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Côte d’Ivoire : le cauchemar des cartes d’identité


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-Obtenir ou renouveler sa carte d’identité est devenu une course d’obstacles et compromet la présidentielle d’octobre.

Nombre insuffisant de centres d’enrôlement, longues files d’attentes et lenteur de la procédure : les obstacles à franchir pour obtenir ou renouveler sa carte d’identité en Côte d’Ivoire sont nombreux. La situation est d’autant plus grave qu’il faut posséder une carte d’identité pour obtenir une carte d’électeur en Côte d’Ivoire. Or, l’élection présidentielle aura lieu en octobre 2020.
Il est 8h45 lorsque nous arrivons dans un centre d’enregistrement situé dans la vaste commune de Cocody. C’est d’ailleurs le seul du quartier. Sous une bâche dressée pour la circonstance, plusieurs dizaines de personnes attendent.
Parmi eux, Seydou Cissoko est arrivé peu avant le lever du soleil mais il n’aura pas la chance de se faire enregistrer aujourd’hui. Il va devoir repasser.
“On est là depuis quatre heures du matin. Il faut se réveiller plus tôt pour être sur la liste. Aujourd’hui, ils ont pris 40 personnes. Malgré que je sois venu à quatre heures. C’est vraiment difficile.”
Files d’attente
La longue attente n’est pas la seule difficulté de cette opération. L’achat du timbre en ligne qui représente un autre défi, même quand on vit en ville.
Fatoumata Touré, 68 ans, sans aucune notion en informatique, a été obligé de se rendre dans un cybercafé pour lancer son processus d’enrôlement. Et cela engendre des coûts supplémentaires :
“Je suis allée dans un cybercafé. Comme je ne sais pas comment ça fonctionne, je suis allée me renseigner. On m’a demandée d’aller faire un dépôt sur mon compte électronique. Je suis retournée là-bas et puis ils ont rempli pour moi. J’ai payé 1. 000 francs CFA. Tout ça, ça fait 6.300 francs CFA.”
Sous la bâche, la tension monte d’un cran chez ceux qui sont arrivés tôt et qui ne pourront pas se faire enregistrer. Adèle Boh ne cache pas sa colère :
“Pour tout Cocody il n’y a qu’un seul centre. Qu’ils ouvrent d’autres centres d’enrôlement ! On ne peut pas venir et entendre dire que c’est bouclé. Ce n’est pas normal.”

Présidentielle en ligne de mire
La nouvelle carte d’identité devra permettre aux Ivoiriens de s’inscrire sur la liste électorale en vue de la présidentielle d’octobre prochain.
Mais pour l’analyste politique André Silver Konan, beaucoup d’Ivoiriens en âge de voter risquent de ne pas en avoir avant cette échéance. Surtout les populations des zones rurales :
“Il y a 118 centres d’enrôlement. Ce qui se passe, c’est qu’il y a un seul centre d’enrôlement par département. Pour tous ceux qui n’arrivent pas à s’inscrire d’abord sur internet, quelle est la solution pour eux ? Jusque-là le gouvernement est muet. Pour tous les Ivoiriens qui vivent à la campagne, c’est un parcours du combattant pour avoir un sésame pour lequel le citoyen ivoirien a un droit absolu. On en fait donc un instrument de pénibilité pour les Ivoiriens.”
Lenteur des machines
A toutes ces difficultés, il faut ajouter la lenteur des machines destinées à cette opération. Un agent en charge de l’enrôlement dans la commune d’Attécoubé qui a requis l’anonymat explique qu’elles ne peuvent pas enregistrer plus de 30 personnes par jour :
“Il y a une lenteur au niveau des appareils qui est surtout liée à la connexion. Et à chaque fois, les machines plantent. On fait le maximum en enrôlant 100 à 110 personnes par jour. Mais on ne peut pas aller au-delà de ça. Souvent même, on fait moins. Ça dépend des humeurs de la machine.”
Pour remédier au problème d’insuffisance de matériel, le ministère de l’Administration du territoire a annoncé pour les prochains jours le déploiement de 4.000 kits additionnels. Mais pour l’heure, les Ivoiriens boudent quelque peu l’opération.
Pendant ce temps, l’opposition continue à demander la gratuité de cette carte d’identité et la prorogation de l’ancienne qui est arrivée à expiration fin juin 2019.

Avec DW