la procureure reste floue sur ses intentions. Dans son mémoire, Fatou Bensouda demande aux juges de prononcer le non-lieu, mais sans qu’ils n’en tirent les conséquences. Elle veut décider elle-même des suites qu’elle donnera à l’affaire. Plus récemment, et pour convaincre les juges de ne pas lever les restrictions imposées à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé suite à leur acquittement, elle avançait qu’elle pourrait « éventuellement » demander un nouveau procès. Reprendre tout simplement l’affaire à zéro.
Les avocats de Blé Goudé y voient une tactique pour éviter que la chambre d’appel ne confirme l’acquittement. Le non-lieu laisserait ouverte la possibilité d’un nouveau procès contre Charles Blé Goudé, devant la CPI ou la justice ivoirienne.
-Alassane Ouattara a annoncé, ce jeudi 5 mars, qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat à l’occasion de l’élection d’octobre 2020. Le président ivoirien s’est exprimé devant les parlementaires réunis en Congrès.
« Durant les deux mandats que vous m’avez confiés à la tête de notre beau pays, j’ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements. Dans le même esprit, j’avais à plusieurs occasions indiqué, au moment de l’adoption de la Constitution de la IIIe République en 2016, que je ne souhaitais pas me représenter à un nouveau mandat présidentiel. En conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle », a donc déclaré le chef d’État ivoirien.
Une annonce surprise qui met fin à des mois de spéculations. Elle est intervenue au terme d’un discours d’une quarantaine de minutes au cours duquel Alassane Dramane Ouattara a détaillé son bilan de neuf années au pouvoir entre 2011 et 2020, ses résultats économiques, ses résultats sociaux en matière d’éducation et de santé aussi. Un bilan dont Alassane Ouattara s’est dit fier : « La Côte d’Ivoire rayonne », a-t-il répété.
Puis le président a expliqué la raison de sa présence ici, à savoir la révision constitutionnelle ou plutôt les aménagements : « Il est vrai que cela suscite souvent méfiance et suspicion, car c’est souvent un prétexte pour se maintenir au pouvoir. Je voudrais vous rassurer, ce projet de révision constitutionnelle ne s’inscrit nullement dans cette optique ».
« Le pouvoir à une jeune génération »
Quelques minutes plus tard, le président de la République fait donc son annonce sous les acclamations du grand amphithéâtre de la fondation Houphouët-Boigny : « J’ai décidé de transférer le pouvoir à une jeune génération. Je veux transférer le pouvoir d’un président démocratiquement élu à un autre pour la première fois de notre histoire ».
À la sortie de la salle, quelques députés ont échangé. « Tu savais toi ? », demande l’un d’entre eux à un collègue. « Moi, je savais », répondit l’autre en se vantant quelque peu. Des députés et des sénateurs qui, en tout cas, n’hésitent pas à commenter et à qualifier ce discours d’« historique ».
Alassane Ouattara est à la tête du pays depuis le 6 mai 2011. Il avait succédé à Laurent Gbagbo après avoir remporté l’élection du 28 novembre 2010. Un scrutin qui avait donné lieu à des contestations et à une grave crise post-électorale. Alassane Ouattara avait ensuite été réélu au premier tour de la présidentielle de 2015 avec 83,7% des voix.
-Obtenir ou renouveler sa carte d’identité est devenu une course d’obstacles et compromet la présidentielle d’octobre.
Nombre insuffisant de centres d’enrôlement, longues files d’attentes et lenteur de la procédure : les obstacles à franchir pour obtenir ou renouveler sa carte d’identité en Côte d’Ivoire sont nombreux. La situation est d’autant plus grave qu’il faut posséder une carte d’identité pour obtenir une carte d’électeur en Côte d’Ivoire. Or, l’élection présidentielle aura lieu en octobre 2020.
Il est 8h45 lorsque nous arrivons dans un centre d’enregistrement situé dans la vaste commune de Cocody. C’est d’ailleurs le seul du quartier. Sous une bâche dressée pour la circonstance, plusieurs dizaines de personnes attendent.
Parmi eux, Seydou Cissoko est arrivé peu avant le lever du soleil mais il n’aura pas la chance de se faire enregistrer aujourd’hui. Il va devoir repasser.
