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Une dernière petite blague, un dernier discours sans aspérités un peu pour la forme, une dernière distribution de pin’s et de plaquettes à son effigie… Malgré son aisance et son CV en or massif, l’ex-premier ministre finlandais Alex Stubb n’avait aucune chance lors de la primaire interne des droites européennes (le Parti populaire européen, PPE), jeudi 8 novembre à Helsinki. C’est Manfred Weber, un Bavarois de 46 ans, discret et peu charismatique, mais très apprécié des délégués et parfait connaisseur des arcanes bruxellois, qui a remporté la mise haut la main : il a été élu par 80 % des votants. L’Allemand, élu de la CSU, mais considéré comme un modéré au sein de cette formation très droitière, est le chef de file du PPE au Parlement de Strasbourg depuis 2014. Il n’a pourtant jamais exercé dans un gouvernement, mais sa connaissance des partis conservateurs, même les plus petits, dans l’est et dans le nord de l’Union, sa simplicité et son message de proximité avec les citoyens, ont visiblement convaincu. Tout comme la priorité accordée à la « lutte contre la migration illégale : le PPE doit être le parti du contrôle strict des frontières ». Manfred Weber avait reçu le feu vert de la chancelière allemande, Angela Merkel, dès fin août, puis a engrangé les soutiens de quasiment tous les dirigeants du PPE ces dernières semaines – Laurent Wauquiez, patron de Les Républicains, fut parmi les derniers à s’y rallier, mardi 6 novembre. L’identité chrétienne est aussi en haut de l’affiche pour ce discret politique, très attaché à ses origines bavaroises, qui n’a pas hésité à se mettre en scène faisant le signe de croix, dans sa vidéo de campagne. « Nous sommes fiers de ces valeurs et nous les défendrons, nous sommes des chrétiens démocrates », a-t-il répété au moins une vingtaine de fois lors de son dernier de discours avant les votes. Maintenir l’unité M. Weber va devoir incarner le parti paneuropéen pour le scrutin de mai 2019. Ses objectifs ? Faire en sorte que sa formation, toujours la plus puissante dans les institutions, ne perde pas trop de plumes face aux partis populistes. En maintenant son unité. Et succéder, à l’issue du scrutin de mai, à « son ami » Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission. Jeudi, les dirigeants du PPE espéraient refermer la « parenthèse Orban », les dérives illibérales du premier ministre hongrois ayant créé un fort malaise au sein du parti. Mais ils n’y sont pas tout à fait parvenus. Le 12 septembre, lors d’un vote historique au Parlement européen, plus de la moitié des élus conservateurs ont voté pour le déclenchement d’une procédure pour violation de l’Etat de droit en Hongrie. Lire aussi : Le PPE et Viktor Orban, l’oncle raciste de Hongrie Depuis, Joseph Daul, le très influent président du PPE, a beaucoup travaillé pour ramener l’unité dans les rangs, bien que M. Orban, lui, n’ait pas reculé sur son paquet législatif « Stop Soros », pourtant considéré par le Parlement européen comme dangereux pour les libertés publiques. L’Université d’Europe Centrale, établissement respecté de Budapest fondée par le milliardaire Georges Soros, devenue la bête noire de M. Orban, est sur le point de déménager à Vienne. A Helsinki, les délégués ont voté une résolution « sur l’Etat de droit » très générale. Et M. Orban a évité toute provocation, se contentant surtout de rendre hommage à Helmut Kohl, la figure tutélaire du PPE, décédé le 16 juin 2017, « l’homme qui savait que dans une famille, on peut ne pas être d’accord mais on reste toujours unis ». Mais le Polonais Donald Tusk, président du Conseil européen, a mis les pieds dans le plat, insistant sur le fait qu’on « n’est pas chrétien démocrate si on ne respecte pas l’indépendance judiciaire, la démocratie libérale et les ONG ». Une critique directe à la politique de M. Orban. La chancelière Merkel, ovationnée, a certes, elle aussi, insisté sur l’image « chrétienne de l’homme », mais qui, selon elle, implique le respect « de la démocratie, de la liberté d’opinion, de la presse, de la recherche ». En fort recul Le PPE est, de fait, moins mal en point que son ancien partenaire de coalition à Strasbourg, le Parti socialiste européen, mais selon les dernières projections non officielles, il pourrait perdre jusqu’à une cinquantaine de sièges dans l’hémicycle européen. Le journal européen Contexte ne leur attribue plus que 167 sièges, contre 215 actuellement. La CDU, pilier du PPE, recule dans tous les scrutins régionaux en Allemagne. En Italie, en Espagne, dans ces grands pays ayant envoyé traditionnellement de fortes délégations de conservateurs à Strasbourg, les droites classiques sont aussi en fort recul. En France, Les Républicains craignent de perdre un gros tiers de leurs troupes et de ne plus pouvoir prétendre qu’à une douzaine d’eurodéputés en mai. S’il était confirmé, cet effritement important handicaperait forcément les chances de M. Weber de succéder à M. Juncker. L’heureux ou heureuse élue sera plus probablement la personne la plus capable de construire une coalition de partis pro-européens, qui héritera du bureau du Luxembourgeois au 13e étage du Berlaymont, le siège de la Commission à Bruxelles. M. Weber, plutôt identifié à droite du PPE, n’est pas le mieux placé. Dans ce cas de figure, Margrethe Vestager, la très médiatique commissaire danoise à la concurrence ou Michel Barnier, le M. Brexit des Européens, conservent leurs chances. Lire aussi : Les droites européennes désignent leur candidat pour 2019 Joseph Daul, le président du PPE, a assuré à Helsinki que le champion du parti serait « leur premier choix » comme président de la Commission, mais il n’a pas exclu, en creux, un deuxième ou un troisième choix. C’est probablement la raison pour laquelle une partie des eurodéputés conservateurs français fantasment encore sur Michel Barnier, qui a acquis une stature de quasi-chef d’Etat grâce à sa maîtrise des négociations du Brexit, mais qui n’a pas pu participer à la primaire interne : il doit d’abord décrocher un accord avec Londres sur la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
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