Denis Soula dans la peau de deux femmesby Don Kayembe31/10/2018 Listen to this article Deux femmes, de Denis Soula, Joëlle Losfeld, 120 p., 12,50 €. C’est la chronique de deux vies qui n’ont d’autre choix que de s’accommoder de la mort. L’une a vécu celle de sa fille, l’autre – tireuse d’élite – la donne au quotidien. Deux femmes confronte l’existence à sa fin, histoire de voir ce qu’il en reste lorsque les malheurs s’y empilent. Denis Soula poursuit son exploration de la vie intérieure de personnages féminins, à laquelle Mektoub et Les Frangines (Joëlle Losfeld, 2012 et 2015), ses deux précédents romans, avaient déjà ouvert la voie. Il en confie cette fois les rênes à deux narratrices dont les parcours croisés se heurtent à la même question existentielle : que reste-t-il de bon à vivre lorsqu’on a été traversé par des drames ? Un regard littéraire empathique et engagé « Je suis en jupe, le vent cingle mes jambes. » Denis Soula change de genre, comme d’autres changent de nom, et écrit l’histoire des femmes comme s’il les était toutes. Deux femmes déploie une écriture que le féminin rend universelle. Un regard littéraire empathique et engagé, qui guide tout autant le propos que la dramaturgie. Les héroïnes de Deux femmes parlent peu, l’auteur prend donc le parti – par une narration aux tonalités de journal intime – de les comprendre de l’intérieur. « La plupart du temps, je reste en tête à tête avec ma peine (…). Je réponds, mais c’est de l’automatique, du congelé. » La première narratrice (celle des chapitres impairs) est une mère qui s’accroche à la fille qui lui reste. L’écriture nous transporte dans son quotidien rétréci où résonnent, sans cesse, la perte et « les solitudes » des endeuillés. Pour faire face et « occuper le champ de bataille », l’héroïne s’appuie sur les quelques béquilles qui rendent la vie supportable. Parmi elles, la musique, remède à tout, et la moto – pour… Read More Tags:Culture & Arts