“On est là depuis quatre heures du matin. Il faut se réveiller plus tôt pour être sur la liste. Aujourd’hui, ils ont pris 40 personnes. Malgré que je sois venu à quatre heures. C’est vraiment difficile.” Files d’attente
La longue attente n’est pas la seule difficulté de cette opération. L’achat du timbre en ligne qui représente un autre défi, même quand on vit en ville.
Fatoumata Touré, 68 ans, sans aucune notion en informatique, a été obligé de se rendre dans un cybercafé pour lancer son processus d’enrôlement. Et cela engendre des coûts supplémentaires :
“Je suis allée dans un cybercafé. Comme je ne sais pas comment ça fonctionne, je suis allée me renseigner. On m’a demandée d’aller faire un dépôt sur mon compte électronique. Je suis retournée là-bas et puis ils ont rempli pour moi. J’ai payé 1. 000 francs CFA. Tout ça, ça fait 6.300 francs CFA.”
Sous la bâche, la tension monte d’un cran chez ceux qui sont arrivés tôt et qui ne pourront pas se faire enregistrer. Adèle Boh ne cache pas sa colère :
“Pour tout Cocody il n’y a qu’un seul centre. Qu’ils ouvrent d’autres centres d’enrôlement ! On ne peut pas venir et entendre dire que c’est bouclé. Ce n’est pas normal.”
Présidentielle en ligne de mire
La nouvelle carte d’identité devra permettre aux Ivoiriens de s’inscrire sur la liste électorale en vue de la présidentielle d’octobre prochain.
Mais pour l’analyste politique André Silver Konan, beaucoup d’Ivoiriens en âge de voter risquent de ne pas en avoir avant cette échéance. Surtout les populations des zones rurales :
“Il y a 118 centres d’enrôlement. Ce qui se passe, c’est qu’il y a un seul centre d’enrôlement par département. Pour tous ceux qui n’arrivent pas à s’inscrire d’abord sur internet, quelle est la solution pour eux ? Jusque-là le gouvernement est muet. Pour tous les Ivoiriens qui vivent à la campagne, c’est un parcours du combattant pour avoir un sésame pour lequel le citoyen ivoirien a un droit absolu. On en fait donc un instrument de pénibilité pour les Ivoiriens.” Lenteur des machines
A toutes ces difficultés, il faut ajouter la lenteur des machines destinées à cette opération. Un agent en charge de l’enrôlement dans la commune d’Attécoubé qui a requis l’anonymat explique qu’elles ne peuvent pas enregistrer plus de 30 personnes par jour :
“Il y a une lenteur au niveau des appareils qui est surtout liée à la connexion. Et à chaque fois, les machines plantent. On fait le maximum en enrôlant 100 à 110 personnes par jour. Mais on ne peut pas aller au-delà de ça. Souvent même, on fait moins. Ça dépend des humeurs de la machine.”
Pour remédier au problème d’insuffisance de matériel, le ministère de l’Administration du territoire a annoncé pour les prochains jours le déploiement de 4.000 kits additionnels. Mais pour l’heure, les Ivoiriens boudent quelque peu l’opération.
Pendant ce temps, l’opposition continue à demander la gratuité de cette carte d’identité et la prorogation de l’ancienne qui est arrivée à expiration fin juin 2019.
-Son fils Jose Filomeno pointe depuis deux mois dans le box des accusés d’un tribunal pour avoir vidé 500 millions de dollars des caisses de l’Angola. Et sa milliardaire de fille Isabel vient d’être inculpée pour en avoir détourné au moins le double.
Mais, loin de ce fracas politico-judiciaire, l’ex-président Jose Eduardo dos Santos, 77 ans, coule une retraite paisible en Espagne.
S’il est accusé d’avoir largement livré les ressources nationales à la cupidité d’une poignée de proches, le maître absolu du pays pendant trente-huit ans a échappé à l’opération “mains propres” menée par son successeur Joao Lourenço.
Au moins provisoirement.
“S’attaquer à dos Santos lui-même serait politiquement très risqué”, explique l’analyste Paula Cristina Roque, de l’université britannique d’Oxford. “Ses enfants ne disposent que de peu de soutien au sein du MPLA (le parti au pouvoir)”, note-t-elle, “mais c’est une toute autre histoire avec lui”.
A son arrivée au pouvoir en 2017, la volonté manifestée par Joao Lourenço d’éradiquer la corruption qui gangrène le deuxième producteur de pétrole du continent africain n’a guère suscité que des haussements d’épaules.
