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Gécamines : La « mort programmée » d’une géante industrie minière en RDC


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La cheminee de l'usine Gecamines Lubumbashi
La cheminee de l’usine Gecamines Lubumbashi

-Une lettre ouverte des Patriotes katangais aile radicale (Pakar), un parti politique katangais, alerte les notables de la riche province minière  du Katanga (sud-est de RD Congo de la « mort programmée » de la Générale des carrières des mines (Gécamines), un des fleurons de l’industrie congolaise, annonce le journal en ligne Afrikarabia dans une analyse publiée vendredi 10 juillet 2015 sur son site.
En cause : la mauvaise gestion de l’équipe dirigeante
« Rien ne va plus à la Gécamines », dénoncent les Pakar dans trois lettres envoyées en mars, avril et mai 2015 à des personnalités de Lubumbashi, la capitale du cuivre.
Presqu’un an après le limogeage de son directeur général, le géant minier semble toujours naviguer à vue, entre opacité et corruption, après le renvoi du directeur général  de la Gécamines, Ahmed Kalej Nkand, pour des motifs essentiellement politiques.
« Albert Yuma, le tout puissant président  du Conseil d’administration de la Gécamines, avait annoncé un ambitieux programme de production sur 16 mois. Un plan de développement qui semble toujours au point mort », selon les Pakar.
Plan de relance en panne
Le constat de ce parti politique katangais est sans appel pour la gestion de l’entreprise minière : « une production quasi nulle, des unités à l’arrêt comme dans le concentrateur de Kambove, des contrats toujours aussi opaques, des finances dans le rouge et une situation sociale calamiteuse (accumulation d’arriérés de salaires, mise à la retraite sans paiement, travailleurs clochardisés…) ».
Le programme de relance de la Gécamines prévoyait une production totale de 51.000 tonnes de cuivre, soit une moyenne de 3.000 tonnes par mois
« En outre, 34 millions de dollars ont été prévus pour financer le projet », indiquent les Pakar qui critiquent un « programme mal conçu et mal ficelé ».
« Huit mois après le lancement de ce programme, la production ne dépassait pas 7.200 tonnes, contre les 23.500 tonnes prévues. Seulement 28% du programme avaient été réalisés. Le programme d’Albert Yuma s’achemine vers un échec », envisagent-ils.
Deux projets de construction avaient été mis sur pied pour soutenir ce programme : l’un à Kanfundwa et l’autre à Shituru. Ces deux modules devaient contribuer à la production à hauteur de 15.200 tonnes de cuivre. Pour le moment, ils ne sont toujours pas encore opérationnels.
Gabegie financière
Le rapport des Pakar dénonce les pratiques peu orthodoxes de la Gécamines avec certains de ses fournisseurs.
Parmi les exemples cités, il y a celui de TCB (Technology Business Company) qui a été payé de 600.000 dollars pour l’achat de pièces de rechange pour réhabiliter le concentrateur de Kambove. Visiblement, ce fournisseur n’avait jamais passé un si gros contrat avec la Gécamines.
Le Directeur financier avait alors refusé de payer à l’avance ce fournisseur dont « la notoriété et le professionnalisme n’étaient pas encore prouvés ». Mais, la somme a tout de même été décaissée par la Direction générale (DG), pendant un déplacement du Directeur financier.
Selon le rapport, « non seulement le fournisseur a livré des pièces de rechange d’occasion récupérés dans un concentrateur de Zambie, mais surtout ces pièces se sont révélées non conformes ». Résultats : le concentrateur de Kambove est à l’arrêt et continue à connaître des problèmes, « malgré les sommes énormes dépensées ».
« Dans cette affaire, les Pakar pointent la proximité entre le fournisseur et le DG par intérim, Jacques Kamenga Tshimwanga, tous deux originaires du Bandundu. Les  nombreux concentrateurs de la région gérés par d’autres compagnies (Boss Mining, KCC ou CMSK), fonctionnent eux parfaitement, souligne le parti politique.
« Gouvernance autoritaire »
Qu’est-ce qui ne va pas à la Gécamines ? Les anciennes sociétés d’Etat sont devenues petit à petit des sociétés commerciales, gérées comme des entreprises privées avec pour objectif la productivité et la rentabilité.
Problème à la Gécamines : « la productivité est chancelante et la rentabilité nulle», affirment les Pakar. En cause : les deux organes qui gèrent la société minière : le Conseil d’administration (CA) et la Direction générale (DG).
Pour les Pakar, la cause de ces dysfonctionnements est à chercher du côté de la gouvernance de la société minière : « Depuis un certain temps, toutes les décisions ne sont plus prises de manière collégiale, mais unilatérale par le président du Conseil d’administration, Albert Yuma ».
Le document dénonce une présidence autoritaire qui peut « chasser ou réprimander à son bon vouloir ». Certains contrats seraient  négociés par le président sans en référer aux autres membres du Conseil d’administration.
La Gécamines serait donc gérée depuis Kinshasa et le rôle de Directeur général, réduit à celui d’un simple « garçon de courses ». De plus, le DG par intérim, Jacques Kamenga Tshimwanga, aurait peu de compétences dans le domaine minier.
Sur les traces de la MIBA ?
Pour apporter un éclairage plus tempéré à la charge des Pakar contre la gouvernance de la Gécamines, il faut aller chercher du côté de l’animosité quasi ancestrale entre « les Katangais » et « ceux de Kinshasa ».
« Qu’avons-nous fait, nous Katangais, pour mériter un tel DG à la tête de notre Gécamines ? Il ne rate pas une occasion pour tirer à boulets rouges sur les Katangais », tempêtent les Pakar. En creux, il faut y voir la violente lutte d’influence au sein du « clan des Katangais ».
Ce dernier vient en effet de jouer « un mauvais coup » au Katanga, en accélérant à marche forcée la décentralisation du pays, découpant la riche province minière en quatre nouvelles entités.
Un contexte qui n’enlève rien des  inquiétudes des Pakar, recoupées et relayées par de nombreuses ONG locales et internationales sur la mégestion de la Gécamines. Le Pakar tire la sonnette d’alarme et demande « un audit indépendant » pour y voir plus clair sur la situation de l’entreprise minière.
« Si rien n’est fait, la Gécamines risque de connaître le même sort que la MIBA, aujourd’hui à l’arrêt », préviennent en conclusion les Pakar.

Le Potentiel