Category: Afrique

  • Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara ne sera pas candidat à la présidentielle de 2020

    Côte d’Ivoire: Alassane Ouattara ne sera pas candidat à la présidentielle de 2020

    -Alassane Ouattara a annoncé, ce jeudi 5 mars, qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat à l’occasion de l’élection d’octobre 2020. Le président ivoirien s’est exprimé devant les parlementaires réunis en Congrès.

    « Durant les deux mandats que vous m’avez confiés à la tête de notre beau pays, j’ai toujours accordé une importance toute particulière au respect de mes engagements. Dans le même esprit, j’avais à plusieurs occasions indiqué, au moment de l’adoption de la Constitution de la IIIe République en 2016, que je ne souhaitais pas me représenter à un nouveau mandat présidentiel. En conséquence, je voudrais vous annoncer solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à l’élection présidentielle », a donc déclaré le chef d’État ivoirien.
    Une annonce surprise qui met fin à des mois de spéculations. Elle est intervenue au terme d’un discours d’une quarantaine de minutes au cours duquel Alassane Dramane Ouattara a détaillé son bilan de neuf années au pouvoir entre 2011 et 2020, ses résultats économiques, ses résultats sociaux en matière d’éducation et de santé aussi. Un bilan dont Alassane Ouattara s’est dit fier : « La Côte d’Ivoire rayonne », a-t-il répété.
    Puis le président a expliqué la raison de sa présence ici, à savoir la révision constitutionnelle ou plutôt les aménagements : « Il est vrai que cela suscite souvent méfiance et suspicion, car c’est souvent un prétexte pour se maintenir au pouvoir. Je voudrais vous rassurer, ce projet de révision constitutionnelle ne s’inscrit nullement dans cette optique ».

    « Le pouvoir à une jeune génération »
    Quelques minutes plus tard, le président de la République fait donc son annonce sous les acclamations du grand amphithéâtre de la fondation Houphouët-Boigny : « J’ai décidé de transférer le pouvoir à une jeune génération. Je veux transférer le pouvoir d’un président démocratiquement élu à un autre pour la première fois de notre histoire ».
    À la sortie de la salle, quelques députés ont échangé. « Tu savais toi ? », demande l’un d’entre eux à un collègue. « Moi, je savais », répondit l’autre en se vantant quelque peu. Des députés et des sénateurs qui, en tout cas, n’hésitent pas à commenter et à qualifier ce discours d’« historique ».
    Alassane Ouattara est à la tête du pays depuis le 6 mai 2011. Il avait succédé à Laurent Gbagbo après avoir remporté l’élection du 28 novembre 2010. Un scrutin qui avait donné lieu à des contestations et à une grave crise post-électorale. Alassane Ouattara avait ensuite été réélu au premier tour de la présidentielle de 2015 avec 83,7% des voix.

    Avec RFI/dw

  • Côte d’Ivoire : le cauchemar des cartes d’identité

    Côte d’Ivoire : le cauchemar des cartes d’identité

    -Obtenir ou renouveler sa carte d’identité est devenu une course d’obstacles et compromet la présidentielle d’octobre.

    Nombre insuffisant de centres d’enrôlement, longues files d’attentes et lenteur de la procédure : les obstacles à franchir pour obtenir ou renouveler sa carte d’identité en Côte d’Ivoire sont nombreux. La situation est d’autant plus grave qu’il faut posséder une carte d’identité pour obtenir une carte d’électeur en Côte d’Ivoire. Or, l’élection présidentielle aura lieu en octobre 2020.
    Il est 8h45 lorsque nous arrivons dans un centre d’enregistrement situé dans la vaste commune de Cocody. C’est d’ailleurs le seul du quartier. Sous une bâche dressée pour la circonstance, plusieurs dizaines de personnes attendent.
    Parmi eux, Seydou Cissoko est arrivé peu avant le lever du soleil mais il n’aura pas la chance de se faire enregistrer aujourd’hui. Il va devoir repasser.
    “On est là depuis quatre heures du matin. Il faut se réveiller plus tôt pour être sur la liste. Aujourd’hui, ils ont pris 40 personnes. Malgré que je sois venu à quatre heures. C’est vraiment difficile.”
    Files d’attente
    La longue attente n’est pas la seule difficulté de cette opération. L’achat du timbre en ligne qui représente un autre défi, même quand on vit en ville.
    Fatoumata Touré, 68 ans, sans aucune notion en informatique, a été obligé de se rendre dans un cybercafé pour lancer son processus d’enrôlement. Et cela engendre des coûts supplémentaires :
    “Je suis allée dans un cybercafé. Comme je ne sais pas comment ça fonctionne, je suis allée me renseigner. On m’a demandée d’aller faire un dépôt sur mon compte électronique. Je suis retournée là-bas et puis ils ont rempli pour moi. J’ai payé 1. 000 francs CFA. Tout ça, ça fait 6.300 francs CFA.”
    Sous la bâche, la tension monte d’un cran chez ceux qui sont arrivés tôt et qui ne pourront pas se faire enregistrer. Adèle Boh ne cache pas sa colère :
    “Pour tout Cocody il n’y a qu’un seul centre. Qu’ils ouvrent d’autres centres d’enrôlement ! On ne peut pas venir et entendre dire que c’est bouclé. Ce n’est pas normal.”

