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– Les “concertations nationales” qui doivent s’ouvrir mercredi pour régler la crise sociale, politique et militaire en République démocratique du Congo (RDC) semblent mal s’engager en l’absence quasi certaine de l’opposition, qui devrait boycotter ces assises. Le président Joseph Kabila, réélu en 2011 à l’issue d’un scrutin contesté, avait initialement promis ces concertations pour le début de l’année 2013. Fin juin, il a signé une ordonnance précisant qu’elles porteraient sur la gouvernance, l’économie, le désarmement des groupes armés, les conflits communautaires et la décentralisation. Les échanges doivent durer une quinzaine de jours. Les états-généraux se dérouleront à Kinshasa, la capitale, Lubumbashi, la deuxième ville du pays et capitale de la province riche et instable du Katanga (sud-est) d’où est originaire M. Kabila, et Kisangani, la capitale de la Province Orientale (nord-est). L’organisation a été confiée aux présidents de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, et du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, considérés comme proches du pouvoir. Et le président Kabila doit lui-même prononcer le discours d’ouverture des travaux mercredi à Kinshasa, au Palais du peuple, siège du Parlement.
Ces assises s’ouvrent après de longues discussions entre la majorité issue des élections législatives et présidentielle de 2011, l’opposition qui a rejeté le résultats de ces scrutins, et la société civile. Elles ont également lieu alors que l’armée congolaise, soutenu par les Casques bleus, progresse sur le terrain contre les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), dans l’est du pays, et dont les représentants ne sont pas conviés aux concertations. L’idéal d’un rassemblement national semble bien compromis. Les grands groupes parlementaires de l’opposition – l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le Mouvement de libération du Congo (MLC) et l’Union pour la nation congolaise (UNC) – exigent une improbable rectification du mode d’organisation des concertations, faute de quoi ils boycotteront le processus. Le dialogue devrait se limiter alors à un échange entre la majorité et une partie de la société civile. En juillet, près de 80 partis d’opposition avaient estimé que la forme retenue pour les assises ne correspondait pas à la recommandation de l’ONU d’organiser “un dialogue politique transparent et sans exclusive entre toutes les parties prenantes congolaises”.
L’opposition demande que Mary Robinson, envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la région des Grands Lacs, soit le “témoin” des concertations, et que le chef de l’Etat du Congo voisin, Denis Sassou Nguesso, en soit le “facilitateur”. Celui-ci avait dit en juillet être “disponible” pour assurer cette médiation.
Alors que la majorité de la population vit dans un dénuement extrême et que l’Etat peine à imposer son autorité sur l’ensemble du territoire, face à de nombreux groupes armés, l’opposition souhaite que les discussions débordent du champ fixé par M. Kabila.
Elle voudrait qu’elles concernent les violations massives des droits de l’Homme, l’enrôlement des enfants soldats, le pillage et le bradage des ressources naturelles, la formation d’une armée républicaine et moderne, la légitimité des institutions, et la corruption.
Parmi les autres requêtes: la récusation du président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), l’abbé Appolinaire Malu-Malu, jugé proche de M. Kabila. Il est soupçonné de vouloir modifier l’article 220 de la Constitution pour permettre au président de briguer un troisième quinquennat.
Par Habibou BANGRÉ
AFP