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L’Opposition désormais en ordre de bataille pour 2011


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PAR Marcellin MANDUAKILA (KongoTimes)

Décembre 2010 aura décidément porté bonheur à l’opposition face à la crainte de voir la majorité occuper l’espace à longueur de journées en promettant déjà de faire élire Joseph Kabila au premier tour en 2011. Là où, seul le MLC semblait encore se signaler, voici que d’autres figures viennent apporter leur contribution pour calmer les ardeurs de la coalition au pouvoir, en apportant le souffle qui faisait tant défaut pour un jeu politique équilibré en 2011 entre les deux camps politiques en présence (majorité et opposition) qui semblent maintenant parés pour la bataille de 2011.

L’absence du «Chairman» du MLC, Jean-Pierre Bemba, aux prochaines échéances électorales, si jamais la Cour pénale internationale ne l’acquittait pas, ne sera plus ressentie avec autant de crainte dans l’opposition. Car, d’autres calibres politiques viennent renforcer ce camp pour la bataille de 2011. Il s’agit d’Etienne Tshisekedi avec son UDPS et de Vital Kamerhe avec l’UNC. Ces deux poids lourds se sont jetés dans la bataille pour le compte de l’opposition dès leur première annonce, à partir de l’Europe pour le leader de l’UDPS et à l’issue de sa conférence de presse pour l’ancien speaker de la chambre basse du Parlement. A y regarder de près, il y a, au total, quatre têtes d’affiche qui sont mises en exergue aujourd’hui dans le camp de l’opposition. Il s’agit d’Etienne Tshisekedi, leader de l’UDPS, François Muamba, patron du MLC en dehors de Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe, n°1 de l’UNC et Ne Muanda Nsemi, président de Bundu dia Mayala.

UDPS : TSHISEKEDI CANDIDAT AVANT L’AVAL DU CONGRES
Etienne Tshisekedi, semble très visiblement déterminé, aux yeux des observateurs avertis, à prendre sa revanche après avoir fait les frais du boycott électoral décrété lui-même en 2006. C’est de la sorte qu’à partir de l’Europe où il venait de passer trois ans pour raison de santé, il a fait d’une pierre deux coups: il a ainsi annoncé, non seulement son retour au pays pour reprendre du service, mais aussi et surtout sa candidature à la magistrature suprême et cela sans attendre l’aval du congrès de son parti comme c’est généralement la procédure en la matière. C’est finalement mardi dernier que le congrès de l’UDPS a endossé sa candidature. En fait, le congrès n’a finalement eu pour tâche que de prendre acte de la décision irrévocable du «lider maximo» de l’UDPS qui n’entend pas, cette fois-ci, demeurer en dehors des institutions de la République.

MLC : A DEFAUT DE BEMBA, MUAMBA
Du côté du MLC, l’on se réserve encore en attendant la suite que la Cour pénale internationale accordera au procès de Jean-Pierre Bemba. Au cas où cette Cour déciderait de la poursuite de cette affaire, le MLC n’aurait pas d’autre choix que d’aligner François Muamba Tshishimbi, son secrétaire général, qui fait l’intérim du «Chairman».

Dans tous les cas, en sa qualité de deuxième force politique en RDC au terme des élections de 2006, il est à écarter que le MLC soit absent de la bataille pour la présidentielle 2011. Même ses militants ne comprendraient pas pareille posture après tant d’espoirs. Car, après l’exploit réalisé en 2006, le parti cher à Jean-Pierre Bemba a un défi à relever pour conserver son poids sur l’échiquier politique congolais. Vu sous cet angle, plus qu’un défi, c’est un devoir et même une responsabilité.

UNC : BIEN QUE TENTE, VITAL KAMERHE PREFERE ATTENDRE LE CONGRES
Président national de l’UNC et principal leader de ce parti, Vital Kamerhe semble, lui aussi, tenté par la course pour la présidentielle 2011. A la seule différence peut-être que, contrairement au leader de l’UDPS, le légaliste Vital Kamerhe préfère attendre le congrès de son parti, prévu dans un mois indique-t-on, pour ôter le voile qui couvre encore ce mystère. Mais, de l’avis des observateurs, très ambitieux, Kamerhe ne ratera jamais l’occasion de s’affirmer sur la scène politique en visant le plus haut possible.

Car, même s’il refuse de le dire ouvertement, Vital Kamerhe a un défi à relever, celui de confondre ses anciens pairs qui l’avaient enterré trop tôt. En fait, l’homme de Bukavu tient à refaire, ne fût-ce qu’en partie aujourd’hui, la grande tournée qu’il avait effectuée autrefois en tant que secrétaire général du PPRD afin d’expliquer le sens de sa démarche à ses électeurs et à ses sympathisans, d’imposer son parti sur le terrain et négocier demain en position de force.