    Présidentielle en ligne de mire
    La nouvelle carte d’identité devra permettre aux Ivoiriens de s’inscrire sur la liste électorale en vue de la présidentielle d’octobre prochain.
    Mais pour l’analyste politique André Silver Konan, beaucoup d’Ivoiriens en âge de voter risquent de ne pas en avoir avant cette échéance. Surtout les populations des zones rurales :
    “Il y a 118 centres d’enrôlement. Ce qui se passe, c’est qu’il y a un seul centre d’enrôlement par département. Pour tous ceux qui n’arrivent pas à s’inscrire d’abord sur internet, quelle est la solution pour eux ? Jusque-là le gouvernement est muet. Pour tous les Ivoiriens qui vivent à la campagne, c’est un parcours du combattant pour avoir un sésame pour lequel le citoyen ivoirien a un droit absolu. On en fait donc un instrument de pénibilité pour les Ivoiriens.”
    Lenteur des machines
    A toutes ces difficultés, il faut ajouter la lenteur des machines destinées à cette opération. Un agent en charge de l’enrôlement dans la commune d’Attécoubé qui a requis l’anonymat explique qu’elles ne peuvent pas enregistrer plus de 30 personnes par jour :
    “Il y a une lenteur au niveau des appareils qui est surtout liée à la connexion. Et à chaque fois, les machines plantent. On fait le maximum en enrôlant 100 à 110 personnes par jour. Mais on ne peut pas aller au-delà de ça. Souvent même, on fait moins. Ça dépend des humeurs de la machine.”
    Pour remédier au problème d’insuffisance de matériel, le ministère de l’Administration du territoire a annoncé pour les prochains jours le déploiement de 4.000 kits additionnels. Mais pour l’heure, les Ivoiriens boudent quelque peu l’opération.
    Pendant ce temps, l’opposition continue à demander la gratuité de cette carte d’identité et la prorogation de l’ancienne qui est arrivée à expiration fin juin 2019.

    Avec DW

  • L’ex-président angolais échappera-t-il au grand ménage anticorruption ?

    L’ex-président angolais échappera-t-il au grand ménage anticorruption ?

    -Son fils Jose Filomeno pointe depuis deux mois dans le box des accusés d’un tribunal pour avoir vidé 500 millions de dollars des caisses de l’Angola. Et sa milliardaire de fille Isabel vient d’être inculpée pour en avoir détourné au moins le double.

    Mais, loin de ce fracas politico-judiciaire, l’ex-président Jose Eduardo dos Santos, 77 ans, coule une retraite paisible en Espagne.

    S’il est accusé d’avoir largement livré les ressources nationales à la cupidité d’une poignée de proches, le maître absolu du pays pendant trente-huit ans a échappé à l’opération “mains propres” menée par son successeur Joao Lourenço.

    Au moins provisoirement.

    “S’attaquer à dos Santos lui-même serait politiquement très risqué”, explique l’analyste Paula Cristina Roque, de l’université britannique d’Oxford. “Ses enfants ne disposent que de peu de soutien au sein du MPLA (le parti au pouvoir)”, note-t-elle, “mais c’est une toute autre histoire avec lui”.

    A son arrivée au pouvoir en 2017, la volonté manifestée par Joao Lourenço d’éradiquer la corruption qui gangrène le deuxième producteur de pétrole du continent africain n’a guère suscité que des haussements d’épaules.

    Le MPLA au pouvoir, l’opposition et la population n’ont alors vu dans les propos de l’ex-ministre de la Défense que des promesses de campagne sans importance.

    Alors c’est peu de dire que le limogeage systématique des patrons d’entreprises publiques, hauts fonctionnaires ou militaires proches de l’ancien régime a déstabilisé l’establishment angolais.

    Symboles du système népotique reproché au père dos Santos, ses enfants n’ont pas été épargnés.

    – “Persécution” –

    Un temps patron du puissant fonds souverain du pays, Jose Filomeno a été arrêté et emprisonné six mois. Il risque désormais plusieurs années de prison.

    Première femme milliardaire d’Afrique, sa demi-soeur Isabel a été débarquée de la tête de la compagnie pétrolière nationale Sonangol, ses avoirs angolais ont été gelés et elle vient d’être inculpée d’une flopée de crimes financiers.

    L’Angola veut remettre la main sur Isabel dos Santos, accusée d’avoir pillé son pays

    Le mois dernier, une enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a enfoncé le clou en accusant Mme dos Santos, preuve de ses montages financiers à l’appui, d’avoir “siphonné les caisses” du pays.

    De son exil forcé de Londres et Dubaï, celle que les Angolais ont baptisée la “Princesse” nie et crie à la “persécution” politique.

    Avec elle, les critiques de Joao Lourenço ont relevé que certains proches de l’actuel chef de l’Etat, à commencer par l’ancien vice-président Manuel Vicente, avaient été opportunément oubliés par les juges.

    Le porte-parole du procureur général, Alvaro Joao, dément toutefois tout traitement de faveur.

    “Le parquet s’intéresse à ces deux enfants (…) car il a mis au jour leur mauvaise gestion des deniers publics”, justifie M. Joao, en rappelant que bien d’autres potentats ont eux aussi subi les foudres de la justice angolaise.

    Sélectif ou pas, le grand nettoyage opéré par Joao Lourenço bénéficie en tout cas d’un large soutien dans le pays.

    – Son heure viendra –

    “La corruption est un mal qui corrompt la société angolaise depuis la mise en place du régime (du MPLA en 1975)”, rappelle l’avocat Salvador dos Santos, à la tête d’une ONG. “Au plus haut niveau (de l’Etat), personne ne vit de son salaire ou de revenus légaux, tout n’est que triche et fraude”.

    Dans ce pays resté un des plus pauvres de la planète malgré sa manne pétrolière, la rue non plus ne cache pas sa satisfaction de voir tomber la famille dos Santos.

    “Je n’ai pas de mots pour qualifier Isabel”, lâche le mécanicien Tayson Madrugada, 20 ans, dans son garage de la capitale. “Elle s’est servie de notre pays et a fait des affaires qui n’ont pas créé d’emplois pour les jeunes d’ici”.

    Le parquet affirme aujourd’hui ne pas envisager de s’attaquer à Jose Eduardo dos Santos.

