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L’affaire J.B. Mpiana ou le début du “génocide” culturel !


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 jb-mpianaSabotage du spectacle de Bercy

 Le show-man Lita Bembo se retrouve dans l’évocation de l’expression ” attaquez le côté le plus pete pete !” qui ponctuait, dans l’orchestre Stukas, la partie animation de ses chansons. C’était une injonction visant l’ennemi dans son point faible. Les observateurs avisés s’en rendent bien compte par rapport au phénomène “combattants de la Diaspora” : le ventre mou ou le tendon d’Achille de la forteresse congolaise à l’étranger n’est pas dans les affaires, les sciences ou les sports. C’est la Culture véhiculé par les arts, précisément l’art musical. Le sabotage du spectacle de l’artiste-musicien Jean-Bedel Mpiana à Paris est justifié, laisse-t-on entendre, par l’engagement politique prêté à ce dernier pour avoir notamment composé une chanson en faveur du candidat n°3 Joseph Kabila Kabange. D’où l’étiquette Kabiliste qui lui est collée. Mais, les raisons de ce qui vire à la stigmatisation sont à trouver ailleurs. Simplement parce que JB Mpiana n’est pas le seul à l’avoir fait…

 

 

            Ils sont en réalité une trentaine, en majorité de la même génération, à avoir largement contribué à la campagne électorale du Raïs.  Par quoi alors s’explique le ciblage du meneur de Wenga Bcbg ?

            Qu’on se mette d’emblée d’accord sur ce point : un artiste n’est pas forcement apolitique. Les “combattants de la Diaspora” résidant en Occident savent qu’ils sont nombreux, les artistes américains et européens à s’afficher politiquement. Pendant les campagnes électorales, ils prennent ouvertement position pour leurs candidats. Et, généralement, les victoires électorales sont célébrées publiquement avec leur concours. Dirigeants et militants vainqueurs fêtent avec leurs musiciens préférés, ce qui n’indispose pas pour autant les fans, des mêmes musiciens, proches ou non des dirigeants et militants vaincus.

            En démocratie, le respect du choix politique de l’autre, adversaire soit-il, est sacré. Le contraire institue la pensée unique qui pousse ou mène à la pensée inique.

            Pour s’imprégner du jeu démocratique, la communauté congolaise demeurée au pays s’inspire des faits et gestes de sa Diaspora, surtout celle qui vit au quotidien les exigences de la démocratie. Sont particulièrement concernées la Diaspora congolaise d’Amérique (Etats-Unis, Canada), la Diaspora congolaise d’Europe (Grande-Bretagne, Scandinavie, France, Benelux, Allemagne, etc.),  la Diaspora congolaise d’Afrique ( Rsa, Botswana…), la Diaspora congolaise d’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande etc.) et la Diaspora congolaise d’Asie (Japon, Corée du Sud, Singapour, Israël…).

            Dans ces pays, cités à titre illustratif et non énumératif, on ne persécute pas le créateur intellectuel (artiste ou écrivain) pour ses opinions politiques, à moins pour l’intéressé de faire l’apologie des idéologies fascistes.

            La dictature mobutienne avait ses travers, mais jamais les “Zaïrois de la Diaspora” ne s’en prenaient aux  musiciens mobutistes de passage à Bruxelles, à Londres ou à Washington. A la limite, le désaveu s’exprimait par le refus d’assister à leurs spectacles.

 

Génocide culturel

 

            Ce qui vient de se passer à Bercy, à Paris, autour du spectacle de J.B. Mpiana doit être considéré comme une menace contre toute la création intellectuelle, donc contre la culture. C’est la manifestation du pire des génocides qui soit sous les cieux : le génocide culturel.

            “Un peuple sans culture est un peuple sans âme“, dit-on. Aujourd’hui, c’est le musicien qui est ciblé; demain – si l’on n’y prend garde – ce sera le peintre, le poète, le sculpteur, le dramaturge, le professeur d’université, le ministre de Dieu…

            Au final, les “combattants de la Diaspora” commenceront à dicter au peintre, au poète, au sculpteur, au dramaturge, au professeur, au ministre de Dieu ce qu’il doit faire ou dire, et ce qu’il ne doit ni faire ni dire. Ce sera la robotisation de la société congolaise !

            C’est dur, terrible pour la RDC de vivre cette nouvelle formule de “Nuit de Cristal”.

            Aussi, plus que la classe politique, la Société civile congolaise a le devoir citoyen d’attirer l’attention de l’opinion sur les risques que l’on fait peser sur l’avenir de la musique congolaise, le premier des produits culturels d’exportation de la RDC.

            Sur le Net, un intellectuel congolais de la Diaspora fait aux musiciens congolais – dont JB Mpiana – le reproche de piéger l’art musical avec l’exhibitionnisme sexiste. Sur ce point-là, il a pleinement raison. C’est une dérive à combattre. Il devrait cependant commencer par condamner ses premiers promoteurs. Ceux qui avaient suscité le phénomène “sundama“.

            L’un d’eux, aujourd’hui “justicier parmi les combattants “, ne s’en est jamais repenti.    Entre-temps, on se devrait de le reconnaître : JB Mpiana a un répertoire non-politique qui fait la fierté de son pays. Il est l’un des rares artistes musiciens dont une oeuvre a été adoptée et interprétée par un grand orchestre cubain : Germano.

            On imagine alors l’effet que produit, à Cuba, le sabotage du spectacle d’un tel artiste à Paris. On imagine ce qu’en pensent la Diaspora africaine antillaise et les Africains pensent.           Il n’y a pas de quoi en être fier…

 

Il est à craindre le retour au “Sundama”

 

            “A quelque chose malheur est bon“, dit-on. Il est établi que c’est à cause de l’absence d’une véritable industrie musicale (production phonographique, scénique et vidéographique) au pays que les artistes musiciens congolais sont obligés de “monter à Mikili”, à la différence de leurs collègues nigérians et sud-africains, mieux lotis.

            Or, dès l’instant où l’essentiel de la production musicale s’effectue sur place à Kinshasa et que les besoins sont inversés,   la pression sur les artistes se réduit d’elle-même. En attendant, et pour autant qu’ils soient conséquents avec eux-mêmes, les “combattants de la Diaspora ” devront plutôt boycotter et la diffusion et l’audition des chansons de tous les musiciens ayant participé à la campagne électorale du Raïs en 2011. Le résultat se devine : ils en reviendront au “Sundama”; et ce sera le début de la fin de l’emprise de la musique congolaise dans le monde.

            Les mélomanes se souviennent que ce genre musical avait failli ruiner, au propre comme au figuré, la musique zaïroise, pardon congolaise, si la génération Wenga n’avait pas apparu au milieu des années 1980 pour renforcer la génération Zaïko et assurer ainsi la relève de la génération OK Jazz-Afrisa talonnée, elle, par la génération Négro Succès-Maquisards-Continental.

            A qui alors profiterait le crime ? Aux “combattants de la Diaspora” d’y méditer…

Omer Nsongo die Lema