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Les caisses de la Commission électorale congolaise siphonnées en douceur


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Bureau d'election-Le dossier le plus explosif qu’a étalé sur la table Jean-Jacques Lumumba, c’est celui de la CENI. Au Congo, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est chargée d’organiser les élections. A l’échelle de ce pays-continent, cette tâche est gigantesque. Pour le prochain scrutin, on parle d’un coût supérieur au milliard, financé par la communauté internationale et par les autorités congolaises.

Les dirigeants de la CENI assurent depuis des mois que les financements font défaut, entre autres parce que la communauté internationale, faute de calendrier clair, n’a pas payé les sommes promises. Et il est désormais confirmé qu’il sera impossible d’organiser les scrutins aux dates prévues (avant le 19 décembre 2016).

Or il apparaît que le gouvernement congolais a déjà versé des fonds destinés à financer l’achat de matériel électoral. Depuis janvier 2016, la CENI a reçu six versements du Trésor public, pour un total de 55 millions de dollars, sur l’un de ses comptes logés à la BGFI Bank. Si ce n’est un chèque d’un peu plus de 900.000 dollars retiré le 10 mai, rien n’a été dépensé sur ce compte. Fin septembre, au moment où s’arrêtent nos informations, il reste donc à la CENI plus de 54 millions de dollars sur ce livret.

Sauf que la CENI joue un double jeu, avec un deuxième compte, également logé à la BGFI. Début mai 2016, il n’y avait pas un euro sur ce compte. Démarre alors une drôle de combine. La CENI, qui dispose pourtant de capitaux importants sur son autre compte, décide de s’endetter. Elle ouvre un crédit de 25 millions de dollars, toujours chez BGFI.

« Il est pour le moins imprudent dans le chef de la BGFI d’avoir prêté une somme aussi élevée. Au Congo, il est interdit aux banques de prêter des sommes dépassant 25 % de leurs fonds propres. Or avec 36 millions de fonds propres, la BGFI ne pouvait pas prêter plus de 9 millions. C’est une infraction à la règle prudentielle », commente un expert consulté par nos soins.

Autre curiosité : alors qu’elle thésaurise sur son premier compte, ici, la CENI liquide tout. Une partie via des virements identifiés, vers la société française Gemalto par exemple (lire ci-contre). Mais on observe également de nombreux chèques inexpliqués : 350.000 dollars par-ci, 750.000 dollars par-là, 1,5 million de dollar la fois suivante. Entre mai et septembre 2016, la CENI a procédé à des retraits par chèque pour un montant total de 7,5 millions de dollars ! A quoi ont servi ces chèques ? Aucune idée. Mais il flotte un parfum de corruption.

« Ces retraits ont été faits alors que le client était blacklisté, ce qui aurait dû l’empêcher de bénéficier de tout service bancaire. La procédure a été outrepassée sciemment », dénonce Jean-Jacques Lumumba. Pour le prouver, il livre des mails, où un cadre de la BGFI demande systématiquement de lever ces blocages au moment des retraits… pour les remettre juste après.
Le patron de la CENI, Corneille Nangaa, réfute : la CENI n’est pas blacklistée. Mais Lumumba persiste. Et il fournit des preuves.
Mais ce n’est pas tout. BGFI Bank se sert aussi allègrement. Sur le compte à découvert de la CENI, la banque prélève en effet de généreux intérêts et commissions. Entre mai et septembre, ce sont près de 3 millions de dollars qui ont été prélevés par la banque. Or il aurait suffi à la CENI d’éviter ce découvert, en utilisant les millions de dollars qui sommeillent sur son autre compte, pour éviter ces frais inutiles. « C’est du détournement de fonds », gronde Lumumba, qui accuse le patron de la BGFI Bank, Francis Selemani, de s’en mettre plein les poches au passage.
Appelée à s’expliquer, la BGFI n’a pas répondu à nos sollicitations. Le patron de la CENI, Corneille Nangaa, s’est limité à un commentaire général. « Nous essayons de gérer au mieux le peu de ressources dont nous disposons. En outre, les opérations normales que nous pratiquons font l’objet d’un rapport qui est présenté au Parlement ». Et d’ajouter : « Un aspect qui échappe souvent à ceux qui ne connaissent pas le Congo, c’est qu’en dehors de Kinshasa et des grandes villes, les circuits bancaires sont inexistants. Nous sommes donc obligés d’effectuer les transactions en cash ». Mais sur les questions plus précises, tout ce petit monde reste muet.

Par colette braeckman