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La « Madonna japonaise » prend sa retraite

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Et les larmes coulèrent. Des millions de fans de la chanteuse japonaise Namie Amuro ont vécu, samedi 15 septembre, comme un petit deuil. 3 500 d’entre eux étaient présents à Okinawa, dans le Palais des congrès de Ginowan, coiffés d’une corolle d’hibiscus, fleur symbole du petit archipel du sud du Japon où a vu le jour la « Madonna japonaise », la « reine de la J-pop » ou encore « l’héroïne d’Heisei » (l’ère actuelle du Japon) et où elle a donné son ultime concert. Pour ce show, elle a interprété douze titres, seule ou en duo, avec des invités. Au final, un feu d’artifice a été donné sur la mer en son honneur.

Cet adieu à la scène était attendu. La chanteuse l’avait annoncé le jour de ses 40 ans, le 20 septembre 2017, sans donner d’explications, suggérant simplement que vingt-cinq années de carrière suffisaient bien. Le rideau est donc tombé sur ces années hors norme qui ont fait de la belle d’Okinawa l’une des plus grandes stars de la musique et de la mode du Japon et d’Asie.

Drames familiaux

Trente-six millions d’albums vendus, un single, Can You Celebrate, qui détient toujours le record de ventes au Japon. Le tout au travers d’explorations de rythmiques R&B, hip-hop et, plus récemment, électroniques, l’ayant amenée à collaborer avec des stars comme David Guetta, SOPHIE and Zedd et Jolin Tsai, la reine de la pop taïwanaise.

Un succès comme une antithèse à une enfance compliquée, marquée par des drames familiaux, et que le pays entier connaît. Namie Amuro est née à Naha, la capitale d’Okinawa. Très vite, son père quitte la maison et sa mère, Emiko Taira, doit élever ses trois enfants en travaillant dans une crèche le jour et comme hôtesse de bar la nuit. A la fin des années 1990, elle meurt assassinée sous les coups du frère de son deuxième mari.

Les fans de Namie Amuro lors d’une exposition consacrée à la chanteuse à Okinawa, en septembre 2018

Est-ce de ces épreuves extrêmes que vient la réserve affichée de l’artiste, la rareté de ses sourires, l’affirmation d’une liberté si difficile à assumer dans l’univers ultraverrouillé du showbiz nippon ?

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Namie Amuro a été repérée à 12 ans. Elle fait ses débuts avec le girls band The Super Monkey’s, en devient la leader puis s’en extirpe. A l’époque, expliquait-elle en 2010 à la télévision japonaise, « j’admirais Janet Jackson. Je voulais que les gens me regardent comme moi je la regardais ». Une inspiration américaine mâtinée d’une influence japonaise, celle du groupe Dreams Come True. Travaillant avec le producteur Tetsuya Komuro, véritable faiseur de stars, elle enchaîne les succès. En 1996, l’album Sweet 19 Blues, écoulé à 3,4 millions d’exemplaires, lui attire un immense public féminin. C’est le temps du single Can You Celebrate.

L’idole des jeunes

Tout va vite, en public comme en privé. En 1997, Namie annonce à la surprise générale son mariage avec le membre du groupe TRF Masaharu « Sam » Maruyama. Au cours de la conférence de presse, elle révèle également une grossesse de trois mois, qui aurait précipité l’officialisation de leur union. A l’époque, le showbiz japonais n’a jamais connu une telle pratique.

Idéal de beauté pour les Japonaises, elle impose dans les venelles délurées du quartier tokyoïte de Shibuya le look « amura » – longs cheveux lissés, peau bronzée, minijupe et bottes remontant au-dessus du genou. Son succès dépasse vite les limites de l’Archipel.

Star en Chine, en Corée du Sud ou encore en Asie du Sud-Est, elle enchaîne les tournées, menant sa carrière à la baguette, toujours plus loin d’une pop nippone en déclin face à la montée en puissance de la K-pop, sa rivale sud-coréenne.

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Jusqu’à ce mois de septembre 2018. Dans les rues de Naha après son ultime concert, le vent chaud et humide s’amusait des affiches la montrant dans une robe blanche et vaporeuse, angélique, souriant légèrement, comme une étoile brillant à jamais au firmament de la notoriété, inaccessible.

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