Le MPLA au pouvoir, l’opposition et la population n’ont alors vu dans les propos de l’ex-ministre de la Défense que des promesses de campagne sans importance.
Alors c’est peu de dire que le limogeage systématique des patrons d’entreprises publiques, hauts fonctionnaires ou militaires proches de l’ancien régime a déstabilisé l’establishment angolais.
Symboles du système népotique reproché au père dos Santos, ses enfants n’ont pas été épargnés.
– “Persécution” –
Un temps patron du puissant fonds souverain du pays, Jose Filomeno a été arrêté et emprisonné six mois. Il risque désormais plusieurs années de prison.
Première femme milliardaire d’Afrique, sa demi-soeur Isabel a été débarquée de la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, ses avoirs angolais ont été gelés et elle vient d’être inculpée d’une flopée de crimes financiers.
L’Angola veut remettre la main sur Isabel dos Santos, accusée d’avoir pillé son pays
Le mois dernier, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a enfoncé le clou en accusant Mme dos Santos, preuve de ses montages financiers à l’appui, d’avoir “siphonné les caisses” du pays.
De son exil forcé de Londres et Dubaï, celle que les Angolais ont baptisée la “Princesse” nie et crie à la “persécution” politique.
Avec elle, les critiques de Joao Lourenço ont relevé que certains proches de l’actuel chef de l’Etat, à commencer par l’ancien vice-président Manuel Vicente, avaient été opportunément oubliés par les juges.
Le porte-parole du procureur général, Alvaro Joao, dément toutefois tout traitement de faveur.
“Le parquet s’intéresse à ces deux enfants (…) car il a mis au jour leur mauvaise gestion des deniers publics”, justifie M. Joao, en rappelant que bien d’autres potentats ont eux aussi subi les foudres de la justice angolaise.
Sélectif ou pas, le grand nettoyage opéré par Joao Lourenço bénéficie en tout cas d’un large soutien dans le pays.
– Son heure viendra –
“La corruption est un mal qui corrompt la société angolaise depuis la mise en place du régime (du MPLA en 1975)”, rappelle l’avocat Salvador dos Santos, à la tête d’une ONG. “Au plus haut niveau (de l’Etat), personne ne vit de son salaire ou de revenus légaux, tout n’est que triche et fraude”.
Dans ce pays resté un des plus pauvres de la planète malgré sa manne pétrolière, la rue non plus ne cache pas sa satisfaction de voir tomber la famille dos Santos.
“Je n’ai pas de mots pour qualifier Isabel”, lâche le mécanicien Tayson Madrugada, 20 ans, dans son garage de la capitale. “Elle s’est servie de notre pays et a fait des affaires qui n’ont pas créé d’emplois pour les jeunes d’ici”.
Le parquet affirme aujourd’hui ne pas envisager de s’attaquer à Jose Eduardo dos Santos.
“A l’heure actuelle, il n’existe pas de preuve suggérant que l’ex-président ait commis d’infraction”, assure Alvaro Joao. En rappelant que M. dos Santos reste constitutionnellement protégé de toute poursuite criminelle par son statut jusqu’en 2022 – cinq ans après la fin de son mandat.
Inlassable pourfendeur des turpitudes de l’ex-famille régnante, le journaliste Rafael Marques veut croire que, passée cette date, le chef tombera lui aussi dans les mailles du filet.
“Beaucoup de ceux qui ont déjà été inculpés l’ont cité”, détaille-t-il, “des enquêtes sont en cours (…) il va devoir répondre à certaines questions”.
C’est ainsi le cas dans “l’affaire” Jose Filomeno, où l’ancien gouverneur de la Banque centrale Valter Filipe da Silva, lui aussi sur le banc des accusés, a expliqué avoir utilisé les fonds détournés sur ordre de l’ancien chef de l’Etat.
Dos Santos, maître énigmatique et absolu de l’Angola
“Dos Santos n’échappera pas à la justice, son heure viendra”, assure Rafael Marques, “la seule question est de savoir si sa santé ne le trahira pas d’ici à 2022”.
-Hosni Moubarak est mort à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, ce 25 février 2020. C’est son beau-frère, le général Mounir Thabet, qui a fait part de son décès. Retour sur le parcours de celui qui a dirigé l’Égypte d’une main de fer pendant 30 ans, jusqu’à sa chute en 2011.
