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La mort brutale de Michaël Brown 


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joel 1-Meurtre raciste ou assassinat institutionnel ?

Des questions sans réponse…

‘‘La loi du plus fort est toujours la meilleure.’’ Jean de la Fontaine

Par Joël Asher Lévy-Cohen

Michaël Brown, âgé de 18 ans, a été tué de sang-froid à Ferguson, une banlieue de Saint-Louis (État de Missouri, Sud des États-Unis d’Amérique) jusque là sans histoire, dont la population est majoritairement d’origine africaine-américaine. Il a été abattu par la police locale composée quasi exclusivement de Blancs. Au moment de tomber violemment sous les balles de son meurtrier, à plus forte raison un agent de la paix, ce jeune homme avait, selon des témoignages recueillis sur le lieu de son effondrement fatal, pratiquement les mains en l’air. Il suppliait même les agents de police de ne pas tirer sur lui. À cet effet, il criait haut et fort : ‘‘Don’t Shot’’. Ce cri prémonitoire d’une fin somme toute fatale, d’ailleurs, repris en chœur sur toute l’étendue du territoire américain, est même devenu le slogan mobilisateur des manifestants hostiles à la violence policière.

Plusieurs récits divergent, carrément, sur ce meurtre autant sordide qu’inexplicable. Pour la Police locale, l’infortuné Michaël Brown, fauché mortellement par les balles d’un agent de la paix, a bel et bien agressé un policier. Lors de son interpellation supposément mouvementée, celui-ci a tenté d’arracher de force l’arme du constable qui l’a abattu à bout portant. D’ailleurs, selon cette même version officielle, le policier en question présente des contusions, des marques de violence sur son corps et son visage, attestant du même coup la virulence de l’altercation entre les deux protagonistes. Il sied de relever que, jusqu’à preuve du contraire, les images dudit constable amoché par le comportement violent de Michaël Brown n’ont jamais été diffusées. Pourquoi ? Existent-elles à vrai dire ?

Cependant, pour les témoins oculaires de la scène fatale ayant entraîné la mort de Michaël Brown, le jeune abattu par les forces de l’ordre se tenait plutôt debout. Avant l’instant fatal, il avait les mains en l’air. Il ne cessait effectivement de répéter à destination des agents de la police de Ferguson : ‘‘Don’t Shot’’. C’est au moment de s’abaisser que le coup fatal est parti sans raison apparente. Atteint mortellement, il s’est affaissé par terre. Sans vie. Après avoir reçu pas moins de huit balles mortelles.

Ce meurtre fort controversé soulève par sa brutalité une foultitude de questions. Il soulève moult interrogations, et ce relativement à la déontologie policière et au bon sens moral, ainsi qu’aux droits des minorités visibles et aux droits fondamentaux de la personne humaine. En effet, pour la Police de Ferguson qui cherche, dorénavant, à se dédouaner coûte que coûte de toute responsabilité criminelle et civile dans cette mort brutale, Michaël Brown serait apparemment impliqué dans un vol de paquets de cigares d’une valeur monétaire de 48,99 $ US. À l’en croire, celui-ci se serait bien déroulé une vingtaine de minutes avant la fusillade mortelle.

Force est de souligner que cette version des faits policière est corroborée par des preuves vidéos. Il s’agit, en réalité, des images de vidéosurveillance enregistrées dans une station-service. Celles-ci montrent effectivement un individu de race noire, habillé comme la jeune victime et de très forte corpulence. Tenant dans une main des paquets, ce dernier bouscule à la sortie une autre personne qui voudrait l’en empêcher et se retourne même pour l’intimider.

