Elle s’appelait Kathleen Annie Pannonica de Koenigswarter. Un peu long pour un titre de composition, alors pour l’évoquer par la musique, les musiciens de jazz ont utilisé son diminutif, « Nica », ou son prénom Pannonica, voire joué avec (Tonica, Inca… ). Ces musiciens, ce sont le saxophoniste Gigi Gryce, le trompettiste Kenny Dorham, plusieurs pianistes, dont Horace Silver, Thelonious Monk (il signe Pannonica et Ba-Lue Bolivar Ba-Lues-Are , pour le Bolivar Hotel, sur Central Park Ouest, où elle habita un temps).
Tous sont réunis dans un double album, Pannonica, A Tribute to Pannonica , présenté dans un petit livre au format à l’italienne. Une compilation de quatorze thèmes – une édition en 1 CD n’en présente que dix – déjà publiés dans les disques originaux des uns et des autres, à diverses périodes, de 1955 à 1982. Réunis ici, du solo au sextette, en l’honneur de celle qui fut protectrice des jazzmen des années 1950 à sa mort, en 1988, à l’âge de 74 ans. En reproduction, sur beau papier épais, des photographies de musiciens prises par la dame. Des instantanés, moments fugaces du quotidien, de concerts, de répétitions.
Elle était née à Londres, en 1913, fille de l’un des membres de la dynastie Rothschild, éduquée pour tenir son rang familial puis son rôle d’épouse, en 1935, du diplomate français et baron Jules de Koenigswarter, futur héros de la seconde guerre mondiale, au sein des Forces françaises libres (FFL). Dans le texte du livret, signé Yann Portail, l’on apprend qu’elle avait aussi rejoint les FFL, dès décembre 1940. En 1951, le couple se sépare ; il divorcera cinq ans plus tard. Pannonica de Koenigswarter part vivre à New York. Elle loue une suite au Stanhope Apartment Hotel, sur la Ve Avenue. Elle adore le jazz, passe ses soirées dans les clubs, aide les musiciens dans la mouise, les reçoit chez elle, les encourage, comprend leurs recherches artistiques.
Le scandale…