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RFI
Publié le 01-12-2018
Modifié le 01-12-2018 à 01:42
Ce samedi 1er décembre marque la 30e édition de la journée mondiale de lutte contre le Sida. Si des progrès considérables ont été faits en trente ans, la situation n’est pas maîtrisée pour autant. Selon l’Onusida, sur les près de 37 millions de personnes infectées, un quart ne le sait pas.
« Savoir c’est pouvoir, connais ton statut ! » Tel est le mot d’ordre martelé par l’Onusida qui présentait il y a quelques jours son rapport annuel à Abidjan.
En 2018 dans le monde, l’agence onusienne estime à 9,4 millions le nombre de personnes qui ne savent pas qu’elles sont infectées, qui ne se font donc pas soigner, et sont par définition de potentiels vecteurs de transmission. « Savoir son statut sérologique est le départ de tout parce qu’aujourd’hui, on sait que lorsqu’on est séropositif et que l’on arrive à vous mettre sous traitement tout de suite, on peut contrôler l’activité de virus dans le sang. C’est pour cette raison-là qu’on insiste sur le dépistage comme un droit, et il faut aller vers des formes d’optimisation de ce dépistage en allant vers les communautés, en faisant en sorte que l’auto-test devienne une réalité. Et puis surtout se battre contre la stigmatisation, la discrimination », argue Michel Sidibé directeur exécutif de l’Onusida.
Si 22 millions de personnes bénéficient aujourd’hui d’un traitement antirétroviral, Michel Sidibé déplore une baisse d’engagement financier dans beaucoup de pays dans la lutte contre le Sida. « On est un peu victimes de nos succès. On n’a plus les ressources. Nous avons cinq milliards de déficit annuel. Si les investissements ne continuent pas, on risque d’avoir un rebond de l’épidémie. Ou bien l’on paye aujourd’hui, on bien on paiera pour toujours. »
« On baisse la garde, le danger c’est la complaisance », dénonce le patron de l’Onusida.
→ Infographie: les chiffres-clés (2016) du Sida dans le monde
Au Tchad, un combat éducatif à mener
Au Tchad, 110 000 personnes vivent avec le virus et 5 800 autres sont infectées chaque année selon les dernières données de l’Onusida. Le Tchad est classé parmi les cinq pays d’Afrique de l’ouest et centrale les plus touchés par le Sida. La première dame Hinda Déby Itno a même été nommée ambassadrice spéciale de l’Onusida.
Des ONG et associations ont donc lancé un mois de lutte contre cette maladie. Au programme des ateliers d’informations, des pièces de théâtre pour sensibiliser aux comportements à risque. Mais aussi des dépistages faits en pleine rue par des équipes mobiles. Elles sont déployées dans 25 sites sensibles de la capitale tchadienne. Objectif dépister 15 000 adolescents durant toute la campagne qui se terminera le 31 décembre.
En plein coeur du quartier Chagoua, deux infirmières sont installées simplement sur des bancs. Elles effectuent des tests de dépistage du VIH. Mode d’emploi avec Judith Lasangue. « Je prélève le sang avec cette aiguille, je mets l’échantillon là-dedans et après je donne les résultats. C’est très rapide, ça ne fait pas mal », explique-t-elle.
Autour d’elles, c’est l’effervescence. Une trentaine d’adolescents qui attendent leur tour. Comme Sadi Ahmat Abdelkerim, 16 ans. « J’ai décidé de faire le test pour ma santé, pour savoir si j’ai le Sida ou non, explique-t-il. Je n’ai pas eu de comportements à risque mais je pense que c’est mieux de savoir. »
Au Tchad, le taux de prévalence du VIH a été divisé par deux depuis 2005. Des résultats encourageants, sauf chez les adolescents. Explications Désiré Ngarti Ngarhingar, président de l’ONG Solidarité des jeunes pour la formation et le développement : « Il y a la question de l’éducation, il y a un manque de dialogue familial qui fait que les jeunes apprennent certaines attitudes des comportements aux risques. Dans certains milieux, on estime que c’est inadmissible de montrer aux jeunes l’utilisation du préservatif. »
Les traitements contre le VIH sont gratuits au Tchad. Et disponibles dans une soixantaine de centres de santé du pays.
En Afrique du Sud, le Sida persiste à la faveur des inégalités économiques
En Afrique du Sud, d’immenses progrès ont été fait pour limiter la transmission du VIH de la mère à l’enfant, en dépistant systématiquement les femmes enceintes et en plaçant les mères séropositives sous traitement.
En revanche, comme au Tchad, les adolescents restent extrêmement vulnérables, particulièrement les jeunes filles. Neuf femmes entre 15 et 24 ans sont infectées par le VIH toutes les 60 minutes en Afrique du Sud, soit 1500 chaque année. Une étude juste publiée, l’Unicef estime qu’au rythme actuel, 80 adolescents mourront chaque jour du Sida en 2030 si rien n’est fait pour mieux cibler cette population dans les programmes de prévention.
A 18 ans, Saidy Brown a écrit une lettre au VIH, le virus qui a bouleversé sa vie d’adolescente. La jeune fille avait découvert quatre ans plus tôt qu’elle était séropositive depuis la naissance. Elle a depuis décidé de prendre la parole, pour combattre les préjugés, encore très forts : « Une fois que nous serons débarrassés de la stigmatisation de la société, il sera plus facile de s’accepter comme séropositif et aussi d’entrer dans une clinique pour se faire dépister. »
Saidy Brown estime que le Sida est encore trop souvent associé à l’idée d’une sexualité débridée ou libertine, alors que la pauvreté est un important facteur de risque selon elle : « Il y a des scénarios où une jeune fille est dans une relation avec un homme plus âgé, ou juste avec une personne qui peut payer pour elle. Et il n’est pas facile de négocier du sexe protégé avec quelqu’un qui a le pouvoir dans la relation. »
Un programme de prévention appelé argent et soin a été mis en place dans plusieurs pays africains. Il s’agit de verser une somme allant de 1 à 10 dollars par mois aux adolescentes qui poursuivent leurs études. « Il y a cette idée qu’en donnant de l’argent aux jeunes filles, en particulier, on peut briser le cercle vicieux de la pauvreté, explique le docteur Chafik Essajee. Et s’assurer qu’elles vont se soigner, ou qu’elles vont adhérer plus facilement aux programmes de prévention. Et cela a un vrai impact. Pas seulement sur la prévention du VIH, mais sur tous les objectifs de développement. »
Mais pour protéger les femmes, il faut aussi éduquer les hommes, rappelle le docteur.