Fusil à main, regard visiblement fatigué au visage déterminant entre espoir et désespoir, le long de la route Goma- Rutshuru sur l’axe Munigi-Kibati, au pied du volcan Nyiragongo, drainent des milliers des soldats loyalistes FARDC. Ils ne cessent de faire mouvement vers la ligne de front en direction de la bourgade de Kibumba à trente Kilomètres au nord de Goma, à la lisière de la frontière rwandaise. La localité a été prise des FARDC par les troupes rebelles du M23, appuyées par des unités de Rwanda defence force – l’armée rwandaise -. Depuis lors, en se repliant sur Kibati, les loyalistes tentent de se réorganiser pour lancer l’offensive.
Des incompréhensions notoires surviennent et s’observent même au sein du commandement. Le général Gabriel Amisi en charge des forces terrestres semble vouloir imposer sa stratégie aux commandants des unités en place. Il aura raison en tant que patron des opérations. Le comble, sa tactique n’est pas une bouffé d’oxygène pour les FARDC disent des nombreux officiers. ” Depuis la bataille de Kibumba, son commandement ne nous a servi à rien. Au contraire, nous avons perdu nos positions quand bien même nous avions de l’avance sur l’ennemi ”, témoigne un commandant dont son unité a combattu sur ce front.
En moins de 24h, la détermination se lit clairement au sein du commandement de la 8ème Région militaire. Sous les auspices d’une frange d’officiers à leur tête le général Bahuma Amba, commandant de la région et le colonel Etienne Bindu, son adjoint en charge de l’administration et de la logistique. Ne s’avouant pas vaincus, ces officiers au patriotisme avéré décident de reprendre l’offensive en mettant en place une stratégie un peu différente de celle du général Amisi. Après de dures batailles, les FARDC réussissent à infliger une cinglante défaite aux rebelles. Les loyalistes capturent une dizaine de rebelles, en tuent une centaine et récupèrent une partie de Kibumba, malgré l’appui des troupes rwandaises. ” Le général Lucien Bahuma a dû fermer ses téléphones afin de se mettre à l’abri des pressions, sans quoi, il n’aurait pas réussi ce coup ”, nous a confié sous anonymat un haut officier qui a participé aux combats.
Des pressions, Bahuma et ses collaborateurs en ont eu de Goma, mais aussi de certains milieux dans la capitale Kinshasa ajoutera plutard notre source. Sans doute des infiltrés au sein de l’appareil militaire. Des ennemis du peuple congolais, à la solde du Rwanda. note un observateur membre de la société civile. D’ailleurs, Thomas d’Aquin Muiti, président de la société civile du Nord-Kivu et Alphonse Kubuya, président du Barza intercommunautaire, avaient demandé au Chef de l’Etat d’opérer des changements à la tête de la 8e Région militaire et de l’Etat major General. Ils avaient sans doute raison. Et comme des prophètes, ils disaient des choses pourtant négligées, mais qui par la suite se révèlent petit à petit vraies.
Le cas, il y a lieu de le dire du General major Amisi Kumba dit Tango fort, qui a été suspendu de ses fonctions accusé d’avoir trempé dans le trafic d’armes au Nord-Kivu à la suite d’un rapport des NU. Pourtant, ca et là au Nord-Kivu, chacun se demandait comment cet officier parvenait jusque-là à garder son poste ? Alors que sa présence sur tous les fronts n’a jamais connu des succès pour les Fardc. Nous n’avons pas oublié la déroute des forces loyalistes à Mushaki et à Kingi alors qu’elles s’approchaient de Kirolirwe dans le territoire de Masisi, et étaient sur le point d’encercler Laurent Kunda.
Des officiers patriotes
Mais sans renfort sur le terrain, le Général Bahuma et ses troupes ne pouvaient pas tenir longtemps. Alors que les renforts annoncés vers le Sud-Kivu notamment, tardaient à venir, les troupes rebelles, en ont profité pour se réorganiser et lancer une bataille féroce contre les FARDC. Ce qui obligea les casques bleus de la Monusco d’entrer en danse avec l’aviation et les chars mais sans succès.
Mais pendant ce temps, sur le terrain, les FARDC gardent toujours le moral. Des militaires affichent leur détermination à défendre mordicus l’intégrité du territoire national. Ils sont appuyés par les chars et l’artillerie lourde de la garde républicaine. Ce dimanche, matin, les rares commerces et activités ouvertes ferment après quelques heures d’ouvertures. Les détonations d’armes au nord de l’aéroport inquiètent.