    “A l’heure actuelle, il n’existe pas de preuve suggérant que l’ex-président ait commis d’infraction”, assure Alvaro Joao. En rappelant que M. dos Santos reste constitutionnellement protégé de toute poursuite criminelle par son statut jusqu’en 2022 – cinq ans après la fin de son mandat.

    Inlassable pourfendeur des turpitudes de l’ex-famille régnante, le journaliste Rafael Marques veut croire que, passée cette date, le chef tombera lui aussi dans les mailles du filet.

    “Beaucoup de ceux qui ont déjà été inculpés l’ont cité”, détaille-t-il, “des enquêtes sont en cours (…) il va devoir répondre à certaines questions”.

    C’est ainsi le cas dans “l’affaire” Jose Filomeno, où l’ancien gouverneur de la Banque centrale Valter Filipe da Silva, lui aussi sur le banc des accusés, a expliqué avoir utilisé les fonds détournés sur ordre de l’ancien chef de l’Etat.

    Dos Santos, maître énigmatique et absolu de l’Angola

    “Dos Santos n’échappera pas à la justice, son heure viendra”, assure Rafael Marques, “la seule question est de savoir si sa santé ne le trahira pas d’ici à 2022”.

    Avec AFP- VOA

  • L’ancien président  Egyptien Hosni Moubarak est mort

    L’ancien président Egyptien Hosni Moubarak est mort

    -Hosni Moubarak est mort à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, ce 25 février 2020. C’est son beau-frère, le général Mounir Thabet, qui a fait part de son décès. Retour sur le parcours de celui qui a dirigé l’Égypte d’une main de fer pendant 30 ans, jusqu’à sa chute en 2011.

    Jeune homme d’origine modeste, Hosni Moubarak était né le 4 mai 1928 dans le delta du Nil et avait pourtant accompli un parcours sans faute sous l’uniforme. Pour lui, l’armée égyptienne avait servi de promoteur social. Dès sa sortie du lycée, il intègre l’Académie militaire égyptienne, puis en 1950, l’Académie de l’armée de l’air dont il sort major de sa promotion.

    Il va ensuite grimper avec une facilité déconcertante tous les échelons de la carrière pour, en 1964, prendre la tête de la délégation de l’armée égyptienne en URSS et s’illustrer lors de la guerre du Kippour en 1973. Une montée en puissance qui lui vaudra au passage de devenir le numéro deux du Parti national démocratique, vice-président de la République, mais surtout d’endosser le statut intangible de héros national.

    Le président égyptien Anouar al-Sadate et son vice-président Hosni Moubarak, dans l'hélicoptère présidentiel, le 1er janvier 1977.
    Le président égyptien Anouar al-Sadate et son vice-président Hosni Moubarak, dans l’hélicoptère présidentiel, le 1er janvier 1977. David Hume Kennerly/Getty

    Hosni Moubarak devient le bras droit du président Anouar al-Sadate. En 1981, Sadate est assassiné par des islamistes ; l’état-major choisit alors Moubarak pour lui succéder à la tête du pays. L’État d’urgence est alors décrété et il ne sera levé qu’en 2012. Le nouveau raïs n’aura alors de cesse d’instaurer une mainmise sans faille sur tous les rouages de l’État.

    Pour ce faire, au cours de près de trois décennies de pouvoir absolu à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, Hosni Moubarak aura bénéficié du soutien des États-Unis, en espèces sonnantes et trébuchantes, une « récompense » indirecte des accords de Camp David, signés en septembre 1978 aux États-Unis, entre Israël et l’Égypte. Ainsi, depuis 1980, l’« ami américain » aura investi quelque 36 milliards de dollars dans les forces armées égyptiennes, comme le rappelle, en 2008, Margaret Scobey ambassadrice américaine en poste au Caire dans une note adressée au général David Petraeus alors commandant en chef des armées américaines au Moyen-Orient.

    Six fois on a tenté de tuer Moubarak

    Cette généreuse contribution a permis à l’armée égyptienne non seulement de maintenir un niveau d’équipement correct, mais surtout d’en faire un investisseur de premier plan de l’industrie civile. Moubarak et l’armée ont donc formé, en trois décennies, un tandem parfaitement en phase. Ce pas de deux ne s’est désaccordé qu’à partir de la révolte de 18 jours qui a fait tomber Moubarak en 2011. L’armée a alors manœuvré de façon à ce que le peuple en colère puisse croire qu’elle était de son côté. Or, la suite des événements a montré qu’elle misait plutôt sur la continuité du régime, mais sans Moubarak.

    Depuis son accession à la tête du pays, ses adversaires auront tenté six fois d’assassiner le raïs. Entre émeutes ou manifestations durement réprimées, et la multiplication d’attentats revendiqués ou attribués aux groupes islamistes, le régime Moubarak manie plus facilement la trique que l’ouverture politique. Pourtant, en 2003, sous l’influence de son fils Gamal qu’il aurait aimé voir lui succéder, il annonce des mesures de démocratisation politique. Les législatives de 2005 favoriseront ainsi une percée historique des Frères musulmans, formation interdite, mais tolérée, qui compte désormais 88 députés sur 454.

    L’ouverture sera de courte durée : les Frères musulmans n’obtiendront aucun siège lors du premier tour des législatives de 2010. Dénonçant des fraudes de la part du pouvoir, ils boycottent le second tour. Le Parti national démocratique rafle 85 % des sièges. Mais c’est le triomphe de trop. La mécanique égyptienne hoquète, le vieux président est malade, des rumeurs sur sa mort font frémir régulièrement le pays et la Bourse s’en inquiète plus que son peuple.

