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L’Afrique face au problème des cultes et des prophètes autoproclamés


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EGLISE DU REVEIL-«Eglises du réveil», «églises évangéliques», «églises de la guérison», «ministères», «pasteurs autoproclamés»… Toutes sortes de cultes fleurissent depuis des années sur le continent africain, qui promettent monts et merveilles sur terre ou au ciel, en enrichissant les gourous qui les répandent. Certains gouvernements tentent des réglementations.

L’Afrique du Sud veut réglementer ses églises

Le gouvernement a décidé d’ouvrir une enquête sur les différentes églises dans le pays ainsi que sur leur financement. Une décision qui fait suite à plusieurs scandales impliquant des prophètes autoproclamés. Ces églises sont accusées de se faire de l’argent sur le dos des plus pauvres.

Des pasteurs qui font manger des rats et des serpents à leurs disciples, qui leur font boire de l’essence ou alors qui leur sautent dessus à pieds joints. Tout cela au nom de Dieu. Le gouvernement s’inquiète de la multiplication de ces églises jugées commerciales. Impossible de dire combien elles sont.

Mais pour Thoko Mkhawanazi de la Commission de protection des droits religieux ces prophètes autoproclamés profitent du désespoir des gens. « Qu’est ce qui fait que les gens mangent des serpents vivants, boivent du pétrole ou acceptent de se faire piétiner. Pourquoi les gens sont-ils si crédules ? Pourquoi ce niveau de désespoir ? »

Ces églises ont pu se multiplier car la Constitution autorise la liberté de culte et de croyance. Le Conseil sud-africain des Eglises a condamné ces pratiques hérétiques, accusant ces pasteurs d’instrumentaliser le désespoir des plus pauvres pour se faire de l’argent. Dans la plus part des cas ces églises ne requiert pas de droit d’entrée, mais fonctionne sur le principe du don.

Pour Pieter Coetze, qui va participer à la commission d’enquête, il ne s’agit pas d’interdire ces églises mais de contrôler les abus. « Cette enquête n’est pas une enquête sur la religion, mais plutôt sur le mauvaise usage fait de la religion, afin d’éviter qu’il ne se reproduise. » La commission doit rendre son rapport et ses recommandations d’ici avril l’année prochaine.

Au Togo, les ministères pullulent

Ces églises, qui prêchent et qui brisent, ont pris d’assaut les coins et recoins du pays à la recherche des âmes à délivrer. Dans un quartier de Lomé, à Gbégnédji, c’est l’effervescence tous les dimanches. Entre 9h et 13h, l’ambiance est électrique dans la zone à cause des nombreuses églises qui y officient à l’aide d’instruments modernes et de musique.

Elles sont nombreuses, très nombreuses aux dénominations diverses : ministère de la foi, ministère des rachetés de Dieu, ministère du salut et de la vérité… Des ministères, on en dénombre jusqu’à 856 à l’administration territoriale en 2009. Les adeptes y accourent toujours et les voisins ne cessent de s’en plaindre. « Le dimanche après les séances, certains groupes font encore leurs prières à partir de midi. Vendredi aussi. Ça me gène beaucoup », commente une habitante.

Les accusations sont nombreuses. On accuse les pasteurs de ces ministères de vendeurs d’illusion, de prêche à l’envolée avec de grands bruits, du fétichisme pour soutenir leurs affaires d’église… Les pasteurs sont aussi indexés d’adultère. Denise, journaliste a couvert une de ces affaires dans le ministère « power House », il y a quelques jours à Kpalimé, à 126 km au nord-ouest de Lomé, elle raconte : « Ce pasteur serait en train de commettre l’adultère avec une femme. Sous le coup de la colère le mari est allé menotter le pasteur devant ses fidèles pour leur expliquer toutes les manigances du pasteur. »

Ces églises, installées dans les quartiers sombres, en périphérie, à l’entrée des villages ou à leur sorties, ont malgré tout le vent en poupe, des âmes en détresse sont toujours dans l’attente d’être sauvées.

En RCA, le problème des pasteurs radicaux

En Centrafrique, l’Eglise protestante doit faire face à des prédicateurs évangéliques radicaux. Certains prétendent réaliser des miracles. D’autres promeuvent la violence intercommunautaire. Le révérend Nicolas Guérékoyamé-Gbangou est le président de l’alliance des Eglises évangéliques de Centrafrique. Il reconnaît qu’il a parfois du mal à faire face au phénomène.

« C’est une question de formation que les gens reçoivent. Comme je n’ai pas la possibilité d’aller écouter tous les prédicateurs. Mais nous reconnaissons que un peu partout, des gens peuvent dévier dans leurs enseignements, en mettant l’accent sur certains points qui les préoccupent : par exemple la libéralité, les miracles et autres », raconte le révérend, qui essaie de « limiter les dégâts ».

« Lorsque quelqu’un vient et qu’il échappe à notre attention, qu’il vient s’installer ou qu’il sillonne les provinces et qu’on a pas les moyens de l’arrêter, dés que nous apprenons la chose nous interpellons, nous attirons l’attention de nos pasteurs qui sont à l’intérieur du pays », commente Nicolas Guérékoyamé-Gbangou. Mais ce n’est pas toujours évident, « pour un pays de 623 000 km2 ». « Nous n’avons pas les moyens », déplore-t-il.

Avant de conclure : « si c’est à Bangui et qu’on apprend que quelqu’un vient et qu’il donne de mauvais enseignements, on convoque une grande rencontre pour apporter des corrections sur ce qu’il a enseigné. Et c’est comme ça que nous veillons sur la vie de l’Eglise dans la République centrafricaine. »

RFI