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–La joie se lisait sur les visages de tous les officiels réunis le samedi 22 mars 2014 à « Koweit City », à l’occasion de l’inauguration de l’Hôpital du Cinquantenaire. Tous les intervenants ont pris l’engagement d’épargner à cet ouvrage le sort généralement réservé aux « éléphants blancs ». Les observateurs ont pris acte.
Les paris à tenir pour le futur, hormis celui de la maintenance, sont ceux de la qualité des soins, de la qualification du personnel, de la fiabilité des équipements, de l’accessibilité de soins au commun de Congolais, de l’arrêt effectif de la saignée du trésor public à travers des transferts médicaux à l’étranger.
En ce qui concerne le respect des normes internationales en matière de prise en charge des malades, cela va se vérifier au fur et à mesure des consultations, de l’administration des soins, de la nature des actes chirurgicaux, etc. D’aucuns pensent que le ministre de la Santé est allé vite en besogne en proclamant qu’aux taux de 20.000 Fc (plus de 20 dollars Usd) pour la consultation par un généraliste et de 25.000 Fc ( plus de 25 dollars) pour la consultation par un spécialiste, l’Hôpital du Cinquantenaire était ouvert aux Congolais de toutes les catégories sociales. Ils n’ont pas tort, ces millions de Congolais qui vivent avec moins d’un dollar par jour et qui s’estiment exclus des fichiers de cette formation médicale, en raison de leur pouvoir d’achat quasi nul. Car les 20.000 ou 25.000 Fc représentent la facture du traitement complet du paludisme, de la fièvre typhoïde, de la grippe, de la bronchite… au dispensaire des religieuses catholiques ou des « Salutistes » du quartier, où sont dispensés les « soins de santé primaires ». Et lorsqu’on s’adresse à la guérisseuse ou au guérisseur traditionnel ou directement au pharmacien du coin, c’est moitié prix. Il y a des concitoyens tellement démunis – et ils constituent malheureusement l’écrasante majorité – qu’ils ne seront jamais tentés de mettre leurs pieds à «Koweit City» pour « gaspiller » 20.000 ou 25.000 Fc rien que pour une consultation, sans le moindre soin.
Ne nous voilons pas la face pour affirmer que l’Hôpital du Cinquantenaire n’est pas à la portée des gagne-petit. Il est d’ores et déjà sélectif, financièrement.
Quant à l’ambition qu’affiche l’Etat congolais de faire du transfert des malades congolais à l’étranger l’exception, elle est accueillie avec beaucoup de scepticisme. Dans ce pays où il n’est pas facile de cacher la vérité, on va finir par savoir, très vite, si les « VIP » et leurs familles ont réellement tourné la page des soins en Afrique du Sud, en Belgique, en Suisse, en France, en Inde, etc. Si les évacuations médicales en dehors du pays, parfois avec mort subite dans les avions ne s’arrêtent pas, on peut dès lors croire que la cérémonie de samedi comporte beaucoup de dessous de cartes.
On peut craindre un taux de fréquentation très faible pour l’Hôpital du Cinquantenaire si les tarifs de consultation des malades restent ceux annoncés par le ministre de la Santé et si les « VIP » et leurs familles continuent de tromper toute la Nation, en préférant se faire soigner à l’étranger, aux frais du Trésor public. Le pays aura investi 100 millions de dollars dans un authentique « Eléphant blanc », si celui reste inaccessible aux Congolais d’en-bas à cause de leur précarité financière et si les épouses des décideurs politiques et mandataires publics n’arrêtent pas d’aller accoucher dans les cliniques américaines, sud-africaines, canadiennes, européennes et indiennes. Au regard de l’échantillon des formations médicales haut de gamme présentes à Kinshasa, en principe la spirale des évacuations médicales à l’étranger aurait dû fléchir. Or, tel n’est pas le cas. La mentalité congolaise, surtout dans la société bourgeoise, est fondée sur la méfiance à l’égard du système national de santé. La crédibilité de ce bijou va se jouer sur des paramètres plus subjectifs qu’objectifs. Si les ministères du Budget et des Finances ne jouent pas la carte de la transparence, l’opinion publique aura du mal à croire que les transferts médicaux à l’extérieur relèvent désormais de l’exception.
Un passé révoltant
La Seconde République a légué au pays plusieurs « éléphants blancs », à savoir des investissements onéreux de prestige, sans lendemain. On peut citer, au hasard, l’Echangeur de Limete, l’ex-CCIZ (Centre de Commerce International du Zaïre), la Cité historique du Parti à N’Sele, le Domaine Agro-Industriel et Présidentiel de N’Sele (DAIPN), la Sosider (Société Sidérurgique de Maluku) pour la ville de Kinshasa, l’Aéroport International de Gbadolite pour la province de l’Equateur, la Sucrière de Lotokila en Province Orientale, la Sucrière de Mushi-Pentane au Bandundu, la Cimenterie Nationale de Kimpese dans le Bas-Congo, etc.
Aujourd’hui, le « Wall Street » congolais qui devait avoir pour pôle d’attraction l’ex-CCIZ a été transformé en hôtel, après plusieurs années d’abandon. La Cité historique de N’Sele, avec sa stèle, sa piscine olympique, ses salles de congrès et de conférences, ses pavillons de luxe, son stade de football ressemble à un musée désaffecté. Non loin de là, le DAIPN, que l’on peut confondre facilement à une ferme du Moyen-Age, tente de renaître de ses cendres, sur fond d’un nouvel investissement.
L’ex-Zaïre avait raté, dans les années ’80, l’occasion d’abriter une des industries lourdes de référence en Afrique. Mais, en lieu et place des barres d’acier qui devraient sortir de ses fonderies, sérieusement attaquées par la rouille, la Sosider héberge présentement des herbes sauvages. Son personnel ploie aujourd’hui sous près de deux cents mois sans salaires. L’Echangeur de Limete, après avoir englouti des millions de dollars et n’avoir jamais abrité la plus « haute tour du monde » appelée à détrôner la Tour Eiffel, a trouvé une utilité originale : la réception des kermesses et concerts en plein air.
Ne pouvant drainer aucun trafic international, sinon les vols réservés aux « invités » du maréchal Mobutu, l’aéroport de Gbadolite n’est plus que ruine alors qu’une telle piste aurait pu être construite à Bunia, Beni, Butembo, Goma, Bukavu, Kindu, Mbuji-Mayi ou Matadi, qui ont toujours connu une forte fréquentation d’aéronefs.
Beaucoup de bruits avaient été faits autour des sucrières de Lotokila et Mushi-Pentane mais, au finish, le tout s’était arrêté aux juteuses commissions partagées entre initiés. Après quelques années de fonctionnement difficile, la CINAT a fini par mettre la clé sous le paillasson. Ses usines ont cessé de vomir, depuis des lustres, des sacs de ciment, un des produits stratégiques pour la reconstruction de la République Démocratique du Congo.
Kimp