BUNDU DIA MAYALA : NE MUANDA NSEMI N’A PAS DIT SON DERNIER MOT
Encore un autre leader de l’opposition tant redouté par le pouvoir, Ne Muanda Nsemi, président national du parti dénommé Bundu dia Mayala et ancien leader de la secte politico-religieuse Bundu dia Kongo très populaire surtout dans le Bas-Congo. Le BDK, sans arme on s’en souvient, avait affronté les éléments de la Police nationale à Luozi et dans le Bas-fleuve et cela s’était soldé, à l’époque, par mort d’hommes. Depuis, tout avait été mis en oeuvre pour empêcher le député national Ne Muanda Nsemi de mettre ses pieds dans le Bas-Congo, même lors des vacances parlementaires.

Bundu dia Mayala, son parti, semble aussi faire peur de la même manière que la seule évocation des sigles BDK suffisait pour que certains compatriotes fassent des insomnies. Tout aussi charismatique que Gizenga et Tshisekedi, Ne Muanda Nsemi alias «Nlongi a Kongo» est, depuis les événements de BDK, très connu à travers la RDC, si pas physiquement, du moins ne fût-ce que par son nom qui semble indissociable des tristes événements survenus dans la province chère à Simon Kimbangu et Joseph Kasa-Vubu. Jusque-là, il n’a pas encore dit son dernier mot.

D’AUTRES LEDEARS QUI PEUVENT AUSSI APPORTER LEUR CONTRIBUTION
Outre les quatre têtes d’affiche ci-haut citées dans le camp de l’opposition, d’autres leaders ne manqueront pas d’apporter leur contribution sinon de se lancer aussi dans la course. Il s’agit de Léon Kengo, Gilbert Kiakwama, Roger Lumbala, Jean-Claude Vuemba, Lisanga Bonganga, Médard Lwakabuanga … et tant d’autres dans l’opposition non institutionnelle qui sont aussi à la tête de leurs partis politiques ou se démarquent plus que les autres. C’est dire à quel point l’opposition peut sérieusement inquiéter le camp de la majorité qui, jusqu’il y a peu, semblait évoluer sur un terrain conquis d’avance. Car, même si elle semblait donner l’impression de ne pas être prête pour les élections de 2011, l’opposition paraît, en tout cas, attendre le moment opportun pour passer à la vitesse de croisière.

D’ailleurs, en ce mois de décembre, tout indique que la famille politique à laquelle n’appartient pas le chef de l’Etat commence à réchauffer le moteur de ses voitures de course en prévision du coup d’envoi dont l’heure se rapproche chaque jour un peu plus. De quoi donc réjouir les amoureux de la course électorale, surtout pour la présidentielle 2011 parce que désormais convaincus d’assister à une grande partie comme en 2006.

L’OPPOSITION EN ORDRE DE BATAILLE POUR LES ELECTIONS
Désormais, l’opposition semble en ordre de bataille pour les élections de 2011 et 2012. Surtout que, avec l’arrivée de Vital Kamerhe, l’Est qui lui faisait tant défaut, faute de leader de poigne, semble accessible aujourd’hui. Car, la plupart des leaders de premier rang semblaient se recruter seulement à l’Ouest de la RDC. Or, Vital Kamerhe, le même qui avait imposé le camp du PPRD en grande partie à l’Est, a fait son entrée dans la famille de l’opposition avec armes et bagages, et sa tournée au Nord et Sud-Kivu ainsi que dans la Province Orientale comme pour expliquer à ses sympathisants le sens de sa démarche dans l’opposition, après les avoir, hier, invités à soutenir Joseph Kabila.

Peut-être que, plus qu’une simple démarche, il s’agit pour lui de solliciter leurs suffrages dans la course à la présidentielle 2011. S’il y a encore, au sein de la majorité, des leaders capables de mobiliser à l’Est, il faut tout de même reconnaître que Vital Kamerhe était, en 2006, le principal mobilisateur du PPRD à travers sa tournée dans toutes les provinces de la RDC parce qu’il demeure l’un des rares leaders maîtrisant les quatre langues nationales. Si d’autres petits leaders ayant pignon sur rue à l’Est sont dans le camp de l’opposition, cela contribuera grandement à crédibiliser la démarche de l’opposition.

