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Par La Prospérité
-Dans une lettre ouverte adressée à l’Ambassadeur Roger Meece, RSSG de l’Onu en RDC, la société civile du Nord et Sud-Kivu exprime sa grande frustration et celle des populations de cette partie du pays quant au comportement de la Monusco, à chaque fois qu’une crise armée se présente à l’Est.
La Monusco, soutient la société civile de deux provinces du Kivu, hésite d’utiliser ses prérogatives inscrites dans le chapitre VII. Elle ne s’explique pas la disproportion non justifiable et inacceptable entre le nombre des troupes de la Monusco et son incapacité à protéger les populations civiles qui, encore aujourd’hui, sont dispersées à coups de canon, fuient dans tous les sens et exposées à la pluie et au froid du Kivu montagneux. ‘‘Nous, Organisations de la société civile, ne pouvons plus comprendre, ni accepter qu’avec 17000 casques bleus, des Nations Unies ne puissent pas appuyer efficacement les FARDC face à l’agression du Rwanda.
Nous ne pouvons ainsi comprendre comment avec les unités spéciales népalaises, pakistanaises, les hélicoptères de combat, les chars…, vous n’apportez pas suffisamment d’appui aux FARDC’’, lit-on dans cette lettre ouverte. Pour terminer, la société civile du Nord et Sud-Kivu invite l’Ambassadeur Meece à prendre ses responsabilités. Car, prévient-elle, le peuple en a marre et si la situation continue, il sera dans l’obligation de se prendre en charge. Voici, ci-après, l’intégralité de cette lettre ouverte de la société civile du Nord et Sud-Kivu destinée à l’Ambassadeur Meece.
Lettre ouverte de la société civile au Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC Objet : Expression des frustrations de la population Congolaise. Excellence Monsieur le Représentant Spécial, Excellence, Nous, organisations de la société civile du Nord-Kivu et du Sud-kivu en République Démocratique du Congo, venons par cette lettre exprimer notre frustration et celle de nos populations devant cette nouvelle guerre injuste et inutile imposée par le Rwanda à notre Nation. Nous tenons avant toutes choses à féliciter la MONUSCO pour avoir eu pour la première fois depuis sa présence en RDC, le courage de dénoncer, malgré les pressions, l’implication directe du Rwanda dans la guerre actuelle.
Aujourd’hui le rapport du panel de l’ONU vient en effet de confirmer que la prétendue rébellion du M23 n’est encore qu’une initiative criminelle du Rwanda et une reconversion grossière du CNDP en violation de l’accord du 23 mars 2009 qu’il revendique et dont le respect par le Gouvernement est bien connu des Nations Unies. Il faut en tirer sur le plan du droit international toutes les conséquences, en particulier, exiger le retrait immédiat et sans conditions des troupes rwandaises et infliger au Rwanda des sanctions appropriées.
La guerre actuelle est donc encore une fois le résultat de la conspiration du Rwanda contre la République Démocratique du Congo. L’invasion de la RDC par le Rwanda, en violation du droit international public et de la charte des Nations Unies et des peuples, mérite une attention particulière. Cependant, notre grande frustration et celle de nos populations est la manière dont la mission des Nations Unies se comporte depuis des années chaque fois qu’une crise pareille se présente.
La MONUSCO hésite d’utiliser ses prérogatives inscrites dans le chapitre VII. Depuis plus de 14 ans maintenant, il y a disproportion non justifiable et inacceptable entre le nombre des troupes des Nations Unies en RDC et son incapacité à protéger les populations civiles qui encore aujourd’hui sont dispersées à coups de canon, fuient dans tous les sens et exposées à la pluie et au froid du Kivu montagneux. Ces milliers de personnes déplacées devraient interpeller toute conscience et susciter un engagement sans équivoque et encore plus fort de la MONUSCO.
