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-Ils étaient cinq, ce lundi 16 mars, présents pour recevoir les hommages dus à leur rang à l’occasion de la rentrée parlementaire.
Cinq anciens présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat (le cardinal Monsengwo, Thomas Luhaka, Vital Kamerhe, Evariste Boshab et Aubin Minaku – Azarias Ruberwa était présent en tant qu’ancien vice-président) célébrés comme il se doit par les élus très majoritairement issus des rangs du FCC. Des hommes qui ont oeuvré pour le bien du pays et qui entendent désormais recevoir non seulement une ovation des élus mais surtout les émoluments liés à leur ancienne charge.
La RDC se dote d’une loi sur les anciens présidents de la République
En juillet 2018, alors que le pays se prépare enfin à voter, avec deux ans de retard, des machines à voter douteuses et des listes électorales tout aussi sujettes à caution, le pouvoir kabiliste (Aubin Minaku gère alors le perchoir l’Assemblée nationale) fait passer la loi taillée sur mesure pour Joseph Kabila. La loi du 26 juillet 2018 « portant statut des anciens présidents de la République élus » est confectionnée pour assurer les arrières du président de l’époque, l’Autorité morale du PPRD. Mais, Aubin Minaku, formé chez les Jésuites et les Salésiens, n’a pas oublié la parole de Saint-Pierre qui veut que « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Adossée à cette loi sur le statut des anciens présidents élus, on trouve ainsi la loi fixant « les avantages accordés aux anciens chefs des corps constitués. »
Le chapitre III de ce texte de loi prévoit les avantages et devoirs reconnus aux anciens présidents des deux chambres du parlement.
L’article 19 de cette loi, énumère les avantages dont pourront jouir ces anciens présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat : indemnité mensuelle, indemnité de logement, prise en charge de la sécurité, passeport diplomatique pour lui, son conjoint et ses enfants mineurs, un vol en business class pour lui, son conjoint, ses enfants mineurs, des soins de santé pris en charge par le trésor public, au pays ou à l’étranger, pour lui, son conjoint et ses enfants mineurs, 2 véhicules (renouvelable une fois).
La loi passée en juillet 2018 a mis du temps à sortir ses effets suite à la présidentielle et au temps nécessaire à l’installation du nouveau gouvernement issu de la coalition FCC – Cach. Du coup, les anciens présidents des deux chambres ont dû longuement ronger leur frein afin de pouvoir faire prévaloir leur droit. Pour aider le nouveau gouvernement congolais, une structure a été créée, portée à bout de bras par Aubin Minaku, un des éternels proches de Kabila qui a vu s’envoler ses rêves de gloire quand Emmanuel Shadary fut désigné dauphin du raïs, avant de devoir céder le perchoir à Jeanine Mabunda après le passage par les urnes.
RDC : Un « cadeau » de près de 20 millions $ pour les députés
Cette nouvelle structure, baptisée le Collectif des anciens présidents de l’Assemblée nationale en RDC, a ainsi vu le jour et s’est fendu d’un courrier au Premier ministre Sylvestre Ilunga , le 26 août 2019, pour lui rappeler l’existence de cette loi de juillet 2016, regretter qu’elle n’ait toujours pas été appliquée et susurrer ce qu’il faudrait prévoir dans le prochain budget national pour satisfaire les appétits des anciens hauts représentants de l’Etat qui ne sont pas tous signataires et donc membres de ce collectif.
Ce courrier prévoit ainsi que l’indemnité mensuelle soit égal à 75 pour cent de la « prime de gestion du président en exercice », il évoque aussi la somme de 120.000 dollars pour les frais de logement (soit 10 000 dollars par mois), le salaire des policiers commis à leur sécurité, des billets d’avion en business classe et même 160 000 dollars pour deux véhicules.
Sans le véhicule, chaque ancien président d’une chambre nationale, coûte donc plus de 400 000 dollars à l’Etat congolais. Pour les cinq personnes présentes sur l’estrade de l’Assemblée nationale ce lundi, il faut donc prévoir un budget de 2 millions de dollars, somme qui se gonfle de près de 650 000 dollars en cas d’achat des véhicules.
Plus de 2,6 millions de dollars pour 5 personnes, sachant que d’autres (comme Philomène Omatuku) sont aussi membre de cette confrérie composée essentiellement de cadres du PPRD en perte de vitesse, cela représente une coquette somme dans un budget congolais marqué du fameux stylo rouge, celui, cette fois, du déficit et alors que le FMI, qui scrute de près le fonctionnement de l’Etat congolais, ne cesse de prôner l’orthodoxie budgétaire, les coupes dans les dépenses et de nouvelles pistes pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat.
Pas certain que le spectacle de ces anciens présidents venus « recueillir des applaudissements tout en passant par le mangeoire », selon l’expression recueillie auprès d’un des témoins de la scène, soit du goût de l’institution financière internationale, ni du peuple congolais qui peine chaque jour un peu plus simplement pour survivre.