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– Le chef militaire du M23, Sultani Makenga, ainsi que 1.500 combattants, soit le gros de cette rébellion de République démocratique du Congo (RDC) défaite ces derniers jours, ont franchi la frontière et se trouvent entre les mains de l’armée ougandaise.
Sultani Makenga “est avec nos forces, oui, il a franchi la frontière avec certains de ses hommes, il est avec nous”, a annoncé jeudi à l’AFP un haut responsable militaire ougandais sous couvert de l’anonymat, sans préciser la localisation du chef rebelle.
Il a également refusé de clarifier si Sultani Makenga était ou non libre de ses mouvements et s’il avait formellement fait acte de reddition aux autorités ougandaises.
De son côté, le porte-parole de l’armée ougandaise, Paddy Ankunda, a indiqué qu’environ 1.500 rebelles du M23, soit l’essentiel de ses effectifs combattants, étaient entrés en Ouganda et s’étaient rendus à l’armée ougandaise, mais n’a pas confirmé la présence de Sultani Makenga parmi eux.
“Quelque 1.500 combattants se sont rendus à l’armée ougandaise aujourd’hui, je ne suis pas au courant de la présence de Sultani Makenga parmi eux”, a-t-il simplement déclaré à l’AFP.
Ils “sont cantonnés dans la zone de Mgahinga, dans le département de Kisoro”, dans le coin sud-ouest de l’Ouganda, frontalier de la RDC et du Rwanda, a-t-il ajouté.
Un expert militaire a remis en doute la réalité du chiffre donné par l’armée ougandaise, estimant les forces de la rébellion à un millier d’hommes à la fin octobre. Selon lui, pourraient être inclus dans le chiffre de 1.500 des membres des familles de rebelles ou des combattants du M23 se trouvant déjà précédemment en Ouganda.
Défait militairement ces derniers jours par l’armée de RDC appuyée par une brigade d’intervention de l’ONU, le M23, qui combattait les troupes de Kinshasa dans la province orientale minière du Nord-Kivu depuis avril 2012, a annoncé mardi “mettre un terme” à sa rébellion.
Le M23 était formé d’anciens rebelles congolais, essentiellement tutsi, du Conseil national pour la défense du Peuple (CNDP), intégrés à l’armée de RDC après un accord signé le 23 mars 2009. Ils s’étaient mutinés il y a 18 mois, accusant Kinshasa de n’avoir pas respecté les termes de cet accord.
Le colonel Sultani Makenga, chef du M23, à Bunagana, près de la frontière ougandaise, le 8 juillet 2012 © AFP/Archives Michele Sibiloni |
Le chef de la mission de l’ONU en RDC, Martin Kobler, avait annoncé mercredi que les Nations unies allaient aider à renforcer le contrôle des frontières de l’est congolais pour empêcher armes et rebelles de passer dans les pays voisins, après la défaite du M23.
Atrocités
Atrocités
Sultani Makenga, 39 ans, figure sur une liste des sanctions de l’ONU qui l’accuse d’être responsable de violations graves des droits de l’Homme et d’atrocités liées au M23 dans l’est de la RDC: meurtres, viols, enlèvements, recrutement d’enfants, enrôlements forcés…
A l’apogée de sa force, le M23 avait conquis en novembre 2012 Goma, la capitale du Nord-Kivu, avant de s’en retirer contre l’ouverture de négociations sous médiation ougandaise à Kampala qui n’ont jamais réellement progressé.
Mardi, Kinshasa avait affirmé que son armée contrôlait désormais l’intégralité du territoire qu’occupait le M23 depuis 18 mois et que les derniers combattants rebelles avaient fui vers le Rwanda.
L’Ouganda, et surtout le Rwanda, tous deux frontaliers du Nord-Kivu, ont été largement accusés par l’ONU et d’autres sources de soutenir militairement le M23, ce que les deux pays ont toujours démenti. Des analystes attribuent pour partie l’effondrement du M23 à l’arrêt du soutien rwandais, sous pression notamment des Etats-Unis.
Allié du Rwanda, Washington a pris ses distances avec Kigali depuis juillet 2012 en gelant sa modeste assistance militaire de 200.000 dollars et en prenant des sanctions dans le même domaine de la formation militaire pour 2014, afin de pousser le régime du président Paul Kagame à mettre un terme à son soutien au M23.
Tutsi, issu de parents originaires de la province congolaise orientale du Masisi, Sultani Makenga est né selon l’ONU le 25 décembre 1973 dans le territoire de Rutshuru, dans le Nord-Kivu, où il a grandi. Il a été de tous les conflits qui ont déchiré la région depuis une vingtaine d’années.
Comme de nombreux Tutsi, il a fait ses armes au début des années 1990 au sein de la rébellion rwandaise du Front patriotique rwandais (FPR), formée en Ouganda, qui a conquis avec Paul Kagame à sa tête le pouvoir à Kigali en 1994.
Il a combattu ensuite au sein de forces supplétives rwandaises lors des deux guerres du Congo (1996-1997, puis 1998-2003) avant de rejoindre le CNDP, puis d’intégrer l’armée congolaise en 2009.
Avec AFP