On le découvre sur une photographie datée du 8 octobre 1873, assis dans un fauteuil Louis XVI en tenue militaire occidentale, pantalon et veste ajustés à galons, raie sur le côté, fine moustache, sabre à la ceinture, un bicorne posé près de lui. C’est l’une des très rares représentations photographiques de l’empereur Mutsuhito (1852-1912), dont le règne, de 1867 à 1912, se traduisit par une transformation tellement radicale du Japon qu’on lui a donné le nom d’ère « Meiji » (« politique de la lumière »). Cette photographie figure en ouverture de l’exposition « Meiji, splendeurs du Japon impérial », présentée au Musée national des arts asiatiques-Guimet, à Paris, à l’occasion des 150 ans du début de cette période. Une époque d’ouverture du pays sans précédent, après deux cent cinquante ans de repli sur soi, qui s’accompagne de bouleversements dans tous les domaines – politique, économique, sociétal, religieux, culturel, artistique.
« Le Japon devenu empire se dotera d’un Parlement, d’un code civil de droit romain, d’une conscription mettant à bas les reliques de l’antique système des samouraïs, interdira le port du sabre, encouragera l’adoption du costume occidental, s’industrialisera à une vitesse étonnante, changera l’aspect de ses villes… » , expose Sophie Makariou, présidente du Musée Guimet et commissaire de l’exposition, avec le conservateur Michel Maucuer. Le pays entend désormais faire rayonner ses talents à travers le monde, et les artistes ont pour mission d’exalter sa puissance créatrice. Un goût pour le « japonisme », alimenté par les récits d’écrivains-voyageurs tel Pierre Loti (1850-1923) et par les industriels collectionneurs comme Emile Guimet (1836-1918) ou Henri Cernuschi (1821-1896), se manifeste alors en Occident.
Plus de trois cents pièces – porcelaines, céramiques, étoffes, laques, peintures, sculptures, meubles – témoignant de cette virtuosité ont été réunies grâce à de nombreux prêts, une part venant des…