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Par JP Mbelu
La dernière sortie médiatique du Commissaire Européen au développement, l’e-ministre Belge des Affaires Etrangères fait couler beaucoup d’encre. Le journal Le Potentiel (de ce vendredi 18 décembre 2009) a même publié un article intitulé « En disant chercher des interlocuteurs appropriés » en RDC, Karel De Gucht provoque Joseph Kabila ». Le Ministre Congolais chargé de la Communication, a pour sa part, posé la question de savoir de quel Congo Karel De Gucht parlait.
Déployons un petit effort pour situer les propos de Karel De Gucht dans le contexte global de ce qui se passe chez nous. La sortie médiatique de Karel De Gucht coïncide avec l’ouverture, à Kinshasa, d’un forum sur la corruption. Le vice-premier Ministre qui a ouvert ce forum, Emile Bongeli, a confessé sa honte face aux proportions atteintes par la corruption dans notre pays.
Nous avons déjà oublié que Kabila s’est confié au New York Time au mois d’avril
Quelques mois avant l’ouverture de ce forum, au mois d’avril de cette année, voici ce que Joseph Kabila confiait à New York Time. A la question « Do you have the right people to help you? », Kabila répond après une longue pause: « Mobutu led this country for over 37 years. He created a political class and he created a mentality and we haven’t done away with that. The old ways are bad – corruption, misrule, mismanagement and all that. Our biggest mistake is that we have not found enough time to train and form our own cadres. You don’t need a thousand people to transform a country. No, you need 3,4, 10, 15 people with the necessary convictions, determined and resolute. Do I have those 15 people? Probably 5, 6, 7, not yet 15. »
Jusqu’au mois d’avril de cette année, Joseph Kabila n’avait pas encore trouvé, dans son entourage, 15 personnes convaincues, déterminées et résolues pour l’aider à transformer le Congo. En a-t-il trouvé après sa confession à New York Time? Non. La preuve est qu’il est devenu le seul maître à bord pour la gestion des finances du pays.
Tenez. Dans sa revue de presse d’hier (jeudi 17 novembre 2009) sur Congoforum, Guy De Boeck écrit: «Fort étrangement, une nouvelle est passée presque inaperçue dans la presse de ces jours derniers. C’est que, depuis le week-end dernier, Joseph Kabila tient tous les cordons de la bourse en RDC. La présidence vient d’annoncer le rattachement de l’Inspection générale des Finances (IGF) à ses services. Maintenant, seul le président de la République est habilité à “donner injonction à cette structure pour opérer des contrôles des différents services de l’Etat liés au fonctionnement de l’économie nationale et des services des douanes”. Néanmoins, la justice peut agir par voie de réquisition pour obtenir certaines informations. Le communiqué précise également les attributions de l’inspecteur général et confirme “que les membres de l’IGF sont des fonctionnaires avec un statut particulier”. Le président congolais souhaite donc prendre la haute main sur les finances de l’Etat après plusieurs différents au sein de l’exécutif gouvernemental. . Une reprise en main qui intervient également à moins de deux ans des élections présidentielles de 2011. » (Cette information donnée par Guy De Boeck peut être lue dans le journal DIA). Donc, la seule personne non-corrompue et capable de mieux contrôlée les finances publiques en RD Congo s’appelle Joseph Kabila.
Pour dire les choses autrement, Joseph Kabila va plus loin que Karel De Gucht. Il disqualifie tout l’appareil exécutif et reste le seul maître à bord. Lui Joseph Kabila se débarrasse des « interlocuteurs non appropriés ». Il aurait mieux fallu que nous puissions entendre le commentaire de Lambert Mende sur cette « dérive dictatoriale ».
Karel De Gucht s’est-il contredit ?
