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Le Congolais Jean-Pierre Bemba en procès à la CPI pour corruption de témoins

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JP Bemba-A un an de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo (RDC), Jean-Pierre Bemba est de nouveau dans le box des accusés de la Cour pénale internationale (CPI) mardi 29 septembre pour y répondre de subornation de témoins. Incarcéré dans la prison des criminels de guerre depuis juillet 2008, l’ex-vice-président de RDC a subi un premier procès pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en 2002 et 2003 en Centrafrique. Un procès dont le verdict n’a toujours pas été rendu.

Quelques heures seulement après l’audition du dernier témoin dans cette affaire, quatre hommes étaient arrêtés dans la nuit du 23 au 24 novembre 2013, à Bruxelles, Paris, Kinshasa et La Haye. Avec M. Bemba, ils sont accusés d’avoir corrompu 14 témoins et risquent jusqu’à cinq ans de prison et une amende. Selon l’acte d’accusation, c’est Jean-Pierre Bemba qui aurait coordonné l’opération de corruption de témoins depuis sa cellule alors que son avocat, Aimé Kilolo, aurait « mis en œuvre la stratégie globale ».

Associé à l’équipe de défense, Jean-Jacques Mangenda aurait fait le lien entre les deux hommes, tandis que Fidèle Babala, député et secrétaire général adjoint du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), le parti de Jean-Pierre Bemba, aurait géré « les aspects financiers » de l’affaire.

Enfin, le dernier accusé, Narcisse Arrido, aurait recruté de faux témoins censés dédouaner Jean-Pierre Bemba. En échange de leurs mensonges ou de leurs omissions, les témoins qu’il aurait alors recruté pouvaient espérer les largesses du « chairman » Bemba, engrangeant chacun entre 400 et 700 euros, selon l’accusation. Parmi les nombreuses pièces du dossier figurent aussi des écoutes téléphoniques entre Jean-Pierre Bemba et Fidèle Babala. S’exprimant en langage codé, Babala aurait demandé au détenu « la confirmation de 1,5 kg et 400 dollars pour le collègue d’en haut qui a dit c’est pour l’enfant qui se trouve à ses côtés ».

Réponse de Bemba : « Elle donnera 2 kg, 1 kg ira chez quelqu’un que le collègue d’en haut te dira et l’autre kilo chez le collègue d’en haut ». Si les avocats se sont lancés dans une aventure si risquée, c’est pour « contenter » leur client, assure l’accusation, pour « qu’il soit et reste satisfait de leur travail ».

Pourtant, le procès pour crimes de guerre intenté contre Jean-Pierre Bemba, et dont le verdict est toujours attendu, n’était pas totalement défavorable à l’ex-vice-président congolais. Si Bemba est accusé en qualité de supérieur hiérarchique, ce n’est pas pour avoir planifié et ordonné les crimes commis par ses soldats – des meurtres, des viols et des pillages – mais pour n’avoir ni réprimé ni puni.

Les suspicions de ses partisans

Au cours des événements, en 2002 et 2003, Jean-Pierre Bemba était en RDC, où il tentait de négocier son futur dans la transition en cours, entamée avec l’accord de Sun City censé mettre fin à la seconde guerre du Congo. Ses troupes avaient été envoyées en Centrafrique à la demande du président centrafricain Ange-Félix Patassé et tout au long de son procès, l’accusé avait affirmé qu’il n’en avait plus le contrôle puisqu’elles avaient été placées sous l’autorité des forces centrafricaines.

Reste que pour espérer présider un jour la RDC, la grande ambition du « chairman », il doit sortir totalement blanchi des crimes dont il est accusé devant la CPI. A l’approche de la présidentielle en RDC, prévue à l’automne 2016, les mésaventures judiciaires de Bemba nourrissent les suspicions de ses partisans.

(lemonde.)