Jeune homme d’origine modeste, Hosni Moubarak était né le 4 mai 1928 dans le delta du Nil et avait pourtant accompli un parcours sans faute sous l’uniforme. Pour lui, l’armée égyptienne avait servi de promoteur social. Dès sa sortie du lycée, il intègre l’Académie militaire égyptienne, puis en 1950, l’Académie de l’armée de l’air dont il sort major de sa promotion.
Il va ensuite grimper avec une facilité déconcertante tous les échelons de la carrière pour, en 1964, prendre la tête de la délégation de l’armée égyptienne en URSS et s’illustrer lors de la guerre du Kippour en 1973. Une montée en puissance qui lui vaudra au passage de devenir le numéro deux du Parti national démocratique, vice-président de la République, mais surtout d’endosser le statut intangible de héros national.
Le président égyptien Anouar al-Sadate et son vice-président Hosni Moubarak, dans l’hélicoptère présidentiel, le 1er janvier 1977.David Hume Kennerly/Getty
Hosni Moubarak devient le bras droit du président Anouar al-Sadate. En 1981, Sadate est assassiné par des islamistes ; l’état-major choisit alors Moubarak pour lui succéder à la tête du pays. L’État d’urgence est alors décrété et il ne sera levé qu’en 2012. Le nouveau raïs n’aura alors de cesse d’instaurer une mainmise sans faille sur tous les rouages de l’État.
Pour ce faire, au cours de près de trois décennies de pouvoir absolu à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, Hosni Moubarak aura bénéficié du soutien des États-Unis, en espèces sonnantes et trébuchantes, une « récompense » indirecte des accords de Camp David, signés en septembre 1978 aux États-Unis, entre Israël et l’Égypte. Ainsi, depuis 1980, l’« ami américain » aura investi quelque 36 milliards de dollars dans les forces armées égyptiennes, comme le rappelle, en 2008, Margaret Scobey ambassadrice américaine en poste au Caire dans une note adressée au général David Petraeus alors commandant en chef des armées américaines au Moyen-Orient.
Six fois on a tenté de tuer Moubarak
Cette généreuse contribution a permis à l’armée égyptienne non seulement de maintenir un niveau d’équipement correct, mais surtout d’en faire un investisseur de premier plan de l’industrie civile. Moubarak et l’armée ont donc formé, en trois décennies, un tandem parfaitement en phase. Ce pas de deux ne s’est désaccordé qu’à partir de la révolte de 18 jours qui a fait tomber Moubarak en 2011. L’armée a alors manœuvré de façon à ce que le peuple en colère puisse croire qu’elle était de son côté. Or, la suite des événements a montré qu’elle misait plutôt sur la continuité du régime, mais sans Moubarak.
Depuis son accession à la tête du pays, ses adversaires auront tenté six fois d’assassiner le raïs. Entre émeutes ou manifestations durement réprimées, et la multiplication d’attentats revendiqués ou attribués aux groupes islamistes, le régime Moubarak manie plus facilement la trique que l’ouverture politique. Pourtant, en 2003, sous l’influence de son fils Gamal qu’il aurait aimé voir lui succéder, il annonce des mesures de démocratisation politique. Les législatives de 2005 favoriseront ainsi une percée historique des Frères musulmans, formation interdite, mais tolérée, qui compte désormais 88 députés sur 454.
L’ouverture sera de courte durée : les Frères musulmans n’obtiendront aucun siège lors du premier tour des législatives de 2010. Dénonçant des fraudes de la part du pouvoir, ils boycottent le second tour. Le Parti national démocratique rafle 85 % des sièges. Mais c’est le triomphe de trop. La mécanique égyptienne hoquète, le vieux président est malade, des rumeurs sur sa mort font frémir régulièrement le pays et la Bourse s’en inquiète plus que son peuple.
Le 25 janvier 2011 sera décrété « jour de colère » par les opposants du régime. Pendant 18 jours, les manifestations se multiplient dans le pays alors que l’opposition montre sa capacité de mobilisation place Tahrir, au Caire. Chaque jour, les Égyptiens sont plus nombreux à exiger le départ de Hosni Moubarak qui finit par renoncer à ses fonctions et s’enfuit avec sa famille à Charm el-Cheikh. Huit-cent-cinquante personnes ont été tuées et des milliers ont été blessées au cours de la révolte égyptienne.
