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–Le 17 mai 1997, l’ex-Zaïre rebaptisé pour la circonstance République démocratique du Congo (RDC) comme naguère en 1965 connaît, à la faveur d’une rébellion politico-militaire dont la base arrière est le Rwanda voisin, la fin du pouvoir monarchique du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko, et ce après 32 ans de règne sans partage. Considérée par bon nombre de médias comme l’un des événements les plus marquants de l’histoire de l’Afrique contemporaine après le rapide démantèlement de l’Apartheid, cette chute non moins programmée de la présidence zaïroise par le gratin de la communauté financière internationale emporte malheureusement dans son sillage le régime politique et constitutionnel directement issu de la Conférence nationale souveraine (CNS). Initiée en 1991, cette assemblée plénière des Délégués du Peuple et des Représentants légitimes de la Nation avait notamment pour objectif d’insuffler au pays tout entier ainsi qu’au système politique naissant un nouvel esprit civique et national. Aussi avait-elle pour objectif de lui doter de nouveaux outils idéologiques (libérer l’initiative privée, émanciper l’individu devenu Citoyen du carcan oppressif de l’État et de la gangue paternaliste du pouvoir politique) et en même temps d’assurer une Transition démocratique, pacifique et transparente.
Néanmoins, ce qui est prématurément salué par nombre de ses hérauts et thuriféraires comme une vraie libération nationale voire une révolution nationaliste, s’avère une chimère. Ce mirage idéologique génère, en réalité, un pouvoir au visage autoritaire, aux allures dictatoriales. Il offre malheureusement le portrait sadique de violation des droits humains et du népotisme. Au fil du temps et des événements, il devient un véritable cauchemar pour le Peuple pourtant avide de liberté et de démocratie. Vivant de la rente prébendière comme la plupart des tyrannies sœurs, le nouveau régime politique et idéologique de Kinshasa incarné par le chef de guerre postlumumbiste et postnationaliste Mzee Laurent-Désiré Kabila s’illustre par l’incompétence et la gabegie (la mégestion). Caractérisé par la logique tous azimuts de l’improvisation digne des maquisards enfermés dans le romantisme révolutionnaire, il brille aussi par la spoliation des biens de citoyens. Il brille surtout par le pillage généralisé des ressources étatiques et richesses nationales sur fond, naturellement, de conflit armé et de blocage du processus politique.
Kabila et la Révolution du non-sens
Un seigneur de guerre trafiquant à la tête d’un coffre-fort minier
“L’AFDL était un conglomérat d’aventuriers et d’opportunistes dont l’objectif premier était en réalité de piller toutes les richesses du pays” Mzee Mutwale Laurent-Désiré Kabila, chef rebelle de l’AFDL et président autoproclamé de la République démocratique du Congo
Par Joël Lévy
En septembre 1996, une rébellion militaire, d’ailleurs pour le moins inattendue, éclate subitement dans l’Est du Zaïre au moment où la presse internationale annonce l’ablation du cancer de la prostate subie par le Maréchal-despote Mobutu Sese Seko en Suisse. Occupant la Ville lacustre de Goma, celle-ci est appuyée logistiquement par l’Armée patriotique rwandaise (APR). Après neuf mois de guerre larvée où les Forces armées zaïroises (FAZ) sont plus enclines à la reddition et au pillage des civils ainsi que la traversée d’un territoire à la dimension de l’Union européenne, les troupes de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) s’emparent sans coup férir de la Ville de Kinshasa le 17 mai 1997. Fruit de diverses tractations supervisées par des diplomates américains de haut rang dont l’Ambassadeur Daniel Howard Simpson, cette entrée pacifique des mercenaires et rebelles dans la capitale intervient effectivement un jour après le départ forcé en exil au Maroc via le Togo du chef de l’État déchu qui est, pour la circonstance, accompagné de sa famille.
Dans la foulée de cette victoire militaire étriquée rendue d’ailleurs possible, notamment, par une coalition aussi bien hétéroclite que large de puissances régionales (Angola, Burundi, Érythrée, Éthiopie, Ouganda, Rwanda, Zambie), le seigneur de guerre Mzee Laurent-Désiré Kabila qui chapeaute cette révolution armée, s’autodésigne chef de l’État de la République démocratique du Congo. Par conséquent, exit définitivement le Zaïre[i], fantasme et pur produit du néocolonialisme et de l’impérialisme. Toutefois, le guérillero révolutionnaire qui prend [alors qu’il n’est guère préparé aux hautes fonctions politiques, gouvernementales et administratives de l’État] les rênes politiques du pays, a réellement pour occupation et activité principale le trafic des matières premières et des espèces animales, en plus d’être tenancier des snack-bars et des maisons de tolérance dans la sous-région des Grands Lacs africains (Tanzanie).