    Le 25 janvier 2011 sera décrété « jour de colère » par les opposants du régime. Pendant 18 jours, les manifestations se multiplient dans le pays alors que l’opposition montre sa capacité de mobilisation place Tahrir, au Caire. Chaque jour, les Égyptiens sont plus nombreux à exiger le départ de Hosni Moubarak qui finit par renoncer à ses fonctions et s’enfuit avec sa famille à Charm el-Cheikh. Huit-cent-cinquante personnes ont été tuées et des milliers ont été blessées au cours de la révolte égyptienne.

    Un parcours judiciaire mouvementé

    À vouloir s’accrocher à tout prix, envers et contre tous, Hosni Moubarak avait tout perdu : son influence politique dans la région, son puissant allié américain, l’appui vital de l’armée, pour finir réfugié dans une station de vacances avant d’être transféré au Caire pour y être jugé et condamné à la prison à vie le 2 juin 2012. Saisie, la Cour de cassation avait annulé la sentence pour d’obscurs motifs de procédures et ordonné un nouveau procès dont il était ressorti blanchi fin novembre 2014.

    Quelques mois auparavant, en août 2013, il avait été condamné à trois ans de détention pour détournement de fonds publics, là aussi il a été acquitté. Il avait alors été placé en liberté conditionnelle en attendant d’autres jugements. D’autres faits de corruption jugés antérieurement lui avaient valu un nouveau procès en 2015, procès à l’issue duquel il avait été condamné à trois ans de prison, tout comme ses deux fils, pour avoir détourné 10 millions d’euros de fonds publics. Puis, le 2 mars 2017, il avait définitivement été acquitté pour les accusations de meurtre de 239 manifestants survenus lors des soulèvements de janvier 2011, une clémence d’ailleurs appliquée à la plupart des responsables de l’ancien régime.

    L’Égypte toujours confrontée à la crise

    Depuis la chute du raïs, l’Égypte n’a pas retrouvé la paix. Une crise succède à l’autre, les Frères musulmans remportent les législatives de 2012 et leur chef Mohamed Morsi, devient en juin le premier président démocratiquement élu du pays. La trêve est de courte durée, en juillet 2013 Morsi est renversé par l’armée, les émeutes reprennent de plus belle. L’Égypte est de nouveau à feu et à sang. Le nouvel homme fort, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, reprend les choses là où Moubarak les avait laissées.

    La répression plus forte que jamais frappe les Frères musulmans, les jeunes libéraux, les démocrates… L’ex-président Morsi est condamné à mort en mai et en juin 2015, sentence annulée en novembre 2016, mais il est toujours détenu sous le coup d’une condamnation à la prison à vie. Le tout au nom de la lutte contre le terrorisme. L’armée a repris fermement les rênes, les juges leurs condamnations à mort en série : les héritiers de Moubarak retrouvent leur lustre d’antan.

  • Election-Togo: la Céni annonce la victoire de Faure Gnassingbé

    Election-Togo: la Céni annonce la victoire de Faure Gnassingbé

    -Faure Gnassingbé a été reconduit pour un quatrième mandat à la tête du Togo, selon les résultats officiels provisoires proclamés dans la nuit de dimanche à lundi 24 février par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
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    « Au vu de tous les résultats centralisés sur la base des procès-verbaux obtenus, le candidat du parti Union pour la République, Unir, M. Gnassingbé Essozimna Faure est proclamé provisoirement élu président de la République togolaise », a annoncé Tchambakou Ayassor, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), après avoir décliné les résultats des 46 commissions électorale locales.

    C’est la première fois que la Commission électorale nationale indépendante est aussi réactive en donnant les résultats d’une élection présidentielle en 24h: écoutez le reportage de notre correspondant à la soirée électorale à la Céni
    Selon les chiffres de la Céni, Faure Gnassingbé a été réélu dès le premier tour de la présidentielle avec 72,36% des voix, soit près de 14 points de plus que lors de sa dernière élection en 2015. Le taux de participation est de 76,63%, là aussi bien plus élevé qu’en 2015 où il avoisinait les 61%.
    Une mobilisation davantage constatée dans le nord du pays, où Faure Gnassingbé fait à première vue un carton quasi plein. Dans la région des Savanes, par exemple, dans la préfecture du Pendjal Ouest : 97% de participation, 93% des voix pour le président sortant et 0,5% pour Agbeyomé Kodjo. Dans la région de la Kara également, le fief de Faure Gnassingbé : 96% de participation, 95% des suffrages pour lui. Dans la préfecture de Mo aussi, on peut noter un score plafond : 99,46% en faveur du président sortant.

    Dans l’opposition, l’ancien Premier ministre et opposant Agbéyomé Kodjo obtient 18,37% des suffrages. Le leader de l’ANC, Jean-Pierre Fabre, arrive en troisième position avec 4,35%. C’est la première fois que la Céni proclame aussi vite les résultats d’une élection présidentielle. Ces résultats seront transmis à la Cour constitutionnelle, qui a six jours pour statuer et annoncer les résultats définitifs.
    « On constate que Faure Gnassingbé a opéré une grande percée dans des localités autrefois difficiles, et que dans les autres localités, c’est un véritable plébiscite ! », assure le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, soutien du chef de l’État.
    Sur son compte Twitter, Faure Gnassingbé a remercié « la jeunesse togolaise mobilisée spontanément pour célébrer cette victoire au nom de la démocratie ».