Un parcours judiciaire mouvementé
À vouloir s’accrocher à tout prix, envers et contre tous, Hosni Moubarak avait tout perdu : son influence politique dans la région, son puissant allié américain, l’appui vital de l’armée, pour finir réfugié dans une station de vacances avant d’être transféré au Caire pour y être jugé et condamné à la prison à vie le 2 juin 2012. Saisie, la Cour de cassation avait annulé la sentence pour d’obscurs motifs de procédures et ordonné un nouveau procès dont il était ressorti blanchi fin novembre 2014.
Quelques mois auparavant, en août 2013, il avait été condamné à trois ans de détention pour détournement de fonds publics, là aussi il a été acquitté. Il avait alors été placé en liberté conditionnelle en attendant d’autres jugements. D’autres faits de corruption jugés antérieurement lui avaient valu un nouveau procès en 2015, procès à l’issue duquel il avait été condamné à trois ans de prison, tout comme ses deux fils, pour avoir détourné 10 millions d’euros de fonds publics. Puis, le 2 mars 2017, il avait définitivement été acquitté pour les accusations de meurtre de 239 manifestants survenus lors des soulèvements de janvier 2011, une clémence d’ailleurs appliquée à la plupart des responsables de l’ancien régime.
L’Égypte toujours confrontée à la crise
Depuis la chute du raïs, l’Égypte n’a pas retrouvé la paix. Une crise succède à l’autre, les Frères musulmans remportent les législatives de 2012 et leur chef Mohamed Morsi, devient en juin le premier président démocratiquement élu du pays. La trêve est de courte durée, en juillet 2013 Morsi est renversé par l’armée, les émeutes reprennent de plus belle. L’Égypte est de nouveau à feu et à sang. Le nouvel homme fort, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, reprend les choses là où Moubarak les avait laissées.
La répression plus forte que jamais frappe les Frères musulmans, les jeunes libéraux, les démocrates… L’ex-président Morsi est condamné à mort en mai et en juin 2015, sentence annulée en novembre 2016, mais il est toujours détenu sous le coup d’une condamnation à la prison à vie. Le tout au nom de la lutte contre le terrorisme. L’armée a repris fermement les rênes, les juges leurs condamnations à mort en série : les héritiers de Moubarak retrouvent leur lustre d’antan.
-Faure Gnassingbé a été reconduit pour un quatrième mandat à la tête du Togo, selon les résultats officiels provisoires proclamés dans la nuit de dimanche à lundi 24 février par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
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« Au vu de tous les résultats centralisés sur la base des procès-verbaux obtenus, le candidat du parti Union pour la République, Unir, M. Gnassingbé Essozimna Faure est proclamé provisoirement élu président de la République togolaise », a annoncé Tchambakou Ayassor, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), après avoir décliné les résultats des 46 commissions électorale locales.
C’est la première fois que la Commission électorale nationale indépendante est aussi réactive en donnant les résultats d’une élection présidentielle en 24h: écoutez le reportage de notre correspondant à la soirée électorale à la Céni
Selon les chiffres de la Céni, Faure Gnassingbé a été réélu dès le premier tour de la présidentielle avec 72,36% des voix, soit près de 14 points de plus que lors de sa dernière élection en 2015. Le taux de participation est de 76,63%, là aussi bien plus élevé qu’en 2015 où il avoisinait les 61%.
Une mobilisation davantage constatée dans le nord du pays, où Faure Gnassingbé fait à première vue un carton quasi plein. Dans la région des Savanes, par exemple, dans la préfecture du Pendjal Ouest : 97% de participation, 93% des voix pour le président sortant et 0,5% pour Agbeyomé Kodjo. Dans la région de la Kara également, le fief de Faure Gnassingbé : 96% de participation, 95% des suffrages pour lui. Dans la préfecture de Mo aussi, on peut noter un score plafond : 99,46% en faveur du président sortant.
Dans l’opposition, l’ancien Premier ministre et opposant Agbéyomé Kodjo obtient 18,37% des suffrages. Le leader de l’ANC, Jean-Pierre Fabre, arrive en troisième position avec 4,35%. C’est la première fois que la Céni proclame aussi vite les résultats d’une élection présidentielle. Ces résultats seront transmis à la Cour constitutionnelle, qui a six jours pour statuer et annoncer les résultats définitifs.
