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Martin Fayulu : « Élections ou pas, Joseph Kabila n’aura pas un an de plus »


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-Après l’annonce faite par Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de la probabilité d’un report des élections en RDC, l’opposition congolaise ne décolère pas. L’opposant Martin Fayulu, cadre du Rassemblement, revient pour Jeune Afrique sur ce que dit l’accord du 31 décembre.

L’annonce faite vendredi 7 juillet, à Paris, par Corneille Nangaa, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de reporter les élections présidentielle et législatives en RD Congo au-delà de 2017 ne passe pas, pour Martin Fayulu. Celui-ci est également le coordonnateur de la Dynamique de l’opposition. Il ne jure que par l’accord du 31 décembre.

Candidat déclaré à la présidentielle pour le compte du parti politique qu’il préside, l’Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement), le député revient sur ce que dit l’accord de la Saint-Sylvestre, dont il est l’un des signataires, sur la tenue de la présidentielle.

L’homme d’affaires évoque également l’organisation du conclave du Rassemblement, initialement prévu le 8 juin dernier. Cette réunion devrait fixer la position de la principale plateforme de l’opposition congolaise sur le report des élections. Le leader de l’Ecidé a exprimé son souhait de voir le Rassemblement organiser des primaires pour se choisir un seul candidat à la prochaine présidentielle.

Jeune Afrique : Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante  a déclaré que la présidentielle ne sera « probablement pas possible en 2017 ». Quelle est la réaction du Rassemblement ? 

Martin Fayulu : Face aux déclarations irresponsables de M. Nangaa, le Rassemblement pense que les élections doivent avoir lieu cette année. C’est impératif. Cela a été décidé lors du dialogue mené par la Cenco [Conférence épiscopale nationale du Congo, NDLR] et nous nous tenons à ça. M Nangaa a accepté une responsabilité, il maîtrise bien la loi portant organisation et fonctionnement de la Céni et il connait bien notre Constitution.

Il était appelé au dialogue, et nous nous étions convenu que le 31 juillet, nous pourrions avoir le fichier électoral et que les élections pouvaient avoir lieu fin décembre [2017, NDLR]. Les spécialistes nous avaient dit que, dès que nous avions le fichier électoral, nous n’aurons droit qu’à 110 jours pour organiser les élections. Aujourd’hui, nous pensons que Joseph Kabila essaie de nous distraire. Et il utilise Corneille Nangaa pour faire ses ballons d’essais, pour déstabiliser la population.

Joseph Kabila continue avec des manœuvres dilatoires pour demeurer au pouvoir

Quel scénario envisagez-vous pour les mois à venir ?

Le rassemblement a déjà réfléchi à une position claire qui vous sera communiquée le 22 juillet. Le Rassemblement va donner exactement toutes les résolutions de son conclave et donner sa position sur le report des élections.

L’accord de la Saint-Sylvestre, que vous avez signé, n’avait-il pas prévu l’éventualité du report des élections, en insistant sur l’évaluation du processus électoral entre le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA), le gouvernement et la Céni ?

L’accord de la Saint-Sylvestre ne parle pas de l’éventualité de reporter les élections. L’accord parle de l’évaluation régulière du travail fait par le gouvernement, le Parlement, la Céni et tout ce qui entoure l’organisation matérielle des élections.

Pourtant, la composition du bureau de la CNSA tarde à être connue… 

Il n’y a pas application de l’accord. Joseph Kabila continue avec des manœuvres dilatoires pour demeurer au pouvoir. Il utilise Corneille Naanga pour l’aider dans cette stratégie de repousser sans cesses aux calendes grecques. Élections ou pas, Joseph Kabila n’aura pas un an de plus. L’accord lui a donné un sursis d’un an, il n’en aura pas plus. Il doit partir le 31 décembre 2017.

 L’accord dit que Joseph Kabila ne pourra plus jamais se représenter dans une élection présidentielle en RD Congo

En 2016, le Rassemblement avait déjà donné un ultimatum à Joseph Kabila. Cette fois, comment comptez-vous vous y prendre pour obtenir son départ ?

L’année dernière, l’ultimatum avait été lancé au regard de l’Article 70 de la Constitution [qui stipule que le président est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans, NDLR]. La loi dit que trois mois avant l’organisation des élections, il faut que la Céni présente un calendrier électoral.

Ensuite, il y a eu la proposition du dialogue par la communauté internationale, par le biais de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), avec l’accompagnement des présidents José Eduardo dos Santos [président de l’Angola, NDLR] et de Denis Sassou Nguesso [président du Congo] sous l’égide des évêques. Mais aujourd’hui, l’accord de la Saint-Sylvestre stipule que Monsieur Kabila ne pourra plus jamais se représenter à une élection présidentielle en RD Congo. C’est acté et écrit dans l’accord. L’accord confirme qu’il n’y aura ni changement de la Constitution, ni révision de celle-ci, quelle que soit la voie empruntée.

Moïse Katumbi et vous-même vous êtes déjà déclarés candidats pour la prochaine présidentielle. L’UDPS fait également pression sur Félix Tshisekedi pour qu’il présente sa candidature. Comment voyez-vous l’avenir du Rassemblement ?

Le problème, ce n’est pas de se déclarer candidat à la présidentielle. Au contraire, cela montre la vivacité et la démocratie au sein du Rassemblement. L’essentiel, c’est comment nous allons y arriver, en bout de course.

Le problème, c’est aussi que du coté des kabilistes, personne n’ose se présenter pour être candidat à la présidentielle, parce qu’ils pensent que ce serait un crime de lèse-majesté.

La RDC a besoin d’un enfant du pays capable de comprendre sa complexité

Êtes-vous toujours favorable à l’organisation d’une primaire au sein du Rassemblement, pour désigner un candidat à la présidentielle ?

Je suis toujours favorable à ce que nous trouvions un mécanisme cohérent, transparent et correct pour la désignation d’un candidat commun et qui soit approuvé par tous. Il ne faut pas avoir peur de la vérité, tout en mettant en avant des critères clairs pour que la personne la plus compétente puisse être désignée. La RDC a besoin d’un enfant du pays, capable de comprendre la complexité du monde et du Congo pour aller de l’avant.

Un possible retour de Vital Kamerhe au sein du Rassemblement est-il envisageable ?

Le Rassemblement a besoin des gens de conviction, intègres, responsables, disciplinés et prêts à se sacrifier pour le pays. Le Rassemblement n’a pas besoin de démagogues.

La tenue du conclave du Rassemblement, initialement prévu les 8 et 9 juin dernier a été reporté sine die. Quand aura-t-il finalement lieu ?

Nous travaillons déjà en commission. Nous livrerons nos conclusions le 22 juillet prochain, lors d’une cérémonie.

Avec Jeune Afrique