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Marché des changes : la panique


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Par  J-C. Masangu Mulongo (Le Potentiel)

-Le Franc congolais, monnaie nationale de la RDC, traverse une zone de très fortes turbulences. Ventre mou de l’économie congolaise, c’est encore dans les finances publiques que se trouve la racine du mal. L’importante masse de francs congolais injectée depuis peu sur le marché des changes a finalement eu raison de l’équilibre fragile du cadre macro-économique à fin 2010. Le Gouvernement doit s’expliquer. En attendant, à la Banque centrale du Congo, le Comité de politique monétaire a revu hier vendredi ses objectifs.

La panique est générale sur le marché des changes où la monnaie nationale, le franc congolais, se négocie sur le marché parallèle entre 935 et 940 Fc pour un dollar américain.

L’action entreprise le 8 janvier 2011 par la troïka politique (ministères des Finances, du Budget et la Banque centrale du Congo) n’a pas eu d’effets sur le marché des changes. Les équilibres rompus n’ont donc pas pu être rétablis, et ce, malgré les 50 millions Usd, injectés en deux temps à l’espace d’une semaine par la Banque centrale du Congo pour corriger le déséquilibre entre l’offre et la demande des devises sur le marché interbancaire. La situation est donc grave. En témoigne cette réunion marathon hier vendredi à la Banque centrale du Comité de politique monétaire (CPM) qui, depuis début 2010, a été élargi aux membres extérieurs à l’Institut d’émission, notamment ceux délégués par les ministères du Budget, la Primature et la Présidence de la République.

LE CPM ATTENUE

Peu alarmiste, au terme de sa réunion, le CPM a noté une « accalmie » sur le marché des changes au 28 janvier, à la suite, pense-t-il, « de deux interventions réalisées par la BCC, destinées à contrer la volatilité qui a prévalu au cours de deux premières semaines de l’année ».

Toujours est-il qu’il y a lieu, a fait observer le CPM, de parer au plus pressé. Aussi, a-t-il relevé, face à l’évolution de l’inflation, « la nécessité, d’une part, d’un ajustement coordonné des politiques macro-économiques en vue de ramener l’inflation dans la trajectoire fixée par le programme économique du gouvernement, et d’autre part, d’éviter une amplification des anticipations inflationnistes des agents économiques ».

Le franc congolais se porte très mal. L’écart de parité entre la monnaie nationale et le dollar américain se creuse au jour les jours. Cependant, il y a quelques jours, à fin 2010, l’on se vantait de la bonne tenue des indicateurs conjoncturels. Car, alors que le Fonds monétaire international tablait sur des prévisions de 15% d’inflation à fin 2010, le gouvernement a réalisé l’exploit en alignant à cette période un taux d’inflation à un chiffre, soit 9,8% contre 53,4% à fin décembre 2009. Quant à la monnaie nationale, elle ne s’est dépréciée que de 1,38% au cours de l’année 2010, contre 29,2% en 2009, le taux de change moyen pour la période s’étant fixé autour de 900 Fc. Exploit encourageant !

Devant les représentants des partenaires extérieurs réunis dernièrement par son cabinet, le ministre des Finances faisait remarquer que « ces performances résultant essentiellement d’une politique budgétaire rigoureuse ayant permis un désengagement considérable du gouvernement vis-à-vis du système bancaire ». « Alors que l’Etat était débiteur, poursuivait-il, vis-à-vis de la Banque centrale, aujourd’hui, c’est cette dernière qui garde des dépôts importants mobilisés par l’Etat congolais et qui se chiffrent à plus de 100 milliards de francs congolais, non compris d’importantes ressources tirées de l’allègement obtenu du FMI ».

LE MAL CONGOLAIS

Ainsi, toutes questions restant égales par ailleurs, s’il y a de très fortes tensions sur le marché des changes, cela ne peut être que la résultante d’un relâchement dans la mise en œuvre de la politique budgétaire. La même cause produisant les mêmes effets, l’on ne pouvait donc s’attendre qu’à l’effet contraire, c’est-à-dire le renversement de la tendance observée à fin 2010.

Ce qui explique l’emballement qu’on observe depuis quelques jours sur le marché des changes. Les vannes de sécurité ont finalement lâché. Par la faute, pense-t-on dans les milieux spécialisés, d’un relâchement délibérément entretenu au niveau de la chaîne de la dépense.

Les experts réunis au sein du CPM en ont du reste fait mention dans leur rencontre de vendredi 28 janvier. S’adressant en des termes à peine voilés au Gouvernement, « le CPM a vivement recommandé l’exécution des opérations financières du secteur public dans les limites du plan de trésorerie en vue de préserver la stabilité macro-économique et de réaliser les critères et repères quantitatifs du Programme économique du gouvernement ».

Ainsi, comme par le passé, les efforts de stabilité entrepris pendant toute l’année 2010 ont volé en éclats par la faute de ceux qui tiennent les manettes des finances de l’Etat.