Dans les rues des curieux ne cessant de faire le V de la victoire à chaque passage des troupes loyalistes en signe d’encouragement. Fort malheureusement, c’est sans compter avec la farouche détermination du Gouvernement rwandais. Dont les unités du RDF ont été mises à contribution dans la bataille de Goma. Certaines sont même passées par la frontière de Gisenyi jusqu’au quartier Birere. La bataille a été minutieusement préparée et coordonnée par le Général rwandais Emmanuel Ruvusha, Bosco Ntaganda et Sultani Makenga. ” L’appui des troupes rwandaises nous a été capitale dans la prise de Goma. Tout a été bien planifié et nos hommes avaient déjà infiltrés les coins stratégiques de la ville y compris le quartier de Ndosho ”, révèlera plutard l’officier Alex du M23. Dans ce quartier de Ndosho au sortir de la ville sur la route de Sake, les FARDC avaient livrés une dure bataille contre les rebelles. ” Nous avions perdus beaucoup d’hommes, mais l’essentiel était de forcer ce passage pour poursuivre sur Mugunga et Sake ”, a ajouté Alex.
L’armée étant ce qu’elle est, avec sa discipline et le respect des ordres donnés, même mal donnés. Devait donc se plier au commandement du Chef d’Etat major des forces terrestres avec lui le colonel Innocent Gahizi, qui a longtemps combattu au sein du CNDP avant d’affirmer sa loyauté au drapeau congolais.
Mais au fil des heures, sur la ligne de front, la situation tourne de plus en plus mal pour l’armée congolaise. Tous savent bien qu’il y a des troupes rwandaises avec de l’artillerie lourde déployée aux côtés des rebelles. Visiblement sur le terrain aucune sérieuse stratégie n’est mise en place pour. La ville, toutes les institutions et tous les services de sécurités sont infestés. Les stratégies montées sont à la minute connues de l’ennemi. La rébellion a, nous l’avons constaté par la suite, des fidèles au sein de la DGM, de l’Anr et plus embêtant dans l’entourage du Gouverneur Julien Paluku et de son gouvernement. ” Nous étions informés de tout ce qui se passait à Goma, dans les secondes suivantes ”, révèle Axel nom d’emprunt d’un cadre militaire M23.
Autorité moins communicant
Dans la ville, le matin de ce lundi 19 novembre, les activités tournent au ralenti. L’inquiétude commence à élire domicile dans la population accrochée aux postes de radio pour suivre l’évolution de la situation sur le terrain. Mis à part les militaires aux fronts, aucune autorité ne semble maitriser la situation. Le matin, sur les ondes d’une radio locale, Julien Paluku, Gouverneur, tente péniblement de rassurer sa population. Mais dans l’entre temps, il a déjà déplacé certains de ses biens dont sa garde robe, et quelques documents privés et officiels de valeur semble-t-il, vers le domicile de sa mère. Mais certainement dépassé par la tournure des événements, à l’absence d’un service de sécurité fiable aux côtés du Gouverneur – pourtant disposant des moyens nécessaires humains, matériels et financiers considérables -, Julien Paluku, fait revenir quelques heures après ses biens en sa résidence. Sans lire les signes du temps déjà plein d’inquiétude.
Sur place plusieurs autorités notamment, des députés, des ministres provinciaux, et des membres du cabinet du Gouverneur sont sur le qui vive. La peur se lit sur leurs visages. Entre eux, des échanges sur des nouvelles du front parfois contradictoires et peu rassurantes. Avant qu’ils embarquent le même après midi sur un canot rapide vers Bukavu. Pendant ce temps, malgré la tournure des événements, aucune mesure concrète n’est prise par l’autorité provinciale. Il n’ ya plus de communication entre l’autorité provinciale avec sa base.
Les biens publics dont le parc automobile du gouvernement provincial sont laissés sans aucune mesure de protection. Les ministres partis, Julien Paluku, prend aussi le chemin de la base de la Monusco à une centaine de mètres de sa résidence. Laissant derrière lui deux jeeps officielles allouées au gouverneur. Contrairement à son adjoint qui a su protéger son véhicule officiel, pourtant sortit plutard à la barbe et au nez des rebelles. La stratégie de ses gardes du corps bien que moins nombreux que ceux de son chef en a été pour beaucoup.
De quoi sans doute interpeller le Gouverneur sur les capacités organisationnelles et de planification de sa garde et de son service de sécurité. Il n’a même pas eu le temps de prendre les documents officiels gardés dans sa résidence. Plutard, des rebelles qui venaient d’assiéger la ville, trouveront des sacs bourrés des francs congolais à grande valeur faciale dans la résidence de Julien Paluku. Le seul à même d’éclairer l’opinion sur l’origine et le pourquoi d’une grande quantité d’argent dans l’une des chambres de sa résidence. Des documents d’état notamment sont laissés à la merci des rebelles qui ont mis à sac la résidence avec la complicité des proches collaborateurs.
Par Sam Mambo (L’observateur)