Au cours de cette campagne militaire qui le propulse finalement au faîte de l’État congolais, cet ancien compagnon du mythique révolutionnaire argentin Ernesto « Che » Guevara de la Serna, est en réalité au service exclusif du pouvoir judéo-anglo-saxon dont les puissants lobbies dirigent, en fait, en sous-main la communauté financière internationale, plus particulièrement les institutions monétaires issues des accords de Bretton Woods de 1944 [Fonds Monétaire International (FMI) et Banque Mondiale]. Pour camoufler les véritables visées de l’AFDL qui, en vérité, est une succursale de mercenaires à la solde de l’impérialisme néolibéral et du capital monopolistique international, le fameux rebelle Mzee Kabila affirme sans détour ‘‘vouloir restaurer entièrement l’indépendance nationale du Congo-Kinshasa dont l’incarnation idéologique est le leader nationaliste et panafricaniste Patrice Emery Lumumba’’. En d’autres termes, le vieux guérillero postlumumbiste et postnationaliste prétend réhabiliter tous azimuts la souveraineté internationale d’un pays totalement écrasée ou l’indépendance nationale d’un État piétinée par un autre mercenaire local, le Maréchal-pillard Mobutu Sese Seko du Zaïre. Force est de souligner que cette prétendue réhabilitation de l’indépendance et de la souveraineté de l’État se fait paradoxalement pour le compte des forces capitalistes et intérêts impérialistes qui financent sa propre lutte révolutionnaire pour la reconquête tutélaire du Congo[ii] ! Ce qui est, absolument, en soi un non-sens. Car, peut-on émanciper un esclave en l’enchaînant davantage, en entravant de nouveau sa marche victorieuse vers la liberté ? That’s The Question !
La Révolution du 17 mai 1997
‘‘J’ai conçu, planifié, préparé et fait exécuter le processus révolutionnaire qui porte au pouvoir Laurent-Désiré Kabila en République démocratique du Congo’’ Général Paul Kagame, Conférence de Presse, Pretoria, décembre 1997.
La Révolution armée du 17 mai 1997 qui exile le Maréchal-prédateur Mobutu Sese Seko du Zaïre ainsi que ses proches, n’est pas en soi un véritable acte de libération nationale contre un système néocolonialiste. C’est ni plus ni moins un acte d’agression contre le Congo, son Peuple et ses institutions politiques. Lorsque l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) prend les armes au motif de renverser le pouvoir militaire de Mobutu Sese Seko, le Zaïre est, en effet, juridiquement sous le régime politique de la Conférence nationale souveraine (CNS). Ce forum politique interzaïrois est d’ailleurs organisé de 1991 à 1992 grâce à la persévérance et à la détermination des forces de l’Opposition politique et démocratique, plus particulièrement et plus singulièrement l’UDPS. Cette assemblée plénière des Délégués du Peuple (Société civile et Forces vives) et aussi des Représentants de la Nation (partis politiques) accouche effectivement d’une Charte constitutionnelle (l’Acte fondamental portant dispositions constitutionnelles de la période de Transition du 4 août 1992 régente réellement les affaires publiques et étatiques). Aussi accouche-t-elle réellement d’institutions politiques d’État que sont bien sûr la Présidence de la République, la Primature (le Gouvernement), le Haut-Conseil de la République (HCR) ou le Parlement de Transition et l’Organe judiciaire qui dispose en fait du pouvoir d’interprétation et de sanction de la Constitution.
Force est de souligner que les dispositions de cette Charte fondamentale de 1992 – (entre autres l’alinéa 2 de l’article 37) – interdisent formellement, à moins de sauvegarder l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale ainsi que les instruments de la démocratie, les droits humains et les libertés fondamentales, à tout pan de la Collectivité publique de prendre des armes, d’user de la violence dans le strict dessein de renverser les institutions politiques de l’État. Poursuivant dans la même direction, l’article 4 du projet constitutionnel de la IIIè République, élaboré par la Commission constitutionnelle Lihau, appelle sans équivoque le Peuple à la résistance politique et pacifique. Pour restaurer la légalité et surtout assurer la légitimité d’un régime politique issu de la volonté du Peuple, cette disposition capitale oblige expressément le Citoyen à défendre la Communauté nationale, à protéger toutes les institutions républicaines et la Constitution au regard des actes précités.