    Mais ces résultats sont déjà contestés. La société civile recense des bourrages d’urnes et des inversions de résultats. Dès samedi soir, Agbéyomé Kodjo avait, lui aussi, dénoncé de « nombreuses fraudes ». Et avant même l’annonce des résultats de la présidentielle par la Céni, l’opposant et ancien Premier ministre avait convoqué la presse à Lomé, affirmant devant les journalistes qu’au regard des chiffres dont lui disposait, il était sans conteste le vainqueur du scrutin.
    Kodjo appelle Gnassingbé à accepter sa défaite
    « Sur l’ensemble du territoire national, les électrices et électeurs ont voté massivement en ma faveur, a affirmé le principal adversaire de Faure Gnassingbé. Au regard des résultats que nous avons compilés à travers les procès-verbaux en notre possession, nous avons gagné cette élection présidentielle du 22 février 2020 au premier tour, avec un score oscillant entre 57% et 61%. À l’instant même, je suis le président de la République démocratiquement élu et je m’engage à former un gouvernement inclusif dès les premiers jours. »
    Agbéyomé Kodjo a également tenu à « féliciter Faure Gnassingbé, qui devient le premier ancien président de la République vivant dans l’Histoire » et l’a invité « à un sursaut patriotique afin que le transfert du pouvoir puisse se faire dans les règles de l’art et de manière pacifique ».
    Il a ensuite lancé un appel à la communauté internationale « afin qu’elle soutienne le peuple togolais dans sa lutte pour une alternance apaisée et pacifique au Togo », il a invité « les forces de défense et de sécurité à demeurer et à conserver leur neutralité républicaine afin de ne céder à une quelconque instrumentalisation ». Puis, il s’est adressé à Faure Gnassingbé : « Nous interpellons le président sortant à prendre la mesure de la gravité de la situation et à rentrer dans l’Histoire en acceptant sa défaite ».
    Dans la nuit de dimanche, pendant que la Céni proclamait les résultats provisoires, la maison d’ Agbéyomé Kodjo a de nouveau été encerclée et le quartier rendu difficile d’accès par les forces de l’ordre. Et ce matin encore, Aegbeyomé Kodjo a revendiqué le statut de président démocratiquement élu. Il appelle ainsi la population et la diaspora à défendre « résolument » la vérité des urnes.

    Avec RFI

  • Mort du chanteur Rwandais Kizito Mihigo : Kigali s’irrite de critiques venues de RDC

    Mort du chanteur Rwandais Kizito Mihigo : Kigali s’irrite de critiques venues de RDC

    -Les autorités rwandaises ont dénoncé mardi des critiques venues de République démocratique du Congo (RDC), après la mort en prison à Kigali d’un chanteur rwandais dissident, qui a aussi suscité une demande d’enquête « impartiale » d’Amnesty International. Le chanteur Kizito Mihigo, dont la musique a été interdite par le pouvoir, « s’est suicidé » dans sa cellule, a affirmé lundi la police rwandaise.

    L’artiste, qui avait survécu au génocide, avait été arrêté trois jours auparavant pour avoir voulu quitter le pays. Ses chansons provoquaient la colère du gouvernement du président Paul Kagame.

    En RDC, sa mort a réveillé la colère anti-rwandaise récurrente chez certains Congolais, qui accusent Kigali de vouloir « balkaniser » l’est de leur pays.

    Deux députés congolais, Patrick Muyaya et André Claudel Lubaya, ont ainsi violemment remis en cause la thèse du suicide, le second dénonçant « les mains ensanglantées du pouvoir réactionnaire de Kigali ».

    « Sincèrement, que ces politiciens marginaux aient la décence de se taire et de s’occuper de leur pays. Le suicide malheureux d’un jeune Rwandais au Rwanda ne les concerne pas », a répondu sur Twitter le ministre rwandais en charge de l’Afrique de l’Est, Olivier Nduhungirehe.

    De nombreux internautes congolais ont partagé sur la toile une chanson de Kizito Mihigo, « Mon frère congolais », qui exhorte à la réconciliation Congolais et Rwandais.​

    Avec la libre Afr.

  • Afrique du Sud: Fréderic de Klerk fait son mea-culpa sur l’apartheid en Afrique du Sud

    Afrique du Sud: Fréderic de Klerk fait son mea-culpa sur l’apartheid en Afrique du Sud

    -Début février, Fréderik de Klerk, exprésident de l’Afrique du Sud (1989-1994), “a nié que l’apartheid était un crime contre l’humanité”, selon un communiqué de sa fondation.

    Ces propos ont déclenché une très vive polémique en Afrique du Sud, profondément meurtrie par des décennies de régime ségrégationniste où la majorité noire n’avait pas les mêmes droits que la minorité blanche.

    Les membres du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF) très remontés ont quitté le 13 février le parlement dénonçant la présence de M. de Klerk lors du discours annuel à la nation du chef de l’Etat Cyril Ramaphosa.

    “Nous avons un meurtrier dans cette chambre”, avait déclaré le leader de l’EFF, Julius Malema, avant de quitter le parlement en signe de protestation.

    Le 14 février, de Klerk, avait publié un communiqué pour dénoncer les “attaques au vitriol” de l’EFF et pour défendre sa position sur l’apartheid.

    L’idée que l’apartheid ait été un crime contre l’humanité était et reste un projet de propagande initié par les Soviétiques et leurs alliés de l’ANC Congrès national africain, et du parti communiste a déclaré l’ex-président sud africain.

    Pour Fréderic de Klerk, il s’agit de stigmatiser les sud-africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité qui incluent généralement le massacre de millions de personnes.

    L’ancien président dont les propos ont été vivement dénoncés a été contraint lundi de les retirer et de présenter ses excuses pour la confusion, la colère et les blessures qu’ils auraient causées.

    Frederik de Klerk, co-récipiendaire du prix Nobel de la paix avec Nelson Mandela avait précipité la chute de l’apartheid en libérant en 1990 le héros de la lutte anti-apartheid .

    Avec BBC

  • Zambie: l’église appelle à agir face au taux élevé de divorces

    Zambie: l’église appelle à agir face au taux élevé de divorces

    -Les églises de Zambie ont appelé les citoyens à agir pour faire baisser le taux de divorce dans le pays.

