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Pourquoi évaluer ses émissions de gaz à effet de serre ?


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Par Thierry Téné, directeur A2D Conseil

logo_greenLes entrepreneurs et décideurs africains pensent, à tort, que ces questions ne sont pas prioritaires, car ils se focalisent uniquement sur la problématique environnementale, considérée comme une contrainte. C’est une erreur.

Le Mécanisme de développement propre (MDP) est l’initiative la plus connue lorsqu’on évoque l’évaluation et la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Afrique. Alors qu’elles se développent de plus en plus en Europe, aux Etats-Unis et même en Asie, en dehors du MDP, les initiatives d’estimation des GES sont encore rares sur le continent.

Motivation économique

Avec la plus faible contribution mondiale au changement climatique (environ 4% des émissions de CO2), on peut, de prime abord, penser que l’Afrique est moins concernée.

La diminution de la taille du bouchon peut être dérisoire si on reste à une échelle unitaire. En considérant les millions, voire les milliards, de bouchons par an, les intérêts économiques et écologiques deviennent considérables.

Mais, si on intègre d’autres préoccupations propres au continent (manque d’énergie, délestages, etc.), ainsi que la corrélation entre consommation de matières premières, émission de GES et rejet de déchets, avec les coûts de fonctionnement, la mise en place d’une stratégie de réduction de l’impact environnemental devient un enjeu stratégique pour une entreprise, une administration ou une collectivité (voir schéma). La première motivation pour un audit carbone peut donc être purement économique.

Exigences et contraintes du client

Le deuxième intérêt de réaliser une comptabilité carbone est l’effet domino créé par la réalisation d’un tel diagnostic par les donneurs d’ordre d’une structure. Si, par exemple, une entreprise agroalimentaire ou la centrale d’achat d’un centre commercial basé en Europe évalue ses émissions de carbone, ses fournisseurs africains sont également intégrés dans l’audit. Il arrive couramment que les postes transport des marchandises et process de production agricole soient les plus importants en terme d’émission. Le client peut alors obliger son fournisseur à réaliser également cette étude et à définir une politique plus économe en carbone, sous peine de permettre les parts de marché. Le client sera d’autant plus exigeant qu’il sera lui-même soumis à d’autres contraintes. On peut citer la pression réglementaire (taxe carbone à la frontière, affichage du bilan CO2 des produits, etc.) et celle des parties prenantes, notamment la sensibilité des consommateurs, des clients, des investisseurs et des salariés à la problématique environnementale. Pour les entreprises cotées en bourse, la loi est encore plus stricte, même si les contrôles par les autorités européennes ne sont pas rigoureux pour l’instant. Dans le cadre de la loi Nouvelles régulations économiques (NRE), les entreprises cotées à la Bourse de Paris ont l’obligation d’indiquer dans leur bilan annuel, en plus des données économiques, leurs initiatives environnementales et sociétales. Selon la nouvelle législation française, les entreprises de plus de 500 salariés ont l’obligation de réaliser un bilan carbone. Au niveau international, à côté des normes ISO 9001 pour la qualité ISO 14001 pour l’environnement, il faudra bientôt compter avec la norme ISO 14064 pour la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre et le changement climatique. Les grands groupes français présents en Afrique peuvent donc, dans le cadre de leur Responsabilité sociale et environnementale (RSE), mettre en place des actions plus ambitieuses dans ces domaines.

Le green washing

Au-delà de la réduction des coûts, de la RSE et de la NRE, un autre avantage de l’évaluation et de la mise en place d’une stratégie de management environnemental avec des indicateurs quantitatifs est le retour en termes d’image. Avec l’émergence du green business un autre concept s’est développé. Il s’agit du green washing, qui consiste à réaliser une action environnementale mineure pour masquer des pollutions plus importantes. En comptabilisant les émissions de CO2 et en adoptant un plan d’action d’amélioration continue, l’organisme peut, non seulement valoriser ses points forts, mais aussi indiquer les postes sur lequels il compte s’améliorer. Ce mode de communication est de nos jours beaucoup plus crédible que de céder à la tentation de démontrer sans données chiffrées qu’on a une activité peu ou pas polluante. L’affirmation n’a d’ailleurs pas de sens, puisque toute activité administrative, tertiaire ou industrielle à un impact sur l’environnement (voir le tableau).

Avantage concurrentiel

Dans un contexte de mutation économique, de chasse au gaspillage, de changement climatique et de forte compétitivité en Afrique entre les entreprises chinoises, indiennes et européennes, la comptabilisation des émissions de GES et la mise en œuvre des préconisations deviennent des avantages concurrentiels, des gains de parts de marché dans le cadre du commerce mondial et d’attractivité du territoire.

Concrètement, dans une entreprise de production de bouteilles en plastique, réduire les émissions de CO2 dans une stratégie de réduction des coûts consistera, par exemple, à la diminution du poids de la bouteille et donc de la quantité de matière première. Une telle initiative a été mise en place par un grand groupe européen. La diminution de la taille du bouchon peut être dérisoire si on reste à une échelle unitaire. En considérant les millions, voire les milliards, de bouchons par an, les intérêts économiques et écologiques deviennent considérables. Dans une logique globale de green business, l’usage du pétrole comme matière première peut être remplacé par des matériaux biologiques. Certaines entreprises sont déjà engagées dans cette voie.

Question d’avenir

Dans le cadre d’un développement économique durable, tout responsable d’entreprise devrait se poser la question suivante : quelle sera la pérennité de ma société dans un contexte mondial de flambée des cours des matières premières, de raréfaction des énergies fossiles, où les émissions de CO2 seront divisées par deux ou par quatre dans l’Union européenne ?

Origine des principaux gaz à effet de serre retenus dans le cadre du Protocole de Kyoto

Gaz à effet de serre Nature de l’activité
CO2 – Gaz Carbonique Production de matériaux : verre, plastique, fer, acier, aluminium, magnésium, matériaux de construction (ciment, chaux, briques, etc.) et autres métaux
Métallurgie : Mécanique
Electricité et électronique : fonte des composants
Industrie chimique : production d’ammoniac, carbures, pétrochimie
Production et consommation d’énergie : charbon, pétrole, gaz et autres produits pétroliers
Assainissement des eaux usées
CH4 – Méthane, Gaz naturel Production de matériaux : plastique, fer, acier, aluminium et autres matériaux
Electricité et électronique : fonte des composants
Industrie chimique : production d’ammoniac, carbures, pétrochimie
Production et consommation d’énergie : charbon, pétrole, gaz et autres produits pétroliers
Autres : Agriculture, assainissement des eaux, déchets organiques
N2O – Protoxyde d’azote Industrie chimique : Production d’acides nitriques, de fibre textile et de mousse, pétrochimie
Agriculture
HFC – Hydrochlorocarbure Electricité et électronique : fonte des composants
Industrie chimique : pétrochimie
Divers : agroalimentaire, distribution d’eau, agriculture, froid industriel et climatisation
PFC – Perfluorocarbure Production de matériaux : Aluminium et magnésium
Electricité et électronique : fonte des composants
Divers : agroalimentaire, distribution d’eau, agriculture, utilisation d’halocarbures
SF6 – Hexafluorure de soufre Production de matériaux : Aluminium et autres métaux
Electricité et électronique : fonte des composants
Divers : distribution d’eau et utilisation d’halocarbures

Source : Manuel d’utilisation du tableur Bilan Carbone® de l’ADEME : Agence Française de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.