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Le Pape a répondu aux questions des journalistes dans l’avion du retour de la Corée. Une conférence de presse très instructive, dans laquelle il évoque sa personnalité et la façon dont il envisage son pontificat.
De notre envoyé spécial à Séoul et à Rome
Dans l’avion qui le ramenait de Corée, lundi, le pape François s’est entretenu pendant une heure avec les 72 journalistes de onze nationalités qui l’ont accompagné pendant son premier voyage en Asie. Les questions essentielles ont porté sur le principe d’une intervention en Irak,1 mais ce dialogue a aussi été l’occasion pour le Pape d’affirmer pour la troisième fois depuis son élection, il y a un an et demi, qu’il renoncera à sa charge dès lors qu’il sentira ne plus avoir les forces de l’accomplir. «Je ferai la même chose» a-t-il dit, en citant l’exemple de Benoît XVI. Et qu’il envisage, à 77 ans, un pontificat plutôt court: «Tout cela durera deux à trois ans.»
Sur la question de la renonciation, il apparaît que l’idée devient de plus en plus claire dans son esprit. Évoquant la décision «noble, humble et courageuse» de son prédécesseur il a défendu le fait – «même si elle ne plaît pas aux théologiens» – que l’on s’habituera «aux papes émérites». Tout comme l’on s’est habitué aux «évêques émérites» qui étaient «des exceptions» il y a encore soixante-dix ans. Même «si la santé est bonne» a-t-il observé, «diminue avec un certain âge la capacité de bien gouverner car le corps se fatigue». Benoît XVI «a donc ouvert une porte qui est institutionnelle et qui n’est pas exceptionnelle».
Sa popularité? «Au début, cela m’épouvantait un peu»
François, qui aura 78 ans à la fin de l’année 2014, envisage plutôt un pontificat de quelques années seulement. C’est à l’occasion d’une question sur l’effet de sa popularité qu’il a fait cette confidence. Concernant son immense popularité, il a reconnu avoir été plutôt embarrassé au début du pontificat par les acclamations de la foule, «Francesco, Francesco» qu’il demandait de corriger par «Christo, Christo», mais il a désormais renoncé: «Je le vis plus naturellement qu’au début. Au début, cela m’épouvantait un peu» a-t-il observé, mais «je la vis [cette popularité] en remerciant le Seigneur que son peuple soit heureux. Espérant le meilleur pour le peuple de Dieu. Je la vis comme une générosité de ce peuple. Je la vis comme la présence du Seigneur au milieu de son peuple qui utilise l’évêque pour manifester tant de choses. Intérieurement, je cherche à penser à mes péchés, à mes erreurs et pour “ne pas m’y croire”.» Non devi crederti, expression argentine que son père lui disait souvent et qui est une règle de vie chez lui, serait mieux traduite par: «pour ne pas me la jouer». «Parce que je sais que ça durera peu de temps. Deux ou trois ans. Et puis, pfff… vers la maison du Père.» Et François d’éclater de rire. Certains estiment que cette mention «deux ou trois ans» pourrait concerner le temps de sa popularité, au vu du contexte de sa réponse. Mais on sait par ailleurs que ce pape ne cache pas à ses proches qu’il se voit pape pour un temps assez bref. L’horizon des 80 ans pourrait être, de ce point de vue, une étape importante et elle pourrait expliquer le fait que François ne s’économise absolument pas. Sa santé fit donc l’objet d’une autre question.
Sa santé? «Je dois être plus prudent»
Il a alors répondu: «J’ai pris mes vacances comme je le fais d’habitude. À la maison. Parce qu’un jour j’ai lu un livre intéressant. Le titre était: Réjouis-toi d’être névrotique! Parce que j’ai quelques problèmes nerveux. Il faut bien les traiter, ces nerfs! Leur donner le maté [boisson typique argentine] chaque jour. Une des névroses, c’est que je suis trop attaché à la maison… La dernière fois que j’ai pris des vacances hors de Buenos Aires c’était avec la communauté jésuite en 1975! Mais je prends toujours des vacances. Je change simplement de rythme. Je lis des choses qui me plaisent, j’écoute de la musique. Je prie davantage. Cela me repose. En juillet et une partie d’août, j’ai fait cela. Cela va bien comme ça».
Revenant toutefois sur le fait qu’il avait dû annuler à la dernière minute une visite pastorale à l’hôpital Gemelli en début d’été, il a reconnu que «10 minutes avant de partir, je n’en pouvais vraiment plus parce qu’il y avait eu des journées très chargées». Conclusion de ce bourreau de travail «je dois être plus prudent».
«À Sainte-Marthe, je vis une vie normale de travail, de repos, de discussions.»
Interrogé sur sa vie quotidienne au Vatican, il a expliqué sa philosophie avec une certaine résignation: «J’essaie d’être libre, il y a les rendez-vous de travail, de bureau. Et puis il y a la vie. La vie la plus normale que je puisse mener. J’aimerais pouvoir sortir, mais cela n’est pas possible, parce que si tu sors, les gens viennent à toi. Je ne peux donc pas. C’est une réalité. À Sainte-Marthe, je vis une vie normale de travail, de repos, de discussions.» On lui demande alors s’il se sent prisonnier, et il répond: «Non! Au début oui, mais maintenant non, des murs sont tombés. Par exemple celui de prendre l’ascenseur seul! Au début, le pape ne pouvait pas prendre l’ascenseur seul… tout cela est fini.»
François a par ailleurs confirmé qu’il préparait une encyclique sur l’écologie, tout en évoquant la difficulté de cette matière en raison des nombreuses hypothèses scientifiques dans ce domaine «les unes sont certaines, les autres non» et la nécessité «d’être sûr pour un texte doctrinal».
Quant à ses prochains voyages, le Pape a confirmé l’Albanie en septembre, le Sri Lanka et les Philippines en janvier 2015, les États-Unis – avec trois villes Philadelphie, Washington et New York avec les Nations unies – en septembre 2015. Et beaucoup d’invitations, dont le Mexique, l’Espagne, le Japon mais «rien n’est décidé»…
«Le Saint-Siège a une véritable estime pour le peuple chinois»
Et pourquoi pas la Chine? «Demain!» s’il y était invité. Il confirme là son grand intérêt et enthousiasme pour ce continent, mais à condition que «la liberté soit donnée à l’Église de faire son travail». Concluant: «Le Saint-Siège est toujours ouvert aux contacts. Toujours. Parce qu’il a une véritable estime pour le peuple chinois» et racontant qu’à l’aller vers la Corée il avait été très ému de se trouver dans le cockpit de l’Airbus d’Alitalia au moment où le pilote demandait l’autorisation de survoler le territoire chinois: «J’ai alors prié beaucoup pour ce peuple sage.»
Enfin, à propos de l’échec apparent de la prière pour la paix qu’il avait organisé le 8 juin dernier au Vatican en présence des deux présidents israélien et palestinien, François a répondu: «La prière pour la paix n’a absolument pas été un échec! On doit prier. La paix est un don. Il faut dire à l’humanité que la voie de la négociation, du dialogue est importante, mais qu’il y a aussi la voie de la prière. Après, ce qui est arrivé est arrivé… Mais ceci est conjoncturel, alors que cette rencontre n’était pas conjoncturelle. Elle a représenté un pas fondamental. Aujourd’hui les fumées de la guerre et des bombes ne laissent pas voir la porte mais, depuis lors, elle est restée ouverte.»
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