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–ETATS-UNIS – «Le tireur» parle pour la première fois de ces 15 secondes historiques et du difficile retour la vie civile, au chômage et sans assurance santé…
De notre correspondant à Los Angeles
«C’est lui, bam, c’est fait.» Le soldat des forces spéciales américaines qui a tué Oussama Ben Laden raconte, dans un entretien au magazine Esquire, l’opération commando menée contre le chef d’Al-Qaida à Abbottabad, au Pakistan dans la nuit du 1er au 2 mai 2011.
Lorsqu’il rentre dans la chambre de Ben Laden, c’est le noir total. Le leader d’al-Qaïda peut entendre mais ne voit rien. Le soldat, lui, est équipé de lunettes de vision nocturne. «La première chose que je remarque, c’est à quel point il est grand et maigre, plus grand que nous tous. Je le regarde et il bouge sa main. Il a une mitraillette sur l’étagère, son fameux AK 47. Il s’avance.» Sa plus jeune femme est là. «Je ne sais pas si elle a une veste explosive et s’il veut la forcer à finir en martyr. Son pistolet est à portée de main. Il constitue une menace. Il me faut un tir à la tête pour qu’il n’ait pas d’occasion de se faire exploser. Je tire deux fois, en plein front. Bam, bam, la deuxième fois alors qu’il s’écroule devant son lit. Je tire une nouvelle fois, bam, au même endroit. Il ne bouge plus. Il est mort. Sa langue pend. Oh putain! Tout le monde le voulait mort mais personne ne voulait dire, ”Hey, vous allez tuer ce mec”. C’était plutôt tacite, on savait ce qu’on attendait de nous.»
Une dernière image reste gravée dans la mémoire du tireur. «Son front était horrible. Ouvert en forme de V. Je pouvais voir des bouts de son cerveau éparpillés sur son visage. Le public américain ne veut pas savoir à quoi cela ressemble.»
Au chômage
Obama a appelé ces Navy SEALs de la Team 6 «des héros anonymes». Pour Joe Biden, ce sont «la crème de la crème». Mais celui qu’Esquire appelle simplement «le tireur» n’a pas eu le droit aux lauriers ni même à une retraite dorée.
Après 16 ans de carrière, ce père de famille de 35 ans a effectué une dernière mission en Afghanistan puis a décidé de raccrocher car il voulait «vivre assez vieux pour voir [ses] enfants se marier.». Il est aujourd’hui au chômage, sans assurance santé ni retraite militaire, car il faut 20 ans de service pour la toucher. Séparé de sa femme, il habite malgré tout avec elle et leurs enfants pour économiser.
Sa famille ne bénéficie d’aucune protection particulière. Il a donc appris à ses enfants à se cacher dans la baignoire et à sa femme à tirer au fusil. Un sac est prêt pour un départ précipité et contient de quoi survivre deux semaines. Le gouvernement leur a proposé un programme de protection de témoins, avec un poste de «chauffeur de camion à Milwaukee». Mais cela s’accompagnait de l’interdiction de contacter leur famille et leurs amis, et l’ex-soldat a refusé. Il n’a pas l’intention d’écrire un livre révélant d’autres détails comme plusieurs membres de l’équipe car il respecte «le code du silence».
Zero Dark Thirty «fidèle»
Il donne son avis sur le film Zero Dark Thirty. Si certains détails ont été «hollywoodisés», notamment l’assaut final, il estime que le portrait de l’agent de la CIA surnommée Miss 100% –car elle était certaine que Ben Laden se trouvait dans la résidence– est «fidèle».
Après avoir passé près d’un an avec l’ancien soldat, le journaliste Phil Bronstein décrit un homme «drôle et apaisé, prêt à tout pour ses enfants». Ce qu’il retient de son face à face avec Ben Laden? «Alors que je le regardais rendre son dernier souffle, je me suis demandé: ”Est-ce la meilleure ou la pire chose que j’aie jamais faite”?»