    Diverses raisons dont l’infidélité et les violences sexistes, font partie des raisons évoqués par plus de 20 000 couples divorcés l’année dernière.

    Notant la prévalence des couples qui évoquent l’adultère comme motif de divorce, le révérend Masupa, président des Églises indépendantes de Zambie, a déclaré qu’il fallait rappeler aux gens que “les adultères n’hériteront pas du Royaume de Dieu”.

    L’infidélité, l’ivresse, les violences sexistes, la difficulté de concevoir, la prise de poids et le manque d’accès à des conseils matrimoniaux figurent parmi les principaux facteurs cités par les plus de 20 000 couples qui ont divorcé en 2019.

    Plus de femmes que d’hommes ont entamé une procédure de divorce, et l’âge moyen des couples se situait entre 25 et 45 ans.

    Parmi les autres raisons de divorce citées dans un rapport publié par le quotidien public Zambia Daily, on trouve l’incapacité de certains hommes à subvenir aux besoins de leur famille et “l’utilisation abusive des médias sociaux”.

    Ces statistiques sont décevantes et vont à l’encontre des principes bibliques sur le mariage qui disent que “seule la mort devrait nous séparer”, a déclaré le révérend David Masupa, président des Églises indépendantes de Zambie.

    Avec BBC

  • ‘L’économie sud-africaine est au point mort’ Cyril Ramaphosa

    ‘L’économie sud-africaine est au point mort’ Cyril Ramaphosa

    -Cyril Ramaphosa a été forcé par les protestations des députés des Combattants pour la liberté économique (EEF) de Julius Malema d’attendre 90 minutes avant son adresse à la nation.

    Les élus de l’EFF avaient demandé auparavant que Fréderick De klerk, le dernier président du régime d’apartheid, qui avait partagé un prix Nobel de la paix avec Nelson Mandela, sorte du parlement parce qu’il ne s’était pas “repenti” sur l’apartheid.

    Le président Cyril Ramaphosa a déclaré que les finances publiques sont soumises à de fortes pressions.

    Le chef de l’Etat sud-africain a aussi blâmé les pénuries d’électricité persistantes qui ont occasionné la crise économique que vit le pays.

    Le chef de l’État s’est néanmoins voulu optimiste en annonçant des mesures pour redresser l’économie. Il s’agit de la création d’un fonds souverain et la mise en place d’une banque d’État pour étendre l’accès aux services financiers.

    D’autres mesures comme la construction d’une ville intelligente, la libéralisation du commerce du cannabis thérapeutique ont été annoncées.

    Avec BBC

  • Angola:  Pour Sindika Dokolo, «il y a volonté de nous nuire»

    Angola: Pour Sindika Dokolo, «il y a volonté de nous nuire»

    -À l’occasion de la publication de l’enquête des « Luanda Leaks », l’homme d’affaires congolais Sindika Dokolo a accepté de répondre aux questions écrites de Radio France Internationale sur les principales allégations relevées par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et 36 médias partenaires, dont RFI.

    RFI : Le gouvernement angolais vous accuse d’avoir fait perdre plus d’un milliard de dollars à la Sonangol et à la Sodiam. Vos avoirs sont gelés pour ça en Angola. Que répondez-vous ?

    Sindika Dokolo Ce que le gouvernement nous réclame pourrait être couvert par les parts dans Unitel ou Galp. Dès lors, pourquoi geler toutes nos actions et même nos comptes personnels ? Il y a volonté de nous nuire.

    Pour vous, c’est politique ?

    Même le timing de cette enquête est suspect. L’un de nos cabinets d’avocats, PLMJ, avait déjà été hacké dès 2015. On savait que plusieurs de nos autres sociétés ont été ciblées depuis par un hacker portugais, ces documents ont été gardés et sont instrumentalisés aujourd’hui pour faire main basse sur nos avoirs à l’étranger. Ils se servent de la presse pour manipuler l’opinion et les gouvernements étrangers.

    Donc pour vous, il y a une forme de complot ?

    C’est Armageddon, le régime prétend le faire au nom de la lutte contre la corruption, mais ils ne s’en prennent pas aux mandataires des entreprises publiques accusées de malversation, juste à une famille qui opère, elle, dans le secteur privé. Mais ça ne me fait pas peur de tout perdre, j’ai déjà vécu ça avec mon père. Il faut qu’ils aient vraiment politiquement peur de ma femme pour faire ça. Ils veulent nous rendre responsables de toute la corruption et de la faillite de l’Angola. Mais nous avons 20 000 employés directs en Angola, des milliers d’autres travaillent dans les points de vente de Unitel et de Zap, on paie des impôts en Europe et on est le premier contributeur fiscal d’Angola, on a beaucoup travaillé et investi dans ce pays, plus que quiconque. On n’a pas un groupe consolidé, mais on a demandé à nos équipes de faire le calcul. L’an dernier, on a payé avec ma femme 250 millions de dollars d’impôts pour nos sociétés imposables en Angola.

    Comment expliquez-vous avoir obtenu un bonus via votre société Almerk de la part Victoria Holding Limited pour le rachat de Grisogono ? Surtout que c’est cet argent qui vous sert ensuite à investir dans de Grisogono.

    Le bonus d’Almerk n’a rien d’anormal. Rien ne m’obligeait à le réinvestir. Le projet DG revêtait deux aspects: un investissement pour la relance de la société et un investissement dans la plateforme de fournitures de diamants venant d’Angola. J’ai fini par investir 115 millions dans la société de Grisogono, le même montant que Sodiam, mais j’ai dépensé trois à quatre fois plus pour créer la plateforme qui devait permettre de faire de de Grisogono une entreprise comparable à Graff ou à de Beers.

    Mais de Grisogono n’est pas de Beers.