EVITER LES ERREURS DU PASSE ET S’ACCORDER SUR L’ESSENTIEL
Toutefois, l’opposition doit d’abord accorder ses violons avant d’affronter la majorité qui a un grand avantage, celui d’être rassemblée autour d’un seul leader, Joseph Kabila, qu’elle compte d’ailleurs faire élire dès le premier tour de la présidentielle 2011. Face à ce grand défi, les forces de l’opposition doivent mettre sur pied une super plate-forme pour parler le même langage et harmoniser leurs vues sur l’essentiel. Cela passe par un protocole d’accord et un code de bonne conduite pour éviter que le quiproquo ne pousse certains partenaires vers des comportements fragilisant le camp de l’opposition. Faut-il qu’il y ait plusieurs candidats à la présidentielle 2011 ou un seul? Quelle serait la contrepartie de chacun en cas de victoire? Comment partager le pouvoir, en cas de victoire partielle ou totale, sans créer des fissures? Les accords doivent être clairs pour éviter les erreurs du passé où Etienne Tshisekedi, sous la transition mobutienne, ne semblait pas prendre en considération les exigences des alliés au point de les envoyer lui-même dans les bras de Mobutu, ou comme Jean-Pierre Bemba, pour avoir voulu tout accorder au MLC son parti au détriment de l’ABAKO ou autres forces, a fini par perdre des postes stratégiques aux gouvernorats de Kinshasa et du Bas-Congo.

Les erreurs du passé, c’est aussi la volonté de certains leaders de trop miser sur leur candidature à la présidentielle 2006, au lieu de penser aussi à avoir plusieurs députés tant nationaux que provinciaux. Certains acteurs politiques semblent même le regretter amèrement aujourd’hui parce que jugés trop gourmands à l’époque. Il s’agit donc, en toute humilité, de tirer les leçons du passé pour ainsi éviter que les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’opposition ne se fragilise et ne fasse, en fin de compte, que le lit de la majorité. Toutefois, jusque-là, ne fût-ce que sur papier, l’opposition part favorite dans la capitale, dans le Bas-Congo, dans les deux Kasaï, à l’Equateur et dans une partie du Bandundu. Il lui reste à batailler dur dans la province chère à Antoine Gizenga et surtout à conquérir l’Est de la Rd Congo qui a voté massivement pour le président Joseph Kabila en 2006.

GARE A UNE DEMARCHE SIMPLISTE LORS DE LA CAMPAGNE ELECTORALE
En 2006, on s’en souvient encore, certains acteurs politiques de l’opposition semblaient n’avoir pour mission que de diaboliser, et ce dans certaines provinces, Joseph Kabila Kabange sans mettre aucun accent sur leur projet de société pour se positionner en alternative crédible par rapport au pouvoir en place qu’ils ne cessaient de combattre. C’est de la sorte que l’opinion semblait même plus retenir de leurs discours que quelques expressions en guise de quolibets, en lieu et place de projets pouvant aider les électeurs à comprendre ce qu’ils proposaient en échange au cas où ils étaient élus à la magistrature suprême de la RDC. Face à des expressions frisant l’insulte, Joseph Kabila avait joué à la sagesse en leur répondant le plus simplement «momemimaki asuanaka te, abundaka te». En réalité, à force de s’acharner sur un seul homme, le seul candidat à la présidentielle du côté de l’AMP et peut-être le moins âgé de tous, l’opposition semblait ainsi loin de rassurer, par exemple, les électeurs des provinces de l’Est qui, sociologiquement et cela se comprend dans une certaine mesure en RDC, se considéraient plus proches de celui qui était insulté à longueur de journées que de ceux qui semblaient passer leur temps à l’insulter. Effet contraire, sans doute.

Or, pendant ce même temps, dans le camp de l’opposition, on assistait à une avalanche de candidatures à la présidentielle, même là où il était possible d’harmoniser pour réduire le nombre. Comment comprendre, par exemple, que cinq originaires de la province du Bas-Congo dont trois hommes et deux dames étaient tous candidats en parlant pour le compte de l’opposition là où, économie des voix oblige, ils pouvaient s’accorder sur un seul? Placés face à certains sages Kongo pendant quatre jours au centre d’accueil kimbanguiste, ils ont été incapables de se mettre d’accord autour d’une seule candidature. En outre, à force de trop miser sur la présidentielle, des acteurs de l’opposition en 2006 ne semblaient nullement s’apercevoir qu’il fallait aussi miser sur le nombre de sièges au Parlement (Assemblée nationale et Sénat). Tout en ciblant la présidentielle 2011, défi pour défi, l’opposition doit également penser à remporter la majorité des sièges dans les deux chambres du Parlement tout comme dans les assemblées provinciales pour contrôler les institutions de la République.

pAR Marcellin MANDUAKILA

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