Il convient de relever que ces preuves ne sont pas encore, à ce stade, authentifiées par des témoins assermentés en vertu de la législation en vigueur. Elles ne sont pas non plus certifiées par des experts judiciaires de la défense et de la poursuite criminelle. Aussi importe-t-il de mentionner que cette version des faits fournie par la Police de Ferguson est vulgarisée miraculeusement une semaine après le meurtre fatal. En effet, s’ils étaient sérieusement convaincus de la culpabilité de la jeune victime, pourquoi les services policiers ont-ils attendu longtemps – une semaine écoulée – pour diffuser les soi-disant preuves matérielles irréfutables ? Il y a vraiment là anguille sous roche… En d’autres termes, s’agit-il, à vrai dire, d’un montage bien ficelé dont les Américains ont seul le secret ?

Une infraction, c’est-à-dire un fait répréhensible en vertu des règles que se donne la société, est par définition un acte commis par un individu dont la finalité est de rompre tous azimuts la confiance et la sérénité, de briser la paix et la sécurité, de casser l’équilibre et l’harmonie sur lesquels repose ou se fonde l’environnement sociétal. Il en est ainsi du vol qui trucide toute notion de justice et de quiétude entre les membres d’une Collectivité humaine. À cet égard, sans pour autant justifier un acte répréhensible au regard de la législation ambiante, sans pour autant faire l’apologie d’une infraction criminelle, l’on peut se poser la question de savoir si le vol des paquets de cigares de 49 $ peut vraiment conduire conséquemment, à titre punitif, à la mort brutale d’une personne humaine. Le tout avec des policiers dans le rôle ingrat de bourreau des victimes, En d’autres termes, la vie d’un individu vaut-elle 49 $ US ?

L’Affaire Michaël Brown relève-t-elle purement et simplement du profilage racial, d’ailleurs très en vogue en Amérique du Nord ? Il ne fait aucun doute que le plus grave cancer social et culturel des États-Unis d’Amérique en tant que Pays et Nation est le racisme en tant que système de violence structurelle, avec tout son cortège de préjugés défavorables aux individus ressortissant des communautés africaines-américaines. Par conséquent, ce meurtre controversé serait-il le fruit d’une machination délibérée ? Serait-il, en réalité, la conséquence directe d’une méprise orchestrée au plus haut niveau ?

Cela est d’autant plus vrai que le chef de Police de Ferguson, Thomas Jackson, a déclaré dans un compte-rendu remis à la presse qu’il n’était pas aussi sûr que ‘‘le constable – Darren Wilson – directement impliqué dans le meurtre sordide de Michaël Brown ait réellement été au courant de la participation de la victime au vol des cigares’’ lui imputé par la version policière. En revanche, il a affirmé sans détour que ‘‘les preuves du vol ont été retrouvées sur la victime’’. Ce qui a immédiatement déclenché le courroux des manifestants. Ce qui a provoqué l’extrême ire de la famille du jeune abattu, qui y voit plutôt une diversion de plus, une manœuvre dilatoire pour camoufler les crimes institutionnels. Ce qui a, surtout, relancé des manifestations violentes après une baisse de tension momentanée relativement à la nomination du chef de police des autoroutes de l’État, le capitaine Ron Johnson, un Africain-américain originaire de Ferguson en pleine ébullition.

Ce regain de tension s’explique aussi par le fait que cette position du commandant de police Thomas Jackson contrarie profondément des témoignages de première main. Ceux-ci déclarent que ‘‘Michaël Brown se rendait plutôt calmement chez sa grand-mère lorsqu’il a été violemment fauché par balles, froidement abattu par l’agent de la paix Darren Wilson’’. Force est de constater que le nom de ce policier qui était subitement tabou, est finalement rendu public après une semaine de black-out complet sur l’identité du meurtrier et maintes interrogations. Pourquoi ?