Il convient de relever que la dictature du Parti-État mobutien incarnée par le Mouvement populaire de la révolution (MPR) prend officiellement fin le 24 avril 1990. Il connaît un terme définitif même si le Maréchal-tyran zaïrois, demeurant fidèle à sa nature ubuesque continue, à cette époque d’ébullition démocratique, à courir après son pouvoir politique en multipliant, à n’en plus finir, manœuvres et embûches, en brandissant contre vents et marées l’épouvantail de la force physique (l’ordre militaire). C’est à cette date mémorable pour l’affirmation de la justice, de la liberté et de la dignité que les organisations partisanes sont politiquement reconnues comme partie intégrante du jeu politique et institutionnel. C’est également à cette date que s’opère, en réalité, le grand virage démocratique de la vie nationale, malgré la transposition de la violence armée sur le terrain du combat politique[iii], les tentatives d’obstruction et de sabotage[iv] amorcées par la fameuse mouvance présidentielle réunie autour du Front des démocrates unis (FDU).
De septembre 1991 (émeutes alimentaires et pillages initiés par les militaires des FAZ) à avril 1997 (chute de la Ville de Kisangani au profit de l’AFDL), les Premiers ministres qui dirigent le Zaïre (Étienne Tshisekedi, Bernardin Mungul Diaka, Jean de Dieu Nguz Karl-I-Bond, Faustin Birindwa, Joseph-Léon Kengo wa Dondo) viennent pratiquement tous du bassin de l’opposition antimobutiste. Qu’elle soit modérée[v] ou radicale[vi], farfelue ou réelle, cooptée par la population ou fabriquée par le régime. Même si le jeu politique est totalement vicié en raison de la corruption, il y a lieu de reconnaître que la marge de manœuvre de Mobutu est institutionnellement restreinte. Dans le cadre de la CNS, ce dirigeant est constitutionnellement dépouillé de tous ses attributs régaliens.
En effet, le Maréchal-despote zaïrois est réellement un chef d’État qui règne mais qui ne gouverne pas. C’est-à-dire : Un président de la République qui ne prend pas d’actes engageant la Collectivité publique. Toutefois, s’il édicte une décision (décret) dans le cadre des attributions politiques lui reconnues par la Charte fondamentale de Transition de 1992, celle-ci est automatiquement accompagnée d’un contreseing ministériel. En réalité, c’est le Premier ministre qui gouverne. Ce vrai titulaire des prérogatives exécutives n’est pas désigné par ce dernier. Cette personnalité qui complète la dyarchie, l’est directement par le HCR voire même présenté par la famille politique autre que celle du président de la République[vii]. À cette époque, le seul pouvoir dont bénéficie de facto Mobutu, qu’il peut manipuler à sa guise, sont les instruments de violence physique et légitime de l’État (l’armée, la police et les services de renseignement) quoi que tous ces dispositifs de répression relèvent légalement du gouvernement.
Si elle est, en réalité, un coup d’État contre les institutions et la démocratie naissante dans le cadre de la CNS, la Révolution armée du 17 mai 1997 est, d’abord et avant tout, une agression contre l’indépendance nationale du Congo. Ce putsch est orchestré par des États limitrophes dans le dessein d’asseoir à Kinshasa un régime de mercenaires aguerris à la flibuste, dont la mission primordiale est d’assujettir et de prostituer la souveraineté internationale du Congo au profit des compagnies transnationales. Représentées d’ailleurs par l’America Minerals Field (AMF), toutes ces corporations agissant dans les domaines minier, financier et bancaire nourrissent l’ambition de faire main basse sur l’immense patrimoine minier du pays, de transformer ce géant territoire d’Afrique centrale en véritable colonie d’exploitation de ses ressources humaines, naturelles et minérales.
