Politologue, Alexandra de Hoop Scheffer est directrice, en France, du think tank transatlantique German Marshall Fund of the United States. Etablie à Paris, elle travaille sur les liens entre l’Europe et l’Amérique, et considère que le « trumpisme » est bien plus ancré dans la société américaine qu’on le dit.
Les élections de mi-mandat du 6 novembre sont-elles de nature à contrarier le président Trump ? A quoi faut-il s’attendre ?
Le scénario qui se profile est celui d’un Congrès divisé, les démocrates remportant la majorité à la Chambre des représentants et les républicains conservant le contrôle du Sénat. Le président Trump se retrouverait ironiquement dans une situation similaire à celle de son prédécesseur, Barack Obama, en 2010. Incapable de gouverner, le président devrait recourir aux décrets, outils fragiles puisqu’ils peuvent être annulés par un autre décret présidentiel. La plupart des chantiers et projets de la présidence Trump se trouveraient compromis – mur avec le Mexique, destruction de l’Obamacare, coupes dans les programmes sociaux, baisses d’impôts. La Chambre des représentants se transformerait aussi en une ruche de commissions d’enquête.
La bataille qui oppose Trump et le procureur spécial, Robert Mueller, s’élargirait à un face-à-face entre Trump et 21 présidents de commissions – dont celles, puissantes, du renseignement, des affaires judiciaires, du budget, du contrôle et de la réforme de l’Etat –, qui pourraient (re)lancer des enquêtes sur les soupçons de collusion avec la Russie, la possible entrave à la justice lors du limogeage du patron du FBI, et sur toutes les affaires et les scandales dans lesquels Trump est empêtré. Le président conserverait cependant une grande marge de manœuvre en politique étrangère et militaire.
On a souvent décrit l’électeur de Trump comme étant un citoyen blanc et exclu de la mondialisation, ayant peur du déclassement social et de la perte d’influence…