« On constate que Faure Gnassingbé a opéré une grande percée dans des localités autrefois difficiles, et que dans les autres localités, c’est un véritable plébiscite ! », assure le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, soutien du chef de l’État.
Sur son compte Twitter, Faure Gnassingbé a remercié « la jeunesse togolaise mobilisée spontanément pour célébrer cette victoire au nom de la démocratie ».
Mais ces résultats sont déjà contestés. La société civile recense des bourrages d’urnes et des inversions de résultats. Dès samedi soir, Agbéyomé Kodjo avait, lui aussi, dénoncé de « nombreuses fraudes ». Et avant même l’annonce des résultats de la présidentielle par la Céni, l’opposant et ancien Premier ministre avait convoqué la presse à Lomé, affirmant devant les journalistes qu’au regard des chiffres dont lui disposait, il était sans conteste le vainqueur du scrutin. Kodjo appelle Gnassingbé à accepter sa défaite
« Sur l’ensemble du territoire national, les électrices et électeurs ont voté massivement en ma faveur, a affirmé le principal adversaire de Faure Gnassingbé. Au regard des résultats que nous avons compilés à travers les procès-verbaux en notre possession, nous avons gagné cette élection présidentielle du 22 février 2020 au premier tour, avec un score oscillant entre 57% et 61%. À l’instant même, je suis le président de la République démocratiquement élu et je m’engage à former un gouvernement inclusif dès les premiers jours. »
Agbéyomé Kodjo a également tenu à « féliciter Faure Gnassingbé, qui devient le premier ancien président de la République vivant dans l’Histoire » et l’a invité « à un sursaut patriotique afin que le transfert du pouvoir puisse se faire dans les règles de l’art et de manière pacifique ».
Il a ensuite lancé un appel à la communauté internationale « afin qu’elle soutienne le peuple togolais dans sa lutte pour une alternance apaisée et pacifique au Togo », il a invité « les forces de défense et de sécurité à demeurer et à conserver leur neutralité républicaine afin de ne céder à une quelconque instrumentalisation ». Puis, il s’est adressé à Faure Gnassingbé : « Nous interpellons le président sortant à prendre la mesure de la gravité de la situation et à rentrer dans l’Histoire en acceptant sa défaite ».
Dans la nuit de dimanche, pendant que la Céni proclamait les résultats provisoires, la maison d’ Agbéyomé Kodjo a de nouveau été encerclée et le quartier rendu difficile d’accès par les forces de l’ordre. Et ce matin encore, Aegbeyomé Kodjo a revendiqué le statut de président démocratiquement élu. Il appelle ainsi la population et la diaspora à défendre « résolument » la vérité des urnes.
-Les autorités rwandaises ont dénoncé mardi des critiques venues de République démocratique du Congo (RDC), après la mort en prison à Kigali d’un chanteur rwandais dissident, qui a aussi suscité une demande d’enquête « impartiale » d’Amnesty International. Le chanteur Kizito Mihigo, dont la musique a été interdite par le pouvoir, « s’est suicidé » dans sa cellule, a affirmé lundi la police rwandaise.
L’artiste, qui avait survécu au génocide, avait été arrêté trois jours auparavant pour avoir voulu quitter le pays. Ses chansons provoquaient la colère du gouvernement du président Paul Kagame.
En RDC, sa mort a réveillé la colère anti-rwandaise récurrente chez certains Congolais, qui accusent Kigali de vouloir « balkaniser » l’est de leur pays.
Deux députés congolais, Patrick Muyaya et André Claudel Lubaya, ont ainsi violemment remis en cause la thèse du suicide, le second dénonçant « les mains ensanglantées du pouvoir réactionnaire de Kigali ».
« Sincèrement, que ces politiciens marginaux aient la décence de se taire et de s’occuper de leur pays. Le suicide malheureux d’un jeune Rwandais au Rwanda ne les concerne pas », a répondu sur Twitter le ministre rwandais en charge de l’Afrique de l’Est, Olivier Nduhungirehe.
De nombreux internautes congolais ont partagé sur la toile une chanson de Kizito Mihigo, « Mon frère congolais », qui exhorte à la réconciliation Congolais et Rwandais.