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-En 18 mois, quatre officiers supérieurs des FARDC issus des rangs du CNDP ont fait désertion de manière spectaculaire. La dernière en date est celle du colonel Bisambaza, commandant intérimaire du premier secteur des FARDC à Beni dans le Nord-Kivu. Dans sa fuite, le colonel a embarqué, avec armes et munitions, 60 des éléments sous ses ordres. Direction : Rutshuru pour joindre le M23. Plus de dessin pour confirmer que l’armée nationale est littéralement infiltrée. D’où, un nettoyage à fond des écuries s’impose ; et d’urgence.
Au commencement de la fragilité des Forces armées de la RDC (FARDC) étaient tous les accords d’intégration, de brassage et de mixage signés depuis Sun City en 2002 avec différents mouvements rebelles et groupes armés. Aujourd’hui, la RDC paie le prix de ses propres turpitudes. L’armée nationale est infiltrée dans tous ses compartiments, à telle enseigne qu’elle se trouve par moment dans l’incapacité de jouer son rôle. En témoignent des désertions successives des ex-militaires CNDP, intégrés dans les FARDC au terme de l’accord de Goma du 23 mars 2009.
Sentant leur mouvement en difficulté face aux dernières offensives des FARDC, ces officiers supérieurs véreux ne peuvent plus se contenir. Ils se disent qu’il est temps de prêter main forte à leurs vrais compagnons d’armes qu’ils avaient quitté momentanément pour noyauter les FARDC de l’intérieur. Au point où, aujourd’hui, certaines débâcles de l’Armée nationale peuvent être élucidées.
La dernière désertion au sein des FARDC en date est celle d’un officier ex-CNDP, colonel de son état. Il a quitté les rangs des FARDC en compagnie de 60 hommes de troupes, emportant armes et munitions dans le Nord-Kivu. C’en est donc trop pour une armée en phase de restructuration. De go, le débat sur la situation réelle des FARDC se trouve relancé.
Il y a des questions qui méritent nécessairement une réponse de la part de ceux qui gèrent l’armée congolaise. Qui fait partie de l’armée ? Quel est son niveau de formation ? Fait-il preuve de loyauté envers la hiérarchie et les institutions du pays ? Voilà des questions qui devraient faire l’objet d’un grand débat national pour s’assurer réellement de l’identité de ceux qui servent sous le drapeau.
L’on doit comprendre comment un officier supérieur des FARDC arrive à se détourner d’un ordre de sa hiérarchie et trouve le temps de déserter en toute quiétude.
UNE DESERTION QUI INTERPELLE
Selon radio Okapi qui relaie l’information, citant des sources sécuritaires de la province du Nord-Kivu, le commandant intérimaire du premier secteur des FARDC à Beni, le colonel Richard Bisambaza, quelques officiers ainsi qu’une soixante d’éléments ont fait défection le lundi 12 août dans la soirée à Beni. A en croire l’administrateur du territoire de Beni qui a confirmé l’information, les déserteurs ont emporté une importante quantité de munitions avant de se retirer dans la brousse à Samboko, un village situé à environ 90 Kilomètres au Nord-ouest de Beni.
Tout est parti, confirment des sources concordantes, du refus du colonel Richard Bisambaza de se rendre le dimanche 11 août 2013 à Kinshasa pour répondre à une convocation de sa hiérarchie. Craignant un châtiment de ses chefs hiérarchiques, le colonel déserteur a donc décidé de se retirer à Eringeti, à environ 60 kilomètres au Nord-est de Beni. C’est dans ce village, indiquent les sources, qu’est déployé le 807ème régiment des FARDC, une unité dirigée jadis par le colonel Richard Bisambaza avant qu’il n’assure l’intérim du commandant du premier secteur de l’armée nationale à Beni.
Il n’y a pas de doute que le point de chute du colonel déserteur soit Rutshuru, territoire sous contrôle du M23. Reflexe, somme toute, naturel. Comme les trois autres officiers supérieurs ex-CNDP qui l’ont précédé dans cette voie de la trahison, le colonel Bisambaza a donc réédité l’exploit, en fournissant la preuve que lui et tous les autres étaient de faux chauves dont les cheveux ont repoussé avant qu’ils n’aient fini leur sale besogne de noyautage.
Cette défection intervient dans l’intervalle de 18 mois, après celles des colonels Albert Kahasha, Seko Mihigo et Mboneza, précisent les sources sécuritaires de la province. Cela pose problème, dans la mesure où les défections enregistrées jusqu’à ce jour concernent particulièrement les militaires ex-CNDP. Faut-il un dessin pour établir leur connivence avec le M23 ? Refuser de le reconnaître serait faire preuve de naïveté ou de complicité.
De là à remonter jusqu’à Kigali, il y a qu’un pas, vite franchi. Dire que le M23 est totalement pris en charge par le Rwanda est un secret de polichinelle. Or, le M23 n’est que l’autre face du CNDP.
NETTOYER LES ECURIES D’AUGIAS
En effet, depuis l’accord de Sun City en 2002, la RDC a perdu tout contrôle de son système de défense. Cet accord, suivi d’autres plus compromettants pour les FARDC tels que l’accord de Goma de 2009, n’ont fait que fragiliser davantage la RDC. Dans son état actuel, l’armée nationale est un corps hétéroclite, un assemblage d’éléments issus des mouvements et groupes armés.
Comment recréer l’esprit de corps au sein d’une telle structure ? Pas facile, en tout cas. Pourtant, c’est l’image qu’on a aujourd’hui de l’armée congolaise. Ainsi, des officiers, particulièrement ceux opérant dans la partie Est, peuvent refuser un ordre de permutation vers une autre zone militaire et trouver une raison de quitter les rangs.
Le ver est dans le fruit. C’est le moins que l’on puisse dire. L’armée nationale doit être nettoyée de fond en comble pour la débarrasser de brebis galeuses qui plombent son action lorsqu’il s’agit de remplir sa mission.
Aujourd’hui, il devient évident que des opérations d’intégration, de brassage ou de mixage qui ont ramené sous les drapeaux des militaires aux origines douteuses ont été préméditées sous la dictée des décideurs au sein de la communauté internationale. Objectif : empêcher la RDC de se doter d’une armée véritablement républicaine, capable de défendre l’intégrité territoriale.
Aujourd’hui que des faits ont mis à l’évidence le degré d’infiltration des FARDC, il est temps d’engager un nettoyage à fond des officiers et des hommes de troupes, ainsi que l’ensemble des services de sécurité. L’efficacité de FARDC en dépend.
(Internet)