Emprisonné grâce à la complicité RDC-RCA, Jean Pierre Bemba, malgré les trois ans de privation de liberté, n’est-il pas actuellement mieux en sécurité en Hollande, en réserve pour la république, que si il était à Kinshasa?
La vie politique est insolite, elle n'obéit à aucune logique parfois elle
peut réserver des surprises inattendues. Les actes condamnés au début et qui
étaient considérés néfastes ou porteurs de malheur peuvent, à l'instar du
grigri, se retourner et être salvatrices devenir porte bonheur en faveur du
condamné alors qu'ils étaient dénoncés avec véhémence.
C'est le fameux retour de la manivelle, qui confirme l'adage de l'arroseur
arrosé.
Tout semble converger aujourd'hui malgré plusieurs démentis du gouvernement,
que si JP Bemba était au Congo à ce jour, il ne serait pas encore vivant.
Toute la machine politico-militaire qui était mise en route pour le
neutraliser n'avait pas seulement comme avec mot d'ordre de l'écraser, il
fallait l'occasion faisant le larron, l'éliminer physiquement.
Surement, comme le relevait madame Braeckmann dans son article publié
récemment dans le cadre du cinquantenaire, cette machine bien huilée
n'aurait pas pu le manquer.
Les attaques sur sa résidence alors en compagnie d'une importante délégation
des diplomates accrédités à Kinshasa, les évènements du 21, 22 et 23 mars
2007 suivis de l'évacuation avec toute sa famille pour l'Europe atteindra
le summum avec son arrestation le 24 Mai 2007 à Bruxelles, avec la
complicité bienveillante de la république. Son transfèrement au Pays-Bas
s'effectuera encouragé sinon dans l'indifférence générale de Kinshasa qui
n'aurait pas demandé moins.Tous ces évènements ne démentent pas.
Alors que son parti et ses avocats, arguments à l'appui, se débattent pour
que triomphe le droit, JP Bemba étant entraîné dans ce procès inique et
inégale dont les véritables antagonistes réconciliés, vivent paisiblement à
Bangui; et pendant que le tribunal examinait sa requête sur sa demande de
mise en liberté provisoire, comme cerise sur le gâteau, la trahison viendra
des ses propres anciens compagnons de lutte qui entretemps sont passés à
l'autre côté du Rubicon. Certains dans un cynisme total, feront
mystérieusement mitrailler leurs habitations, pendant que les autres feront
circuler des tracts contenant des menaces de mort comme si JP Bemba les
avait personnellement proférées, tout ça, pour impressionner la cour, dans
le cas où ils seraient convoqués à témoigner devant celle-ci.
Le décès du père, les différents rebondissements dans ce dossier, entretemps
évidé de sa responsabilité directe, viendront compléter le registre déjà
sinistre qui sent une cabale, un véritable règlement de compte politique
d'une complexité démoniaque fomentée par les autorités de son propre pays.
Tous ces évènements malgré leur rudesse, ont indéniablement, forgé et
endurci l'homme. Ils peuvent l'avoir atteint dans son for intérieur en tant
qu'être vivant, nous n'en disconvenons pas. Mais paradoxalement, ils l'ont
grandi, et exceptionnellement, ils ont mis J P Bemba à l'abri du risque de
l'élimination physique auquel il était exposé et auquel il n'aurait surement
pas échappé à Kinshasa.
Tout le monde convient après plusieurs analyses concordantes, que la
présence de Bemba au Congo ne l'aurait jamais exempté ni des provocations et
des soubresauts de violences,(parfois provoqués sciemment par le pouvoir) ni
des réactions de sa part que le pouvoir attendait justement comme alibi, et
malgré le support populaire, devaient lui être fatals.
Le régime avec la horde de ses exécuteurs testamentaires et
assermentés,avait mis tout en œuvre pour une stratégie de mise à mort
sans faille à
laquelle Jean Pierre Bemba fut in extremis, miraculeusement sauvé par la
Monuc. Kabungulu, Chebeya et son compagnon d' infortune et plus tant
d'autres encore n'ont pas eu cette chance.
Il n'est peut-être pas avenant de dire que Bemba, dont les longs mois de
privation de liberté et des frustrations ont durement mis le mental à
l'épreuve se tire à moindre frais.Cest fut terrible pour sa famille. Mais il
faut affirmer aussi qu'il est incontestablement devenu un homme beaucoup
plus mûr, plus équilibré et plus réfléchi car forgé par les situations d'une
acéracée extrême.
La situation sur le terrain aujourd'hui démontre que si Bemba a la veine
d'être libéré, même à trois mois des élections, même sans campagne faite, il
fera trembler le régime; c'est le moment implacable que Kinshasa redoute à
chaque instant.Car Jean Pierre libéré, est une machine foudroyante à même de
battre n'importe quel candidat. La république en le martyrisant, l'a bonifié
en lui forgeant un service d'une propagande sans pareil dont il n'avait pas
besoin.
L'hystérie et l'inquiétude qui s'emparent de la classe politique congolaise
chaque fois qu'en Hollande, la cour est amenée à se réunir pour examiner le
dossier Bemba sont manifestes.
Le président national de l'UDPS ne vient-il pas de reconnaître explicitement
orbi et orbi, au micro de la VOA, à la grande surprise de tous que c'est JP
Bemba qui était sorti gagnant des élections truquées de 2006, chose
étonnamment saisissante, que le PN n'aurait jamais osé affirmer publiquement
avant, et quelque soient les circonstances!
Tirer profit, transformer cette poisse, tous ces coups reçus mais sans
rancune en une armée de victoire, sera un exercice, signal fort, qui sonnera
le glas et la fin de ce régime .
On peut simplement se demander : Et si en revanche, malgré toutes les
vicissitudes traversées JP Bemba en prison, en attendant les élections,
était en réserve pour la république! Certains diront que ce n 'est qu'un
rêve. Peut-on empêcher qui veut de rêver?
Kabeya Kandolo du mlc.
Propos recueillis par E R. Kilunga Matshozi.