Ainsi, cette déclaration fracassante du commandant de Police de Ferguson, Thomas Jackson, liant directement Michaël Brown au vol des cigares, fait ipso facto des États-Unis d’Amérique, pourtant hérauts patentés de la démocratie et avocats notables des principes de la justice, le premier pays de la planète où un citoyen lambda peut être déclaré, à titre posthume, officiellement ‘‘criminel’’’ après avoir été certainement abattu à bout portant par les forces de l’ordre. Par conséquent, la mort brutale découlant de cette fusillade vaut à elle seule le châtiment suprême de la victime. Ceci bien entendu en dehors de toute procédure judiciaire. Pourtant, en droit pénal, la présomption d’innocence est le socle de la justice. Il s’agit d’un principe général qui protège les intérêts sociaux de l’accusé ou du prévenu jusqu’à ce que le tribunal ou un jury dûment constitué ait statué, en dehors de tout doute raisonnable, sur sa responsabilité avérée et prouvée dans la commission de l’infraction criminelle lui reprochée.

Si le cas de Michaël Brown ne relève nullement du profilage racial – méthode controversée en vogue dans les corps policiers de l’Amérique du Nord –, comment explique-t-on alors l’arrestation violente d’une personne sur qui les agents de la paix ne disposent en fait d’aucune certitude, d’aucune preuve concrète sur son implication directe ou indirecte dans un méfait quelconque ? C’est une logique forcément incompréhensible si l’on se réfère aux affirmations du chef de police Thomas Jackson. En effet, le bon sens et la morale, y compris l’éthique de travail, voudraient que l’on arrête un individu sur qui on dispose plutôt de suffisamment d’indices probants et concordants sur sa participation réelle et non supposée, active ou passive à la commission d’une infraction.

Or, ceci n’est pas naturellement le cas déplorable de Michaël Brown. Alors, quels sont-ils les véritables mobiles de sa brutale interpellation ? Pourquoi la police l’a-t-elle réellement arrêté ? En effet, il existe un flou artistique dans cette histoire. La confusion couvre de bout en bout cette affaire…

Devant la bizarrerie qui entoure profondément cette histoire sordide – [la couleur de la peau : une victime noire ; une communauté visée : les Africains-américains ; les raisons du meurtre : une réelle absence de mobiles clairs ; le lieu du crime : le pays profond, le Sud des États-Unis ; la chronologie des événements : la rapidité avec laquelle le meurtre est commis] –,  s’agit-il effectivement d’une exécution ? S’agit-il manifestement d’un meurtre sacrificiel ? C’est-à-dire : un meurtre rituélique ou initiatique. S’agit-il, en réalité, d’un rite de passage au cours duquel la victime est gratuitement sacrifiée pour prouver l’appartenance du meurtrier à une organisation secrète ou sectaire, à une association de type criminel ?

Ce qui est sûr et certain, depuis la fameuse élection présidentielle du démocrate Barack Hussein Obama le mardi 4 novembre 2008, le Ku Klux Klan (KKK) qui n’est plus, à vrai dire, en état d’hibernation, a complètement refait surface au Pays de l’Oncle Sam. Comme à l’époque de la ‘‘Ségrégation’’ de triste mémoire, ses adhérents s’affichent ouvertement. Cette organisation qui prône clairement la suprématie blanche (White Power), recrute aisément partout. Elle recrute pratiquement dans toutes les zones urbaines et rurales des États fédérés. Il ne s’agit plus d’un phénomène marginal…

Dans le même temps, les bavures policières impliquant directement des agents de la paix blancs dans les meurtres des victimes noires ont complètement explosé. Dans tous ces cas, prime, convient-il de souligner, une et une seule version de la police qui invoque, à tout bout de champ, la légitime défense. Dans ce domaine, il est évidemment enregistré au moins deux bavures policières par jour sur l’ensemble du pays. Ce qui est largement beaucoup !

Les statistiques officielles sont malheureusement tues, à cet effet, avancent nombre de médias officiels. Pour quelles raisons ? Est-ce pour éviter une atmosphère insurrectionnelle de la part d’une communauté délibérément exclue ? Est-ce pour éloigner une ambiance de guerre civile qui pourrait surgir si la vérité est bien entendu révélée?En tout état de cause, qu’est-ce qui est réellement, pratiquement accompli sur le terrain pour arrêter cette hémorragie, pour freiner cette épidémie meurtrière ?

Joël Asher Lévy-Cohen

Journaliste indépendant

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