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Par Delphin Bateko
Depuis 1960, juin est fêté en République démocratique du Congo comme le mois anniversaire marquant l’entrée du Congo-Kinshasa au rang des nations libres et indépendantes. Mais quelque temps après l’indépendance, un constat amer est fait. Tous les domaines de la vie nationale ne marchent pas, ce qui justifie la dégringolade vertigineuse que le pays est en train de connaître sur tous les plans. Tout cela faute d’une bonne gestion des repères autrement appelés « archives » ou « informations administratives » ou encore « documents administratifs ». Pensez-vous qu’avec cet état de choses, la RDC pourrait réellement démarrer ?
La gestion des archives en République démocratique du Congo pose problème avant notre accession à la souveraineté internationale. Les archives en RDC n’ont connu que des moments difficiles, soit négligées, soit détruites, soit encore pillées. Conséquence : le pays n’a plus de repères pour décoller, la RDC est restée longtemps comme un pays vaste et non une grande nation. Pays vaste est celui où les informations administratives échappent aux autorités. Dans ce cas, la rumeur prend la place de la vraie information, la mégestion remplace la bonne gouvernance; le tâtonnement prend la place de décision et l’arrêt de la nation remplace la continuité de l’Etat. Tous ces états des lieux cités n’épargnent aucun domaine de la vie nationale. Le pays va mal !
Les Etats-Unis, comme un modèle des nations en gestion de l’information, ont su lutter contre la corruption dans les temps et mis en place la CIA (Central intelligence agency) et ce, au lendemain de la tenue des congrès sur les archives et la gestion des informations. La force des Etats-Unis, ce n’est pas sa richesse mais plutôt le sérieux dans la gestion de l’information des quatre coins du monde. Un homme d’Etat français n’a-t-il pas déclaré après la Deuxième Guerre mondiale que « c’est grâce aux archives que nous avions gagné la guerre »? Les archives, c’est un tout : la bonne gouvernance, la continuité de l’Etat, la sécurité de l’Etat et aussi la protection de la population.
MANQUE DE CONTINUITE DE L’ETAT
Les archives assurent la continuité des affaires de l’Etat. C’est la raison pour laquelle, après chaque passation des pouvoirs, on organise la remise et reprise. Tel n’est pas le cas en RDC. Celui qui part s’en va avec les documents administratifs produits ou celui qui occupe le poste refuse de prendre connaissance de ce que son prédécesseur a laissé comme trace. Conséquence : on revient sur le même problème sans qu’on retrouve la solution.
Le problème de la RDC dans la gestion des archives commence quand le Roi des Belges, Léopold II l’avait gardé pour lui et refusé de céder une partie d’archives de l’Etat indépendant du Congo (E.I.C), plus précisément les archives de l’actuel district de Maï-Ndombe (jadis district Lac Léopold II, un domaine de couronne ou terre domaniale) dans la province du Bandundu. Ces archives seraient retrouvées ensuite entre les murs de ses châteaux en Belgique. Faute d’information, le district de Maï-ndombe était depuis considéré comme la partie la plus pauvre du pays. Mais le passage des Brésiliens pour l’exploitation du pétrole doit interpeller les autorités.
A l’accession de la RDC à la souveraineté internationale, les Belges avaient-ils remis aux dirigeants congolais de l’époque les archives de la colonisation ? Si oui, où sont-elles logées ? La gestion de la première République prouve à suffisance qu’il se posait réellement un problème de gestion des archives et des informations. L’exemple le plus éloquent, c’est cette querelle qui a opposé Joseph Kasa-Vubu, président de la République, à son Premier ministre, Patrice-Emery Lumumba.
Si la Deuxième République n’a pas su développer la RDC, c’est encore parce que les archives avaient été mal gérées. Le pouvoir de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), lui aussi, n’a pas dérogé à la règle. Dans l’effervescence de la libération, les archives d’Etat produites par la Deuxième République, notamment celles du site de Mont-Ngaliema en juin 1997. Un peu comme par amnésie collective, on avait même proposé de jeter au fleuve le fonds documentaire de la Bibliothèque nationale du Congo. Et le pouvoir au sommet de l’Etat avait presque cautionné l’oeuvre de destruction de la mémoire collective de la nation.
Suite à cette négligence, Laurent-Désiré Kabila va signer un décret que le président Mobutu avait déjà signé. Qui à l’époque avait suscité de remous dans la société. On pensait qu’après les élections les choses changeraient en matière de gestion des archives. Erreur. Le nouveau pouvoir n’a jugé important de mettre en place des archives d’Etat et de réorganiser les archives historiques du pays. Dommage !
