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L’hypothèse du Docteur Strizek sur le choix de Museveni et Kagame par les USA. Résumé de sa conférence tenue à Mönchengladbach (lu et corrigé par lui-même) le 16/01/2010


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Par J.-P. Mbelu

Le choix de Museveni et de Kagame à partir d’octobre 1993 par l’administration Clinton fut dicté par le souci de s’attaquer au terrorisme à partir du Soudan après le coup d’Etat d’Omar El-Béchir en 1989.

Initialement, après la fin de la guerre froide au cours de laquelle Mobutu a joué un rôle important en faveur des intérêts occidentaux l’administration de Bush père en conformité avec Mitterrand voulaient se débarrasser des alliées désormais gênants. Le ministre des affaires étrangères américain James Baker a rendu visite à Mobutu le 24 mars 1990 à Kinshasa pour le remercier confidentiellement des services rendus mais qui ne seraient  plus nécessaires. Il fallait comme alliés des régimes plus démocratiques. Mobutu a compris et démissionné comme Président du parti d’état un mois plus tard. Mitterrand préférait une action plus spectaculaire avec son discours lors du Sommet Franco-africain à la Baule en juin 1990. La pression de démocratiser a produit des conférences nationales et tables rondes dans beaucoup de pays. Puisque les exilés Tutsi en Ouganda n’avaient pas de chance de gagner des élections ils ont entrepris une invasion à partir de l’Ouganda le 1er octobre 1990. Au début les américains n’ont pas soutenu la victoire complète du FPR. Ils ont longtemps opté pour un partage de pourvoir et de décharger Museveni des ces exilés devenus encombrants.  Mais après la débâcle de Mogadiscio  le  3 octobre 1993, Clinton a décidé de retirer tous les soldats Américains de l’Afrique considérée sans importance économique et politique. Cette décision a provoqué une réaction de la part des milieux politiques et militaires Américains que avaient en vue les intérêts sécuritaires que le Soudan représente dans la stratégie américaines en Proche orient. Les USA avaient donc besoin des gens capables de se battre contre Omar El-Béchir, le cas échéant. Museveni accepte le marché et sollicite que ses alliés Américains l’aident à se décharger des problèmes liés à la présence des Tutsi Rwandais en Ouganda et  de « le libérer » des exigences démocratiques dans son propre pays (et au Congo). Pourquoi ?

Pour les USA, l’Ouganda représentait un rempart contre le Soudan et il fallait accepter ses conditions. Concernant le Rwanda, il fallait laisser tomber les Accords d’Arusha et permettre au FPR de prendre le pouvoir à Kigali même au prix de l’assassinat du Président Habyarimana (s’il n’était pas prêt à démissionner) et établir un régime pro-américain qui ferait la liaison entre l’Ouganda et la province Orientale pour approvisionner les rebelles du Soudan du sud, ce que Mobutu a toujours permis. Mobutu aussi fut “libéré” de la pression démocratique exercée par Tshisekedi. Tout d’un coup Mobutu apparaît de nouveau sur la scène internationale parce qu’il était prêt à recevoir les réfugiés Hutu prévisibles pendant la conquête du pouvoir par le FPR. Mais quand on a appris la gravité de sa maladie en 1996 il fallait le remplacer et éviter l’arrivée au pouvoir du nationaliste Tshisekedi peu susceptible de jouer le jeu anti-Khartoum. Museveni dénichera Laurent-Désiré Kabila et en fera son allié (avec Kagame) pour poursuivre les Hutu réfugiés au Congo et les exterminer. Cette extermination des Hutu (et autres réfugiés Tutsi) fut justifié par la “menace géncoidaire”  que les réfugiés Hutu représentaient pour la dictature de Kagame qui fut justifié par la thèse de l’arrêt du génocide initié par les Hutu. La guerre du Congo était donc présentée au monde comme une mesure pour enlever cette menace et consolider la dictature (dite anti-génocidaire) de Kagame.

L’avancée de Kagame sur le sol congolais répondait aussi à un vieux rêve : s’aliéner les deux Kivus, terres toujours enviées par ses aïeux. La guerre de l’AFDL aurait pu prendre fin après la chute de deux Kivus si les Américains n’avaient pas voulu mettre en place Laurent-Désiré Kabila à Kinshasa. Ses alliés l’aideront à assouvir son ambition jusqu’au jour où il décidera de se débarrasser d’eux. Face au refus de ses alliés FPR de retourner chez eux, une guerre éclatera (le 02/08/1998) et les Américains viendront à leur secours pour éviter le pire.

Après la mort de Laurent-Désiré Kabila, Kagame obtiendra de ses alliés Américains et Européens – l’intervention de l’Eufor au Congo est à situer dans ce contexte – que le Congo soit dirigé pour « un jeune Rwandais inoffensif » en la personne de « Joseph Kabila ». Ceci permettrait au Rwanda de faire main basse sur les richesses du Congo et d’être sûr que le danger pour la lutte contre son pouvoir dictatorial ne viendrait pas de la RD Congo.

L’administration Bush junior était prête à accepter ce “marché passé” mais refusait d’honorer la promesse de Madeleine Albright de céder les Kivu au Rwanda.  Lors de la visite de  Kagame et de Joseph Kabila à Washington  fin janvier 2001 le nouveau ministre des affaires étrangères américain Colin Powell leur a signifié que les frontières du Congo ne devaient souffrir d’aucune modification. Quand Kagame et Nkunda voulaient mettre en cause cette détermination vers la fin de l’administration Bush, la ministre des Affaire étrangères Condoleezza Rice leur a donné une leçon. En décembre 2008, ils ont dû arrêter l’avancée de leurs soldats juste avant de prendre Goma. Mme Rice a seulement fait savoir  qu’elle avait téléphoné à Kagame!

Le Docteur Strizek est revenu sur la question des frontières pour souligner le fait que Mme Clinton n’a pas visité le Rwanda lors de son périple africain. Mme Clinton avait au contraire insisté avant d`être prête à rencontrer Joseph Kabila à Goma que  Kagame rencontre Joseph Kabila à Goma. Cela a été un signal fort : c’était une façon de lui dire que les frontières du Congo sont intangibles.  Elle a même rédigé un article dans lequel elle reconnaît que les guerres au Congo ont fait plus de 5.000.000 de victimes. Strizek a pourtant émis de doutes pour savoir s’il s’agit déjà d’un changement définitif de la politique américaine en faveur le la paix dans la Région des Grands Lacs africains. On ne connaît pas encore l’analyse que fait le Pentagone des intérêts militaires dans la Région. Mais il n’est pas exclu qu’ils arrivent à la conclusion que la dictature de Kagame cause plus de problèmes que d’avantages sécuritaires.