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L’« Eloge de la folie » magnifiquement réédité

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Eloge de la folie (Moriae encomium), d’Erasme de Rotterdam, accompagné des notes d’Erasme, de Listrius et de Myconius, Les Belles Lettres, « Le miroir des humanistes », 226 p., 75 €. « » Indépassable manifeste de l’humanisme, écrit quand l’Europe des débuts de la Renaissance entamait ses retrouvailles avec ses sources grecques et hébraïques, Eloge de la folie (1511) d’Erasme de Rotterdam (1467-1536) remporte d’emblée un succès foudroyant. Dans les quatre années qui suivent sa publication, ce texte où se concentre l’essence même de la rupture avec le Moyen Age connaît en effet pas moins de onze éditions (la première traduction française date de 1520). Les Belles Lettres donnent ici à lire, en regard du texte, un commentaire de l’Eloge paru en 1532, inédit en français. Il est signé par un ami de l’auteur, le jeune médecin Listrius (Gerd Lijster), mais en grande partie écrit par un Erasme malicieux jouant à l’exégète de lui-même ou au « modérateur » prenant des distances vis-à-vis de sa propre audace. Cette réédition bilingue a été enrichie par les gloses d’un autre contemporain, ­Myconius (le Suisse Oswald Geissbühler), et par les illustrations d’Hans et Ambroise Holbein. Le commentaire de Listrius déplie toutes les allusions et les références grecques, latines et hébraïques de l’Eloge, à une époque où les humanistes étaient pionniers dans l’usage des références antiques. Comme le note mélancoliquement le traducteur Jean-Christophe Saladin, il est plus utile que jamais dans le crépuscule contemporain des lettres classiques, qui rend les anciens à nouveau indéchiffrables. Bonnet à grelots Génial exercice de rhétorique, dont le mélange de savoir et de truculence annonce Rabelais, l’Eloge pousse à son extrémité la figure de l’antiphrase, puisque l’apologie de la raison, de la sagesse et de la vertu prend la forme d’une défense de leurs contraires, menée par…
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