C’est à ce seul titre que ces entités corporatives dont le siège administratif et social est situé dans le Commonwealth britannique, financent totalement l’invasion du Congo par des États voisins (Rwanda, Ouganda, Burundi) dont la préoccupation majeure est de démanteler les sanctuaires des forces négatives ayant pour base arrière ce territoire. Elles financent également, en 1996-97, les rebelles de l’AFDL dont la mission primordiale consiste, à vrai dire, à faire la police et à garantir en amont la sécurité frontalière de ces pays limitrophes. C’est également à ce titre unique que toutes ces compagnies mettent, dès 1998, à la disposition d’anciens parrains et colistiers de Mzee Mutwale Kabila ayant déjà pactisé avec ces mêmes forces négatives qui empoisonnent l’ambiance sécuritaire dans la région des Grands Lacs africains, les mêmes moyens logistiques ayant auparavant servi à la chute brutale du Maréchal Mobutu. D’autant plus que ce chef rebelle affairiste dont l’autoproclamation à la tête du pays a totalement surpris ses propres alliés régionaux et tuteurs internationaux, n’a aucunement respecté les termes des contrats. En effet, certains intérêts burundais, rwandais et ougandais résolument coiffés par la fine fleur de la communauté internationale, chérissaient dès le début de la rébellion armée anti-Mobutu (1996), de nommer une fois à Kinshasa un gouvernement composé de girouettes afin de mieux ponctionner via leurs territoires respectifs toutes les richesses matérielles du Congo.
Force est de constater que, pour sauver sa présidence contestée par ses compagnons d’arme et garantir la survie politique de son régime brutalement menacé, Laurent-Désiré Kabila hypothèque les ressources minières et énergétiques du pays (Gécamines, Miba) auprès des intérêts militaires alliés (Angola, Namibie, Zimbabwe) venus à sa rescousse contre le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi. Cette stratégie opportuniste de monnayage, de troc, a déjà été utilisée par celui-ci pour accaparer la tête de l’AFDL au détriment du général-major nationaliste et lumumbiste André Kisase Ngandu assassiné pendant l’épopée révolutionnaire non loin du Parc Virunga[viii]. Il importe également de mentionner que le mercenaire Laurent-Désiré Kabila solidement pétri dans sa logique de maquisard prêt à se lancer dans les bras de n’importe quel protecteur financier, comptait avant son assassinat céder les immenses richesses minérales du pays à des intérêts français qu’il a pourtant, lors de la révolution [la guerre dite de libération nationale], sévèrement boudés voire tancés pour avoir soutenu envers et contre tout le système dictatorial du Maréchal-pillard Mobutu. En échange, ce caïd affairiste pensait obtenir de Paris l’assurance de faire du lobbying diplomatique auprès du Conseil de sécurité de l’ONU et surtout de faire pression sur les différents États agresseurs afin de quitter le territoire national du Congo.
Le retour aux sources de l’indépendance nationale
Outre les diverses motivations géopolitiques et géostratégiques qui sous-tendent effectivement la Révolution armée du 17 mai 1997, l’entreprise politique kabiliste présente plusieurs ambiguïtés idéologiques dont la résurrection du Mobutisme dictatorial qu’elle prétend pourtant réellement émasculer. En effet, l’une des premières contradictions du chef de guerre Laurent-Désiré Kabila est la résurgence de la République démocratique du Congo (RDC), nom naguère porté par le pays lors du coup d’État du lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu le 24 novembre 1965[ix]. Il importe de constater que ce putsch militaire orchestré par des intérêts financiers, bancaires et miniers avait pour objectif d’arrimer le Congo, en tant que grenier des ressources précieuses, au camp de l’Occident, de le placer plus particulièrement et plus singulièrement dans le giron de l’OTAN. Sur ce point, la mission dévolue à la rébellion de Kabila ne diffère guère de celle de Mobutu dans la mesure où ce chef de guerre brade le patrimoine national, offre en pâture le sanctuaire national aux puissances extérieures. Comme en témoigne, d’ailleurs, la rencontre d’affaires organisée par l’AMF à Lubumbashi, la capitale économique du pays, entre le chef de l’AFDL Mzee Laurent-Désiré Kabila et le gotha minier et financier international en mai 1997. À cet égard, force est d’admettre que le leader de l’Opposition non-violente, démocratique et légaliste Étienne Tshisekedi, bien qu’il soit totalement ouvert à l’idée de partenariat économique avec des intérêts extérieurs (joint ventures)[x], n’est pas du tout disposé à brader à n’importe quel prix les ressources nationales et étatiques dans le but de préserver la souveraineté du pays et les droits sociaux de la population !
