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Kinshasa affamée doute de l’effet des concertations nationales


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Concertations- photos 1– “Je n’ai pas envie de parler de ça!” lâche une femme assise à une buvette. A Kinshasa, on a souvent d’autres préoccupations que les “concertations nationales” qui se tiennent depuis quelques jours dans la capitale de la République démocratique du Congo.

A cette buvette proche de la gare centrale de la deuxième plus grande ville d’Afrique, non loin du fleuve Congo, d’autres tempêtent qu’ils ne s’intéressent pas à “la politique” quand on évoque les assises ouvertes le 7 septembre par le président Joseph Kabila, dont la réélection, en 2011, est contestée.

Antoine, auditeur financier “au chômage depuis dix ans”, explique pour sa part que ces concertations censées mettre un terme à la crise politique, sociale et sécuritaire que traverse la RDC “ne vont pas donner ce que la majorité de la population attend”.

La RDC, ex-colonie belge, est riche en ressources naturelles (minerais, pétrole, gaz, bois) mais près de 90% de ses 68 millions d’habitants vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. Le pays est dernier au classement de l’indice du développement humain de l’ONU.

Alors, ce que “la majorité de la population attend”, c’est de “remplir son ventre, envoyer ses enfants à l’école, de bonnes infrastructures – écoles, hôpitaux… -, de l’eau, de l’électricité”, tranche Antoine, qui boit un verre avec deux amis.

Quelque 800 délégués représentant la majorité, une petite frange de l’opposition, et une partie de la société civile et de la diaspora participent aux concertations autour de cinq grands thèmes: gouvernance et réforme des institutions, économie, désarmement et démobilisation des groupes armés, conflits communautaires, paix et réconciliation, et décentralisation et renforcement de l’autorité de Etat.

“Des gens de pouvoir déguisés en opposants”

L’Est de la RDC est en proie depuis deux décennies à des groupes armés locaux et étrangers. “Concertations nationales, l’Union fait le Congo”, “Stop à l’agression, aux viols, au pillage des ressources”, “Tous debout unis pour la paix et l’intégrité du Congo”, annoncent des affiches, banderoles ou autocollants.

“J’ai espoir pour un règlement de la crise”, estime Jean-Robert, un changeur de monnaie qui vend également du crédit téléphonique et des mouchoirs.

Les assises pourraient “être une bonne solution car ça avait marché avec le système 1+4”, se souvient Blanche, employée d’une société de construction. Ce système – une transition (2003-2006) avec un chef d’Etat et quatre ex-chefs rebelles nommés vice-présidents – avait aidé le pays à sortir de la guerre.

Mais cette fois-ci, les principaux groupes armés n’ont pas été invités aux concertations. Et l’opposant Etienne Tshisekedi, rival malheureux de M. Kabila aux élections de 2011, qui s’est proclamé “président élu”, boycotte les assises.

Certains le lui reprochent. “Si Tshisekedi a refusé d’aller là-bas, c’est qu’il ne veut pas le bonheur du Congo”, lance Jean-Robert. “C’est l’intérêt des Congolais qui compte, pas celui d’un individu. Il cause du tort aux Congolais”, renchérit Danny, gérant d’une boutique de quincaillerie.

Pour Jean-Marie Lokoto, le gros problème est que “l’Etat n’existe pas”.

“C’est la énième fois qu’on organise ce genre de conférence. A chaque fois, des gens trouvent des postes de ministres mais le peuple ne trouve pas son compte”, dit ce syndicaliste, en faisant allusion à la formation d’un gouvernement d’union nationale, évoquée par le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo.

Pour lui, les opposants présents aux concertations sont “des gens de pouvoir déguisés en opposants”, et “les délégués qui sont là le sont pour leur intérêt”.

AFP

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