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Par Angelo Mobateli, (Le Potentiel)
-La décision annoncée par le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) de « dédollariser » l’économie congolaise, « dollarisée » depuis plusieurs années, suscite déjà des interrogations, la « stabilité » du Franc congolais (FC) étant jugée « relative » par divers économistes et monétaristes.
« A partir du 1er janvier 2013, le gouvernement va payer en Francs congolais les rémunérations des agents et fonctionnaires de l’Etat ainsi que toutes les fournitures », a-t-il annoncé, signalant l’expérimentation de la « dédollarisation » pour « début novembre» prochain.
« Les 80% de l’économie congolaise évoluant dans l’informel qu’il ne maîtrise pas, nous ne voyons pas comment le gouvernement peut présager le succès de sa politique de dédollarisation », s’étonnent-ils.
C’est au motif controversé selon lequel « 90% des dépôts dans des banques commerciales se font en dollars et 95% des crédits accordés par ces banques sont également libellés en dollars », que le gouvernement congolais a décidé d’«engager progressivement » la RDC dans ce processus. « Pour que les transactions de l’Etat, la passation des marchés publics, le paiement des imports et taxes soient acquittés en Francs congolais (FC) », selon le gouvernement. Prétextant que l’absence pour la Franc congolais du « statut d’instrument de souveraineté rend inopérante la politique monétaire de la RDC parce qu’elle n’agit que sur la monnaie nationale qui est une petite partie de la masse monétaire en circulation ».
Controverse et interrogations
Des économistes, partisans de la thèse du gouvernement, disent que la «dollarisation du marché congolais n’est pas liée au manque de production intérieure suffisante ». Pour référence, ils citent « la zone CFA où les pays utilisant le franc CFA dans leurs transactions commerciales ne produisent pas assez pour l’extérieur plus que nous, mais interdisent la circulation des monnaies étrangères ».
Ils estiment que « cette mesure favorisera la stabilité de la monnaie locale et permettra au Franc congolais de retrouver ses fonctions de définition de prix, de réserve de valeur et de moyens de paiement ».
Plus réservés, d’autres pensent que la décision du gouvernement n’a pas rempli tous les préalables indispensables à l’application de la « dédollarisation » de l’économie.
« Quelles garanties donne le gouvernement aux investisseurs congolais et étrangers de voir leurs fonds en Francs congolais placés dans les banques conserver la même valeur lorsque, six mois plus tard, ils vont les retirer pour leurs transactions commerciales ? », interrogent-ils. « A l’instar du dollar américain aujourd’hui, le Franc congolais pourra-t-il devenir vraiment une monnaie refuge ? », s’inquiètent d’autres.
La question se pose aussi quant aux dispositions prises par le gouvernement pour ramener dans le circuit formel les « 20 milliards de dollars américains circulant dans l’informel », ainsi que l’a reconnu par ailleurs le gouvernement.
Quant au secteur bancaire, encore sujet à débat, peu de Congolais et d’opérateurs lui font confiance. Ce qui a conduit au phénomène de la « thésaurisation » consécutive à la « désintégration graduelle » de l’économie congolaise depuis 1990, « attestée par une contraction cumulée du produit intérieur de plus de 50 % en treize ans (1990-2003) » découlant de l’instabilité sociopolitique.
« Certes, la dollarisation des dépôts bancaires est très importante. Mais, elle ne représente qu’une très faible fraction par rapport à la masse flottante des devises hors banque. En outre, il n’existe pas de données officielles sur les dépôts transfrontaliers effectués par des investisseurs étrangers autorisés par la loi congolaise à garder une partie de leurs recettes d’exportation dans des banques installées hors de la RDC », ajoutent-ils.
En fait, rappelle-t-on, « La dollarisation de l’économie congolaise trouve ses racines immédiates dans l’inflation et la dépréciation de la monnaie domestique, le pays ayant été caractérisé par une inflation élevée et variable où la substitution monétaire constitue un processus dynamique qui se résume à la circulation conjointe de plusieurs monnaies au sein d’un même espace économique. D’un côté, il y a la monnaie nationale, qui perd progressivement ses fonctions traditionnelles et de l’autre, la monnaie étrangère, généralement (mais pas toujours) le dollar américain qui gagne du terrain. Dans le contexte des économies dollarisées, la monnaie nationale est faible et inconvertible hors des frontières du pays tandis que le dollar est une monnaie forte, stable et convertible ».
Une autre gageure est celle qui consiste à convaincre le commun des Congolais de la « stabilité du Franc congolais » alors qu’il vit chaque jour la valse des prix des biens de consommation courante, et qu’il sait qu’une marchandise X n’est pas vendue au même prix selon qu’il se trouve dans une ville (Lubumbashi, Kisangani, Matadi, Goma, Mbuji-Mayi) ou dans un village de l’arrière-pays.
En tout état de cause, « contrairement aux autres pays en développement, la dollarisation de l’économie congolaise est restée dans des aspects purement monétaires, la substitution d’actifs étant marginale. En outre, la dollarisation a pris une ampleur telle que même l’Etat est arrivé à accepter le paiement des taxes en devises. Toutes les transactions intérieures, qu’elles impliquent de gros montants ou de très faibles, n’ont pas échappé à l’influence du dollar américain », fait-on observer.