    Oui, mais c’est ce qu’on voulait faire : créer un « de Beers » angolais, de l’extraction à la commercialisation, mais la Sodiam a refusé, c’est l’une des raisons de l’échec de l’opération.

    Et pourquoi de Grisogono ? La société affichait des pertes depuis 2007 ?

    Ça aurait été impossible pour l’État angolais, comme pour nous d’acquérir un autre joaillier de luxe. Est-ce que vous savez à combien ça se négocie ? Plus de 10 milliards pour Tiffany’s !

    La Sodiam affirme avoir investi plus que vous.

    C’est un autre mensonge. J’ai investi 115 millions en capital, comme la Sodiam, c’est qu’a établi PwC (ndlr : PricewaterhouseCoopers) et ce qui a été présenté aux actionnaires de victoria holding en novembre 2019. Et moi, je fournissais, en plus, en permanence des stocks de pierres précieuses à crédit qui oscillaient entre 50 millions et 200 millions.

    Mais au départ, en 2012, la Sodiam apporte plus que vous, elle éponge notamment les dettes de de Grisogono ?

    La Sodiam a plus investi dans la plateforme de vente et moi dans la plateforme d’achat. C’était la première transaction internationale de la Sodiam. Les banques ou les régulateurs auraient pu refuser.

    La Sodiam dit n’avoir pas profité des bénéfices des ventes sur 2,3 milliards de dollars de pierres précieuses.

    Qu’ils produisent le document qui leur donnait un droit sur les bénéfices. On a même payé ces diamants à un prix supérieur à d’autres acteurs sur le marché.

    Selon des documents que nous avons pu consulter, vous êtes avec votre société Odyssey l’un des clients privilégiés de la Sodiam ?

    Je ne suis pas classé client privilégié. « Cliente preferencial » en portugais, ça veut dire client agréé ayant un programme d’achat contractuel avec Sodiam. Au cours des 15 dernières années, il y en a eu plus d’une quinzaine. C’est pour ça que c’est ridicule d’affirmer qu’entre les acheteurs agréés de la Sodiam, il y avait des différences de prix. C’est un mensonge puisque les mines vendaient à différents vendeurs pendant l’année et qu’il y avait pour toutes les transactions un évaluateur indépendant.

    Mais vous assuriez à RFI payer plus que les autres ?

    La Sodiam a négocié que nous lui payons une rétribution de 50 % supérieure à tous ses autres acheteurs au nom du partenariat dans de Grisogono. Les autres payaient 5 %. Et nous, 7,5 % soit 2,5 % de plus.

    Ce qui pèse lourdement sur les finances de de Grisogono, ce sont les dépenses marketing, de promotion. 

    Vous me direz quelle grande marque de luxe dépense moins que ça en promotion pour devenir une marque planétaire.

    Comment expliquez-vous que d’une suite et de deux chambres dans un palace soient payées en votre nom par Victoria holding Limited à l’occasion du festival de cannes de 2012 ?  

    Ils mettaient souvent des chambres à mon nom qui étaient en fait des chambres des célébrités qui venaient à la dernière minute. Venir dire maintenant que j’ai profité des chambres d’hôtel de de Grisogono ne fait aucun sens. Pour chaque expo de haute joaillerie, je devais fournir 200 ou 300 millions de marchandises. Alors, me reprocher 3 chambres d’hôtel… Pourquoi ne pas m’accuser d’avoir pris des bics et des pin’s gratuits ?

    Votre famille entretient aussi de multiples relations d’affaires avec la Sonangol. C’est ce que vous reproche aujourd’hui la compagnie pétrolière angolaise. Votre femme, notamment, est partenaire de la Sonangol dans l’actionnariat de la société de téléphonie mobile Unitel.

    C’est Isabel, l’architecte du réseau qui a fait le succès de Unitel et c’était un excellent investissement pour la Sonangol, ces parts valent aujourd’hui plus d’un milliard de dollars

    Comment se fait-il que vous obteniez 40 % de parts de Esperaza, la joint-venture avec la Sonangol qui venait de prendre des parts dans Galp ?  

    C’est aussi une idée d’Isabel. La Sonangol n’avait ni les contacts ni les capacités de réaliser un montage financier aussi ambitieux. J’étais sur la même ligne. Ça faisait longtemps qu’on voulait développer une campagne à destination de l’Europe pour promouvoir l’Angola comme producteur de pétrole. L’objectif était de travailler sur toute la chaîne depuis la production jusqu’aux pompes, en passant par les raffineries. Cela ne devait pas que nous permettre de racheter les parts d’ENI dans Galp, mais aussi de tenter une fusion-achat avec Cepsa. Un grand producteur africain allié à un raffineur et distributeur dans la péninsule ibérique.

    Pourquoi vous n’apparaissez pas dès le début dans le capital d’Esperaza ?

    Le contrat d’achat et de vente date de décembre 2006, mais le Memorandum of understanding qui consacre l’investissement tripartite Amorim- Exem- Sonangol dans Galp date de janvier 2006. D’ailleurs, je suis administrateur de la société dès mars ou avril 2006. Donc ce n’est pas franchement caché.

    Dans certains documents, y compris publics, dans les médias, votre femme est présentée comme la vraie propriétaire des actions dans Galp.

    Exem m’a toujours appartenu. Les banques et tous les mandataires hollandais l’ont toujours su. Je ne sais pas d’où vient cette information.

    Pourquoi avoir mis aussi longtemps à rembourser votre participation quand on voit les dividendes que produit votre participation dans Galp 

    La Sonangol ne voulait pas que Esperaza redistribue les dividendes reçus de Amorim Energia BV parce qu’elle n’avait pas encore changé son véhicule d’investissement et aurait payé deux fois des impôts. Une fois en Europe et une fois en Angola.

