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-Vital Kamerhe est sur le devant politique de la scène en République démocratique du Congo depuis la chute de Mobutu. L’homme du Sud-Kivu (Bukavu) avait occupé plusieurs fonctions dans divers cabinets ministériels au milieu des années 90 mais sa carrière politique démarrera vraiment avec l’entrée à Kinshasa de Mzee Laurent Désiré Kabila en 1997.
Depuis, son idylle avec le clan Kabila n’a cessé de fluctuer. En 2006, c’est lui va porter la campagne électorale du jeune Joseph Kabila. Son sens de la formule, sa capacité à s’exprimer dans les cinq langues nationales, placent ce hâbleur au-devant de la scène.
Kabila installé au pouvoir, Vital Kamerhe reçoit le perchoir de l’Assemblée nationale. L’homme est ambitieux. Un courtisan qui a le don pour se fâcher avec ses “amis” politiques. “Un vrai petit Mazarin”, dit de lui un de ses anciens condisciples du parti de Kabila. “Capable de servir les uns et les autres pour se servir lui-même. Mais ça ne dure jamais longtemps”.
Première approche avec un Tshisekedi
De fait, l’homme tombe en disgrâce en 2009. Quelques mois plus tard, il crée son propre parti politique l’Union pour la Nation congolaise. Il se présente à la présidentielle de 2011. Durant la campagne, il va tenter un rapprochement avec Etienne Tshisekedi. “Mais le Sphynx de Limete se méfie de cet ancien allié de Kabila qui aurait conservé des liens avec son ancien patron”, explique un proche de l’ancien leader de l’opposition congolaise. Kamerhe, lui, impute “ce rendez-vous manqué” au “Vieux”. “Il y a eu des contacts”, nous expliquait Kamerhe en 2015, à Kinshasa, mais “le Vieux ne voulait pas partager le pouvoir. Je n’étais qu’un outil pour lui. On a vraiment raté un rendez-vous”, expliquait-il.
Trois ans plus tard, Vital Kamerhe se retrouve à la table des négociations avec Tshisekedi. Mais cette fois, ce n’est plus le “Vieux” mais son fils Félix. Les deux hommes cherchent à se positionner dans la course à la présidentielle de 2016 reportée à 2018. Kamerhe ne s’est jamais débarrassé de son étiquette de proche de Kabila, ce qui lui vaut le surnom de “Kamerhéon”, l’homme qui est capable de changer de couleur au gré de la faune politique qui l’entoure. Félix Tshisekedi, lui, le “fils de”, cherche à exister. Ils rejoignent tous les deux le mouvement “Lamuka”, qui cherche à fédérer toute l’opposition congolaise pour faire obstacle à Joseph Kabila ou à son candidat. Avec des poids lourds comme Bemba ou Katumbi, le duo peut espérer l’emporter.
Le 11 novembre 2018, Lamuka désigne Martin Fayulu comme candidat, Kamerhe et Tshisekedi l’adoubent… pour moins de 24 heures. Le lendemain, ils annoncent en effet qu’ils reprennent leur soutien « sur pression de leur base » et fondent dans la foulée le mouvement Cach (Cap pour le Changement) sous l’égide du président kényan. Le deal est ficelé. Tshisekedi est candidat à la présidence, Kamerhe prendra le meilleur accessit qu’il trouvera. Le duo peine à mener campagne. L’argent nerf de la guerre se fait rare. Le 24 janvier, après moults arrangements plus opaques les uns que les autres, Tshisekedi reçoit la présidence congolaise des mains de Kabila. Kamerhe sera son directeur de Cabinet. Il lance rapidement, sur injonction du président, le projet des travaux pour les 100 jours. Une volonté de montrer que malgré cette élection… étonnante, les choses bougent. Les projets se multiplient, les contrats – tous de gré à gré – aussi. Les critiques pleuvent. L’argent, beaucoup d’argent, est dépensé sans que les résultats soient visibles. Kamerhe est sur la sellette. Une fois encore, il agace beaucoup de monde. Des hommes d’affaires, un banquier sont arrêtés en lien avec ce projet des 100 jours. Les langues se délient. Le 8 avril Kamerhe est entendu pendant 6 heures. Son sort est scellé. Il est placé sous mandat d’arrêt provisoire et envoyé à la prison centrale de Makala pour détournement de fonds. D’autres inculpations pourraient suivre