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-Ali Bongo vient d’être réélu, pour un second mandat, président du Gabon avec 49,80% des voix, selon le ministère de l’Intérieur. Le taux de participation s’élève à 59,46%. L’opposition conteste le score de l’élection et des heurts ont lieu ce mercredi dans certains quartiers de Libreville.
■ La tension était encore très vive ce mercredi soir dans la capitale : grands axes coupés sur le front de mer, check points, véhicules blindés aux carrefours et commerces fermés. La grande majorité des habitants sont restés cloitrés chez eux.
Mais avec l’arrivée de la nuit, la situation s’est un peu calmée à Libreville, après une après-midi de violences qui ont commencé très vite, juste après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo.
Des échauffourées ont notamment éclaté dans le quartier populaire de Nkembo. Des premiers tirs de grenades assourdissantes ont été entendus pendant que des hélicoptères tournaient dans le ciel.
Des groupes d’opposants ont convergé vers l’Assemblée nationale. Ils sont parvenus à entrer dans la cour. Un incendie s’est ensuite déclaré aux abords du Parlement. Des manifestants ont également visé la Radio-Télévision gabonaise, avec là encore des violences : grenades lacrymogènes contre pierres.
Des heurts ont également éclaté à Nzeng Ayong, où l’immeuble du vice-Premier ministre Paul Biyoghe-Mba a été incendié.
A l’échangeur de Charbonnages, le centre commercial ABC mall a été vandalisé, ainsi que l’agence d’Ecobank à l’intérieur. Plusieurs chaines de distribution ont été prises pour cibles, mais aussi des magasins libanais au PK7 et PK6.
Enfin, à plein ciel, un autre quartier populaire, des manifestants qui voulaient brûler une station-service ont été repoussés par les forces de sécurité. Des échauffourées s’en sont suivies pendant au moins une heure.
Des manifestants sont aussi descendus dans la rue à Port-Gentil, la deuxième ville du pays qui est acquise à l’opposition. Selon un habitant, les opposants ont été dispersés à coups de canons à eau.
■ Jean Ping, l’ancien ministre aujourd’hui opposant, dénonce le résultat. Selon lui, les chiffres ont été manipulés notamment dans cette province du Haut-Ogooué, la région d’origine de la famille Bongo et d’après les chiffres officiels, Ali Bongo y a remporté plus de 95% des suffrages. Le taux de participation, lui, frôle les 100%.
Paul Marie Gondjout, commissaire pour l’opposition à la Cenap, est sorti du bâtiment en colère en déclarant qu’« on essayait de voler le choix des Gabonais ». Il a parlé d’un « mensonge éhonté » avec « un score digne d’une dictature » dans le Haut-Ogooué. Un membre de l’opposition a présenté à la presse les résultats, selon lui truqués par la Cenap, dans cette province.
Sur huit membres de la Cenap, quatre seulement ont approuvé les résultats annoncés il y a une heure par le ministre de l’Intérieur. Le ministre de l’Intérieur est arrivé quelques dizaines de minutes plus tard pour les valider.
■ Le ministre de l’Intérieur a donné les résultats fournis par la Cenap à 17h (heure de Paris), la commission électorale gabonaise. Ali Bongo a donc été réélu avec 49,80% des voix. Son adversaire Jean Ping obtient 48,23% des voix. Le taux de participation est de 59,46%.
L’ancien ministre a remporté six provinces contre trois pour le président réélu. Jean Ping l’emporte largement notamment dans les deux provinces où se trouvent Libreville et Port-Gentil, les deux plus grandes villes du pays.
Cet après-midi, un litige a éclaté au sein du Bureau de la Cenap, l’instance décisionnaire de cette commission. Les membres de l’opposition se sont abstenus de voter mais le vote a été validé.
RFI