Protection de l’intégrité du territoire et sécurisation de la population
Il n’est un secret pour personne, les archives sont mal gérées dans notre pays. L’Etat n’arrive pas à défendre la nation par ignorance. En 2007, l’Angola va occuper une partie du Bandundu, la première réaction des autorités était de nier que cette partie était congolaise. Même, l’Institut géographique national était incapable d’expliquer cette situation. Pourtant, les politiciens qui avaient soulevé cette affaire d’occupation sont tous originaires de la province occupée.
Aujourd’hui, c’est la province du Bas-Congo. Regrettable. Aucun expert ou autorité n’a été capable de l’expliquer. En réalité, c’est n’est pas par mauvaise foi mais par le manque de maîtrise des documents administratifs. Ces documents existent-ils ? Si oui, où sont-ils conservés ?
Est-ce que la population congolaise est-elle sécurisée ? On pourrait répondre par la négative ! Qui nous connaît ? Avez-vous déjà eu l’occasion de visiter les services de l’état-civil à travers le pays ? Les attestations de naissances ne sont pas protégées. Qui, des Congolais, pourraient retrouver dans son entité administrative son acte de naissance original. C’est pour cette raison que la majorité des Congolais recourent aux duplicata. Pourtant, si l’Etat mettait l’accent sur ce point, il ne sera pas difficile aux Congolais de tracer leur arbre généalogique.
La première crise dans cette négligence a été constatée lors de l’enrôlement des électeurs au début des élections législatives et présidentielle. La deuxième est la signature conjointement en cascade d’une communication le 1èr mars 2008 entre les ministres de l’Intérieur et celui des Postes, téléphonie et télécommunication (PTT), recommandant l’identification des abonnées de services de la téléphonie mobile sur l’ensemble du territoire national. L’origine de cet ordre serait les menaces que certaines autorités du pays ont enregistré à travers les appels masqués ou des SMS à identifier par les difficiles services spécialisée. Tout cela parce qu’il n’existe pas de bottin téléphonique où l’on peut répertorier les abonnés. Comment l’Etat pourrait identifier les congolais.
Du côté médical, la majorité de centres de santé ne conservent pas leurs archives médicales. Pourtant, ces archives ont double rôle, primo : elles permettent au corps médical de contrôler son patient et d’identifier certaines maladies héréditaires. Secundo : elles permettent au centre médical d’élaborer les statistiques afin d’établir la courbe évolutive des maladies. C’est sur base de ces données que le ministère de santé élabore la politique sanitaire d’un pays et en plus des recherches médicales.
DECENTRALISATION ET DEVELOPPEMENT
Pour que l’autorité administrative ou le gouvernement central contrôle les entités décentralisées, la meilleure façon est la mise en place de dépôts des archives relais qui travaillent en étroite collaboration avec les administrateurs et les services de renseignement local. Imposer le dépôt obligatoire de versement des archives au dépôt par toutes les structures qui fonctionnent dans une entité administrative. Cela de peur que certaines entités décentralisées puissent s’échapper au contrôle du pouvoir central. Mais tel n’est pas le cas avec le débat et les propositions faites pendant l’élaboration de texte de décentralisation.
D’où viendra le développement de la RDC, si les autorités ne maîtrisaient pas la gestion des archives? On ne peut parler du développement que s’il existait un plan. Or, la mise en place d’un plan de reconstruction nécessite une évaluation. Qui dit évaluation suppose étudier ce qu’on a déjà fait (passé), l’adapter et appliquer (le présent) et afin de contrôler. C’est avec les archives qu’on arrive à évaluer les projets. La façon dont évolue la RDC on ne saura jamais la considérée comme un grand pays, mais plutôt comme un pays vaste. Comment le chef de l’Etat pourrait mener la lutte contre la corruption si le circuit des archives n’est pas bien géré ?
Il sied de signaler que les archives traitent le passé, la bibliothèque parle du présent et la documentation, l’avenir. Il est temps pour définir la RDC autrement en remettant place des d’archives d’Etat et le dépôt d’archives historiques.
C’est avec plaisir que j’ai parcouru les colonnes de votre article.Ce que vous dites est juste et édifiant.Les archives font partie de mes compétences(dess diplôme, bac +4)parmi d’autres.J’ai un projet en instance et qui ne demande que l’aval des autorités.Je reste ouvert aux éventuelles propositions.
Merci pour les aspects abordés dans l’article présent.
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