Non. Lui qui a toujours dénoncé les privilèges fabuleux de certains Congolais est revenu sur la violence qui sévir au Congo et il dit ceci : « Nul ne doute que le rapprochement politique et diplomatique entre le Rwanda et la RDC puisse être bénéfique pour la stabilité de la région et permette, si la bonne volonté existe, de deux côtés, de conduire à une coexistence pacifique et une coopération profitable aux deux pays au sein d’une CEPGL redynamisée. » Et il ajoute : « Toutefois ceci n’est que le début d’un chemin qui est encore long et plein de difficultés. »
Parmi les facteurs rendant ce long chemin périlleux, Karel De Gucht cite : l’exploitation illégale des ressources naturelles, l’impunité dans une veste zone de non-Etat où la puissance publique non seulement est incapable d’assurer le contrôle du territoire mais dont les représentants font souvent partie du problème. » De Gucht remet en question l’accord Rwanda-RDC ayant parmis « de neutraliser temporairement le CNDP et les revendications inacceptables de Laurent Nkunda ». Il estime que cet « accord s’est tout simplement soldé par le remplacement de Nkunda par Bosco Ntaganda, plus malléable et prêt à n’importe quel compromis, en échange d’une immunité en violation de toutes les dispositions internationales en matières de crimes contre l’humanité que ni le Rwanda ni la RDC ne sont en droit ni en position de lui accorder. » Il pense qu’ « à ce jour, l’intégration hâtive du CNDP dans une armée inefficace et proie de la gabegie comme les FARDC, l’accroissement d’un pouvoir autonome de Bosco Ntaganda par la mise en place d’une chaîne de commandement parallèle au sein des FARDC auquel le paiement irrégulier des militaires et l’absence de toute forme de discipline et hiérarchie fournissent un terrain fertile ; un appui de la Monuc aux opérations militaires contre les FDLR qui n’est pas suffisamment encadré et calibré ; le manque de réponse face aux revendications des minorités rwandophones … » peuvent aggraver la tragédie congolaise dans un proche avenir. Pour lui, l’argument qui consiste à évoquer les élections ayant eu lieu au Congo pour faire croire à la bonne marche du pays ne suffit pas.
Il est d’avis que « les élections sont un élément de la démocratie mais il ne faut pas oublier la nécessité de continuer à soutenir les institutions et les forces politiques dans une dimension dialectique avec l’opposition, sans laquelle nous ne seront pas dans un système politique ouvert. (…) Consolidation du système démocratique, bonne gouvernance, volonté politique : voici les éléments clés sur lesquels nous voudrions bâtir notre partenariat d’égal à égal avec la RDC. » (Nous recourons aux extraits de la traduction française de la Déclaration de la Commission (que dirige Karel De Gucht) sur la violence en République Démocratique du Congo. Cette Déclaration faite à Strasbourg le 16 décembre 2009 est plus riche que les petites phrases montées en épingle par les médias.) Bâtir sur ces trois éléments clés exige « des interlocuteurs appropriés ». Karel De Gucht le souhaite. Joseph Kabila le confirme en cherchant dans son entourage 15 personnes introuvables et en devenant seul maître à bord pour les finances.
Il y a un autre débat que pourrait susciter la Déclaration de Karel De Gucht. Son silence sur les instruments juridiques à promouvoir pour contraindre les transnationales à répondre de leur implication dans les violences faites aux Congolais(es) et sa remise sur l’espace public européen la question de la protection des « minorités » rwandophones (ce prétexte auquel « ces tueurs tutsi » ont eu recours pour cacher leur coopération dans l’exploitation illégale des ressources naturelles de notre pays).
En marge de ce débat, sa Déclaration est faible par rapport aux propos tenus par Joseph Kabila au New York Time et aux actes qui les ont suivis dont la confiscation de la gestion des finances du pays.
Hélas ! Nos journalistes et plusieurs d’entre nous avons déjà oublié que Joseph Kabila est constamment à la recherche de 15 oiseaux rares après qu’il ait disqualifié tout son entourage au début du mois d’avril 2009. Nous ne voulons pas parler de sa récupération de la caisse de l’Etat. Amnésie quand tu nous tiens, nous devenons lâches et complices de nos misères ! Nous nous condamnons à répéter l’histoire au lieu de la faire !
J.-P. Mbelu