    Donc les dividendes de la Sonangol sont toujours là sur le compte d’Esperaza 

    Et les miens aussi. J’ai près de 35 millions d’euros de dividendes bloqués dans Esperaza. Il n’y a jamais eu aucun risque de non-remboursement de la dette de 75 millions de dollars. Ce prêt d’actionnaire est garanti par la totalité de mes actions qui s’élèvent à 800 millions d’euros et qui couvrent donc plus de 10 fois la valeur de la dette.

    La Sonangol vous reproche d’avoir remboursé cette dette en kwanza, la monnaie nationale angolaise, quand elle était due en dollars, et ce, un mois avant le départ de votre femme de la tête de la Sonangol ?  

    La Sonangol était en quasi-cessation de paiement et nous a demandé d’avancer les délais de remboursement qui étaient normalement prévus un an plus tard, on a négocié et obtenu de payer ce montant en kwanza.

    Pourquoi avez-vous payé 11 milliards de kwanzas au lieu des 14 milliards que représentait en octobre 2017 vos parts dans Esperaza, il y a une différence de 12 millions de dollars 

    En tout cas, les 11 milliards constituaient le dernier solde, intérêts compris. Nous avions déjà payé 15 % du prix des actions le 18 décembre 2006. Le reste était dû au 31 décembre 2017. Ce qui explique sans doute cette différence.

    Donc, ça n’a rien à avoir avec le fait que votre femme était encore à la tête de la Sonangol et que votre beau-père n’était plus président  ? 

    Ça n’a rien à voir avec ça. J’aimerais qu’on soit sérieux deux minutes. C’est connu. La Sonangol n’avait plus de dollars à cause de la baisse des cours du pétrole. Ma femme a obtenu à son arrivée des majors qu’elle puisse payer en kwanza sa part des salaires des employés, des locations et autres frais en kwanza. Et à cette période, les kwanzas, ça ne poussait pas sur les arbres. La Sonangol en avait besoin. Moi, j’en avais qui était bloqué en Angola. C’était un partenariat gagnant-gagnant.

    Mais comment expliquer que certaines de vos sociétés comme Wise ou Almerk sont payées pour recruter des sous-traitants pour aider des entreprises publiques ?  

    Wise, Almerk ou toute autre entreprise relationnée qui facture un service apportent une réelle valeur ajoutée. Gérer, structurer des financements, restructurer des dettes, sourcer des compétences spécifiques, définir et accompagner la mise en place de nouveaux process, assurer l’accompagnement des gestions de caisse des différents projets, faire un audit, étudier un plan de fusion ou d’acquisition (M&A). Bref, c’est une vraie valeur ajoutée qui a un coût et mérite une rémunération.

    Comment expliquer l’achat d’un condo de plus de 50 millions à Monaco ?  

    C’est un investissement immobilier. Nous ne vivons pas à Monaco. Il n’y a rien d’illégal, je ne vois pas ce qu’il y a à commenter.

    Pourquoi ne pas l’avoir acheté vous-même ? Pourquoi passer par une société à Malte ?  

    Ma famille a été spoliée par Mobutu en 86. Sans autre forme de procès, Mobutu avait déclaré dans une phrase qui demeure célèbre dans ma famille : « Prenez tout. Laissez-lui sa voiture et sa maison.  » J’ai toujours vécu dans la hantise des règlements de compte politiques si malheureusement fréquents en Afrique. J’ai bien eu raison apparemment. Depuis que nos biens nous ont été rendus par la Conférence nationale souveraine en 1991, ma famille a toujours privilégié des montages de holding complexes afin d’être protégée au maximum des spoliations de pouvoirs politiques.

    Mais pourquoi utilisez-vous systématiquement des véhicules financiers basés dans des places fiscalement avantageuses, voire dans des paradis fiscaux  ?  

    C’est très difficile pour quelqu’un qui vient de l’Angola ou de la RDC qui sont des pays complètement blacklistés sur les marchés européens d’ouvrir un compte en banque sur le sol européen. Si vous êtes comme moi une personnalité politiquement exposée depuis 2001, c’est de l’ordre de l’impossible. On peut me reprocher d’utiliser des véhicules financiers logés dans les paradis fiscaux, mais est-ce illégal ? D’abord, je n’en utilise pas pour des investissements en Europe. Je ne les utilise que parce que l’Angola n’a pas d’accord de double système de taxation. Il n’y a pas de raison que je paie mes impôts deux fois.

    Est-ce que vous avez donné des instructions pour cacher le fait que vous soyez propriétaire ou actionnaire de certaines sociétés ?  

    Non, et de toute façon, ce n’est jamais caché, les banques le savent, les partenaires le sachent. Quand je vous parlais d’utiliser des montages de holdings complexes, c’est pour nous protéger de la presse malveillante ou des politiciens.

    On a beaucoup parlé des prêts que vous octroyez à vos sociétés. Fin 2014, vous avez pour plus de un milliard de prêts notamment auprès de banques angolaises portugaises dans lesquels votre femme a des part. N’est-ce pas beaucoup ?

    Nous n’avons pas de groupe avec ma femme, mais nos sociétés ont un chiffre d’affaires cumulé de 2 milliards de dollars. Nos prêts sont toujours garantis.

    Pourquoi investissez-vous, vous comme les sociétés d’État, presque uniquement sur base de prêts ?

    C’est un peu le principe du capitalisme : faire le plus possible avec ce qu’on a, travailler avec un bon effet multiplicateur de l’investissement pour avoir un retour sur investissement le plus élevé possible. Le risque c’est de perdre. Vous devez toujours enregistrer des succès et maintenir votre crédibilité et le sérieux de vos équipes. Cela vous permet de toujours conserver suffisamment d’actifs pour vous permettre de rembourser le cas échéant.

    Avec RFI