Alors que tout récemment, prédisant le danger, le ministre des Finances, s’adressant toujours aux partenaires au développement notait que « pour consolider la stabilité macroéconomique, il faudra éviter tout financement du budget par la Banque centrale afin de mettre un terme définitivement à la prédominance budgétaire ». « Devant ces défis majeurs, prévenait-il, une gestion prudente des finances sera donc nécessaire pour atteindre l’objectif de stabilité du cadre macro-économique ».

Apparemment, le ministre des Finances semble avoir prêché dans le désert. Aujourd’hui, le gouvernement paie le prix de ses propres turpitudes pour avoir ordonné, hors du cadre budgétaire, des dépenses qui ont fait exploser les équilibres fragiles du cadre macro-économique. L’économie congolaise se trouve de plain-pied dans une zone inflationniste. Une situation qui n’augure pas de lendemains meilleurs dans l’exécution du programme (PEG 2) conclu difficilement en décembre 2009 avec le FMI.

Lire en encadré le communiqué du Comité de politique monétaire

Le Comité de politique monétaire, CPM en sigle, a tenu sa 1ère réunion ordinaire de l’année ce vendredi 28 janvier 2011 sous la présidence de Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo. Cette réunion a connu une large participation des membres du CPM.

Les matières ci-après ont figuré à l’ordre du jour: Adoption du compte rendu de la dernière réunion ordinaire de l’année 2010; Rétrospective sur les politiques monétaire et de change en 2010; Evolution de la conjoncture au 28 janvier 201 let perspectives des politiques monétaire et de change; Divers.

En ce qui concerne le cadre macroéconomique, il reste globalement marqué par l’accalmie sur le marché de change. Cependant, cette évolution contraste avec celle sur le marché des biens et services où le rythme hebdomadaire de formation des prix des biens et services s’est maintenu à un niveau élevé.

Sur le marché des biens et services, le taux d’inflation hebdomadaire s’est établi à 0,39 % au 28 janvier. Ce niveau, supérieur à celui observé une semaine auparavant, est en dépassement par rapport à la cible hebdomadaire moyenne pour le mois courant, fixée à 0,27 %. Une fraction majoritaire des postes du panier de l’indice, soit 80 %, a connu des accroissements des prix supérieurs à 0,32 %. Les hausses les plus significatives concernent les services de transport, les viandes et poissons, les fruits, les médicaments et produits pharmaceutiques ainsi que les meubles. L’évolution des prix de certains produits tient essentiellement à la persistance des effets décalés de l’accélération de la dépréciation du taux de change et à la raréfaction de l’offre de certains produits. Ainsi, en annualisé, le taux d’inflation s’est situé à 20,7 % contre un objectif PEG II de 9,9 % pour l’année en cours.

Sur le marché des changes, une accalmie s’est observée au 28 janvier à la suite de deux interventions réalisées par la BCC, destinées à contrer la volatilité qui a prévalue au cours de deux premières semaines de l’année. En effet, à l’interbancaire, le taux de change s’est apprécié de 0,6 % comparé à son niveau du 21janvier, en dépit de légères fluctuations enregistrées sur les segments libre et parallèle du marché, soit respectivement -0,02 % et -0,13 %.

Sur le marché monétaire, la tendance à la baisse des taux d’intérêt réels s’est poursuivie, attribuable à la hausse de l’inflation. En effet, le taux directeur réel s’est situé à 1,3 point au 28 janvier contre 2,0 points une semaine auparavant. Quant au taux moyen pondéré réel du billet de trésorerie, il est même devenu négatif, passant de 0,21 point à -0,63 point en une semaine.

S’agissant des instruments des politiques monétaire et change, une ponction nette de 20,4 milliards a été opérée au 26 janvier grâce aux interventions sur le marché des changes ainsi que l’action de la réserve obligatoire.

Face à l’évolution de l’inflation, le Comité de Politique Monétaire a relevé la nécessité, d’une part, d’un ajustement coordonné des politiques macroéconomiques en vue de ramener l’inflation dans la trajectoire fixée par le Programme économique du gouvernement et, d’autre part, d’éviter une amplification des anticipations inflationnistes des agents économiques.

Au regard de ce qui précède, le Comité de politique monétaire a décidé de procéder, à une révision à la hausse du taux directeur de la BCC. Ce dernier passe de 22 % à 29,5 %. S’agissant du coefficient de la réserve obligatoire, il est maintenu à 7 %. Par ailleurs, les fourchettes d’appels d’offres des BTR devraient être maintenues à un niveau adéquat pour capter tout excédent éventuel de la liquidité.

Le CPM a vivement recommandé l’exécution des opérations financières du secteur public dans les limites du plan de trésorerie en vue de préserver la stabilité macroéconomique et de réaliser les critères et repères quantitatifs du Programme économique du Gouvernement.

Je vous remercie.

Fait à Kin, le 28 janvier 2011.

J-C. Masangu Mulongo

Président