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-Dans les somptueux palaces du maréchal Mobutu, au Congo, on dépensait sans compter. Une aubaine pour les intendants. Suite de notre série sur les secrets des palais présidentiels en Afrique Quelques années après s’être installé à Gbadolite, dans le palais éléphantesque érigé sur 15 000 m2 par l’architecte Olivier-Clément Cacoub, Mobutu Sese Seko est saisi de remords : « J’ai vu un peu trop grand. Je préfère vivre à côté, au palais de Kawele. » Le maréchal avait fait construire cette demeure privée, « plus intime », disait-il, par le Sénégalais Pierre Goudiaby Atepa sur une petite colline à une dizaine de kilomètres de Gbadolite – village de sa région natale transformé en ville par le maître de Kinshasa, avec son aéroport international et ses larges routes goudronnées.
Si Kawele se voulait moins tape-à-l’œil que le palais de Cacoub, son fonctionnement coûtait des sommes folles au pays.
Pour autant, si Kawele se voulait moins tape-à-l’œil que le palais de Cacoub, son fonctionnement coûtait des sommes folles au pays : pas moins de 150 millions de dollars par an. En examinant ses comptes afin de rendre service à son beau-père (qu’il appelait papa sur ordre de ce dernier) – contre une rémunération équivalant à 10 % du budget, tout de même -, Pierre Janssen, un industriel belge, relève que tout est facturé deux, trois ou quatre fois le prix réel. C’était notamment le cas du champagne rosé Laurent-Perrier, la boisson préférée du « Léopard », dont dix mille à douze mille bouteilles étaient bues chaque année par la présidence. En réalité, Mobutu ne signait aucun chèque et se désintéressait totalement de l’argent, pour le plus grand bonheur de ses intendants.
Mêmes dépenses somptuaires pour le mariage de sa fille Yaki avec Janssen, le 4 juillet 1992. Parmi les 2 500 invités, ceux du Belge, environ 150, venus des quatre coins de la planète à bord de trois avions présidentiels, ont eu un cadeau surprenant à leur arrivée à l’hôtel : dans chacune des chambres, le maréchal avait fait livrer une boîte remplie de zaïres, la monnaie locale de l’époque. Un milliard de zaïres par invité exactement.
En fait, le zaïre ne valait rien, et cette somme correspondait, au mieux, au prix d’une cartouche de Marlboro.
(Jeune Afrique)