Excellence, vous vous souviendrez que cette pratique désormais courante du Rwanda d’envahir directement ou par procuration l’Est de la RDC n’est pas la première. Et à chaque fois, la mission des Nations Unies se comporte de la même façon, se limitant à des opérations symboliques sans impact réel sur les évènements. En mars 2003, la MONUC était spécialement mandatée en Ituri « pour suivre l’évolution de la situation sur terrain, (…) (et) fournir un appui et une assistance accrus en faveur des efforts humanitaires ainsi que faciliter formation de la commission de pacification de l’Ituri et d’aider à mener à bien ses activités » (résolution 1468).
Le 9 mai 2003 ; le siège de la MONUC à Bunia est pris pour cible… le personnel onusien ainsi que les organisations humanitaires sont évacuées. Il aura fallu que le Conseil de sécurité fasse en urgence un déploiement d’une force multinationale intérimaire européenne, …pour « assurer la protection des personnes déplacées se trouvant dans les camps de Bunia et, si la situation l’exige, de contribuer à assurer la sécurité de la population civile, du personnel des Nations Unies et des organisations humanitaires dans la ville » (résolution 1484).
Cette première mission de l’Union Européenne, dénommée Artémis, était forte de 1800 hommes et fut opérationnelle du 12 juin au 1er septembre 2003. Elle fera la différence. Dans la perspective de la reprise du contrôle de l’Ituri par la MONUC, le Conseil de Sécurité avait encore augmenté les effectifs jusqu’à 10 800 personnes et l’autorisé dès juillet « à utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans le district de l’Ituri et, pour autant qu’elle estime dans les limites de ses capacités, dans le Nord Kivu et le Sud Kivu » (Résolution 1493).
Malgré cette invitation, le scénario se répéta en mai-juin 2004 lorsque le Général dissident Laurent Nkunda, CNDP et le Colonel Mutebutsi, occupèrent la ville de Bukavu pendant plus d’une semaine et soumirent la population aux pires exactions sans que les casques bleus ne sortent de leurs casernes. Le Conseil de Sécurité adoptera encore une fois le 1er octobre 2004, la résolution 1565 qui redéfinissait et renforçait le mandat et les missions de la MONUC. Les effectifs ont augmentés à nouveau, considérablement jusqu’à plus 16700 hommes. Et pourtant en octobre 2008, le CNDP assiège la ville de Goma, protégée par la MONUC. La mission des Nations Unis est mise à nue. Aujourd’hui, c’est la même situation.
La résolution 2053, vous demande de faire de la protection des populations civiles votre priorité, d’utiliser des mesures innovatrices pour arrêter les criminels de guerres principalement ceux présents au sein du M23, d’avoir des forces de réserve capable de se transporter aux lieux des conflits et de soutenir l’action des FARDC. Notons que la plupart de chefs des bandes armées qui endeuillent nos populations sont des présumés auteurs des crimes au droit national et international. La résolution stipule aussi que la justification de la présence de la MONUSCO en RDC sera fonction de l’amélioration de la situation sécuritaire. La guerre actuelle est donc pour nous le dernier test.
Le Rwanda vient de récidiver, il se moque de la communauté internationale et humilie les troupes des Nations Unies, tue certains de ses soldats en toute impunité. Nous, Organisations de la société civile, ne pouvons plus comprendre ni accepter qu’avec 17000 casques bleus, des Nations Unies ne puissent pas appuyer efficacement les FARDC face à l’agression du Rwanda. Nous ne pouvons ainsi comprendre comment avec les unités spéciales népalaises, pakistanaises, les hélicoptères de combat, les chars…, vous n’apportez pas suffisamment d’appui aux FARDC. Cette lettre, Excellence, est pour dire que notre peuple en a marre.
Si la situation continue, il sera dans l’obligation de se prendre en charge. Prenez donc vos responsabilités. Arrêtez l’invasion des troupes rwandaises, car la patience de notre peuple a atteint ses limites. Nous gardons confiance aux Nations Unies. Nous gardons malgré tout confiance à la MONUSCO et savons qu’elle peut faire beaucoup plus qu’elle ne fait aujourd’hui. Nous attendons d’elle une action rapide et conséquente. Fait à Goma, le 9 juillet 2012