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-Recherché par la justice congolaise, Roger Lumbala, cadre de l’ex-Mouvement du 23 mars (M23), se trouverait présentement à Kigali qu’il a rejoint le vendredi 11 avril à partir de Kampala (Ouganda). Kinshasa appelle aujourd’hui ses deux voisins à le livrer pour répondre de ses crimes. Cette affaire risque de constituer une épine sous les pieds de Kigali et Kampala ou donner lieu à une brouille entre les trois voisins.
Le M23 défait, c’est aujourd’hui Roger Lumbala, l’un de ses cadres, qui se trouve au centre des préoccupations de Kinshasa. Le petit indice qui a éveillé l’attention de Kinshasa est ce déplacement, presqu’inattendu, de Kigali (Rwanda) effectué depuis le vendredi 11 avril 2014 par Lumbala au départ de Kampala (Ouganda).
Kinshasa, qui se fonde sur les informations relayées dans les médias, a aussitôt redéployé l’épée de Damoclès qui reste toujours suspendu sur la tête de Roger Lumbala. Poursuivi par la justice congolaise pour de nombreux crimes commis sur le sol congolais, Kinshasa réclame mordicus la tête du député déchu Lumbala. Il exige, à cet effet, la pleine coopération de ses deux voisins, au regard, rappelle-t-il des engagements librement souscrits dans le cadre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba.
Hier lundi devant la presse, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, s’est longuement attardé sur cette question, estimant que « le gouvernement de la RDC engage ses partenaires ougandais et rwandais à respecter les obligations qu’ils ont librement contractées en signant l’accord-cadre d’Addis-Abeba ».
Pourquoi s’agite-t-on alors à Kinshasa ? Le porte-parole du gouvernement a pris le temps de recadrer. Il note qu’« en des temps ordinaires et pour n’importe quel autre citoyen congolais, cela n’aurait constitué qu’un fait des plus banals, la libre circulation des personnes faisant partie des droits garantis par la Constitution ». Cependant, poursuit-il, « il se fait que ces temps-ci sont perturbés et surtout que monsieur Lumbala fait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt de la justice congolaise. Le dernier en date de ces mandats porte sur des crimes déclarés non amnistiables sur lesquels ce compatriote doit être entendu par la justice de son pays ». Il dit aussi avoir préalablement informé Kampala et Kigali de « l’existence de ce mandat de justice en même temps que tous les autres pays membres de la CIRGL ».
Par ailleurs, Kinshasa s’étonne que Kampala ait pu permettre à Roger Lumbala de faire le déplacement de Kigali. Il en est de même pour Kigali qui a curieusement accueilli à bras ouverts quelqu’un qui s’est volontairement soustrait à la justice de son pays. « C’est pourquoi, dit Lambert Mende, nous sommes fort préoccupés de savoir que M. Lumbala a pu, malgré tout, séjourner en Ouganda et quitter ce pays pour se rendre à Kigali où, selon toute vraisemblance, il séjournerait encore ».
Un saut dans le vide
Kinshasa a-t-il les chances de faire aboutir sa démarche ? Ce n’est pas évident. Dans tous les cas, la démarche de Kinshasa est normale sur le plan de la forme. Il y a des choses qu’il reproche à Roger Lumbala. Mais c’est dans l’application de cette demande d’extradition que tout se complique. Du fait de l’absence de volonté de coopération de la part de Kampala qui a accordé son hospitalité à Lumbala en qualité de délégué du M23. Et dire que pendant toute la tenue des pourparlers directs entre la RDC et le M23, Kinshasa n’avait nullement soulevé l’exception du cas Lumbala. Surtout que, par moment, Roger Lumbala s’est présenté comme chef de la délégation du M23 dans la capitale ougandaise.
Que se serait-il donc passé entre-temps pour que Kinshasa se ressaisisse subitement du cas Lumbala ? Devant la presse, Mende a tenté d’effleurer le problème, sans pour autant y aller en profondeur. C’est notamment lorsqu’il rappelle qu’en temps normal, la présence de Lumbala à Kigali n’aurait soulevé aucune inquiétude, le droit de déplacement étant reconnu à tout Congolais. Or en reconnaissant que « ces temps-ci sont perturbés », l’on pressent que Kinshasa est au courant d’un coup fourré qui se préparerait contre lui entre Kigali et Kampala.
Quid ? Kampala a récemment manifesté son intention de coopérer pleinement autant avec la justice congolaise qu’internationale pour livrer les fugitifs du M23 présents sur son sol. Une démarche unilatérale que Kinshasa a prise avec des pincettes, pour la bonne et simple raison que l’on ne sait pas cerner la sincérité de l’Ouganda.
Le cas Lumbala risque de brouiller une fois de plus les rapports souvent tendus entre les deux voisins. En décidant de renvoyer Roger Lumbala à Kigali, Kampala a juste cherché à se débarrasser d’un colis gênant, sachant Kigali ne pourra jamais livrer Lumbala à la justice congolaise. Il n’existe pas entre les deux capitales des accords d’extradition. Raison pour laquelle les Nkunda, Mutebusi et autres ont trouvé refuge à Kigali et sont rassurés de ne jamais être livrés à la justice congolaise. Roger Lumbala fera-t-il exception ? Difficile à dire.
Pour l’instant, seul le Rwanda connaît les raisons profondes de son refus de coopérer avec la RDC. L’Ouganda est sur ses traces. Preuve qu’il existe un deal entre Kigali et Kampala, au détriment de Kinshasa. Le jeu diplomatique dans les Grands Lacs est basé sur l’hypocrisie et les faux fuyants où naïveté et crédulité font bon ménage.
Le Potentiel