Source: AFP
Plus de 92.000 personnes ont fui les violences intercommunautaires qui ont débuté fin octobre dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris mardi auprès du Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
Selon un décompte du ministère de l’Intérieur de la République du Congo, cité par le HCR, au total 54.000 personnes se sont réfugiées au Congo voisin, auxquelles s’ajoutent 38.000 déplacés internes, selon le HCR.
“Si les réfugiés qui sont au Congo-Brazzaville ont reçu de l’assistance, les déplacés internes sont toujours sans assistance”, a déclaré à l’AFP Francesca Fontanini, porte-parole du HCR à Kinshasa.
Les agences humanitaires “attendent d’avoir des assurances du gouvernement en matière de sécurité”, mais aussi de trouver des moyens de transport adéquats pour acheminer de l’aide à ces milliers de déplacés qui vivent dans des villages souvent difficiles d’accès, a-t-elle ajouté.
Ces personnes fuient les violences perpétrées depuis fin octobre par un groupe de plusieurs centaines de membres de la communauté Lobala (aussi appelés les Enyele), qui s’en est pris à la communauté des Bamboma, dans l’ouest de la province de l’Equateur (nord-ouest).
Les affrontements ont débuté les 29 et 30 octobre, quand des Lobala ont attaqué la localité de Dongo, avant de s’en prendre à d’autres villages de cette région, où s’étend la forêt équatoriale et des marécages.
Ces violences ont fait au moins une centaine de tués, essentiellement à Dongo, à coups de machettes et par armes à feu, ou bien sont mortes noyées en traversant le fleuve Oubangui, qui marque la frontière avec le Congo-Brazzaville.
Ces deux communautés sont en conflit depuis de nombreuses années au sujet de la gestion d’étangs piscicoles, mais il s’agit désormais d’une “insurrection qui dépasse les limites d’un simple conflit d’étangs”, selon le ministre provincial de l’Intérieur, Guy Inenge.
Le 26 novembre à Dongo, déserté de sa population depuis fin octobre, un hélicoptère de l’ONU qui venait ravitailler une vingtaine de Casques bleus, a essuyé des tirs au sol et cinq personnes à bord ont été blessées.
Les informations sur la situation dans cette ville étaient contradictoires mardi, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende affirmant à l’AFP qu’elle était “contrôlée par la police”, alors que selon la Monuc, “il n’y a plus d’éléments de sécurité à Dongo” depuis le 26 novembre, ni police, ni Casques bleus.
Selon M. Mende, les populations fuient leurs villages “à partir de rumeurs d’attaques de ces bandits” (ndlr, le groupe de Lobala).
Interrogé sur l’envoi éventuel de militaires dans la région de Dongo, le porte-parole du gouvernement a déclaré que “la menace ne (paraissait) pas vraiment encore de nature à impliquer les forces armées. Ce n’est pas contre des rumeurs que l’on va déployer” l’armée.
Le 27 novembre, un mouvement nommé “Patriotes-résistants de Dongo” a revendiqué les tirs contre l’hélicoptère de l’ONU et menacé de “renverser le pouvoir fantoche en place à Kinshasa”. Il affirmait “connaître une affluence massive” d’anciens militaires.
Mardi, la Monuc a indiqué à l’AFP avoir reçu des informations de sources locales selon lesquelles un millier d’hommes, “partiellement armés”, se déplaceraient de Dongo vers Mbandaka, le chef-lieu de l’Equateur, à environ 300 km au sud.