En réalité, la République démocratique du Congo version Joseph-Désiré Mobutu se caractérise, en fait, de 1965 à 1971 par la militarisation outrancière du régime politique et institutionnel. Celui-ci se distingue par des exécutions politiques (l’assassinat des partisans du Premier ministre Moïse Kapenda Tshombe, la condamnation à mort des conjurés de la Pentecôte en 1966), des meurtres extrajudiciaires (l’exécution du nationaliste et lumumbiste Pierre Mulele au Camp militaire N’Kokolo en 1968), des violations massives de libertés fondamentales (la répression aveugle des institutions universitaires et des associations étudiantes) et la suspension tous azimuts de la vie politique et démocratique. En effet, les entreprises partisanes sont sans autre forme de procès abolies. Le parlement qui est vraiment au cœur des institutions politiques de l’État, est congédié sine die. Cette éviction des représentants de la Nation a pour corollaire immédiat le gouvernement par voie décrétale. D’ailleurs, cette pratique abusive (ordonnance-loi ou décret-loi) qui est, en vérité, un contournement systématique de l’action législative, est couramment utilisée depuis l’avènement du fameux cabinet néocolonialiste et pro-américain incarné par le Premier ministre Cyrille Adoula [1961-1964]. À ce propos, tout l’arsenal répressif du Congo date réellement de cette époque sombre voire s’en inspire largement.
Cette République démocratique du Congo version mobutiste dirigée par le Haut-Commandement Militaire (HCM) ressemble à s’y méprendre à celle du rebelle lumumbiste Laurent-Désiré Kabila dont le centre névralgique est l’AFDL à titre de mouvement politico-militaire. À cet égard, il convient de souligner que tous les États du monde caparaçonnés de l’épithète ‘‘démocratique’’, sont en réalité des ‘‘bourreaucraties’’. C’est-à-dire : des régimes liberticides et démocraticides animés par des bourreaux qui provoquent la mort psychique et mentale de l’individu tant par l’idéologie ou la propagande d’État que par le bâillonnement de ses droits constitutionnels et libertés fondamentales. Ainsi en est-il incontestablement de l’Allemagne de l’Est sous la direction du camarade Erich Honecker, de la Corée du Nord sous l’autorité du Grand Timonier Kim Il-Sung, du Kampuchéa ou Cambodge qui a connu, sous l’égide barbare de Khieu Samphan et Pol Pot, une dictature meurtrière. La RDC de Mzee Mutwale Kabila ka Makolo Taratibu, tout comme celle de ses sinistres prédécesseur Mobutu et successeur Kanambe, n’échappe pas à cette règle macabre ou à cette logique meurtrière.
En redonnant vie à l’hymne national et au drapeau originels de l’indépendance (30 juin 1960), le président autodésigné de la RDC fait [idéo] logiquement retourner l’ensemble de ses concitoyens aux sources primitives de l’indépendance nationale. Toutefois, ce retour n’est que théorique. Ce n’est que pure fantaisie. D’aucuns diraient sans conteste ‘‘pure farce et pure parodie’’. En vérité, ceux-ci retournent politiquement et institutionnellement au Mobutisme dictatorial avec le principe angulaire du Parti-État ou parti unique (AFDL, CPP)[xi], le quadrillage révolutionnaire de la population terrorisée (chembe-chembe)[xii] et le culte de la personnalité. Pis encore, ceux-ci retournent du point répressif, immédiatement, à l’époque coloniale avec la culture du fouet (la chicotte), de l’exil intérieur (la relégation) et du travail forcé (Mbula Matari).
Comme l’attestent les propos du général rwandais Paul Kagame sur le processus révolutionnaire de l’AFDL qui a définitivement raison du Maréchal Mobutu et de la démocratie balbutiante au Congo, le chef de guerre Laurent-Désiré Kabila est dans sa mission un pantin de puissances régionales. Comme ces dernières sous-traitent la rapacité de la communauté financière internationale, Kabila est également un instrument au service de puissants intérêts extérieurs[xiii]. De plus, son mentor patenté est, à cette époque trouble, le colonel belge Willy Mallants. Cet ancien haut cadre de l’ex-armée coloniale au Congo (la Force publique) qui encadre la lutte de ce seigneur de guerre postmarxiste et postmaoïste a la particularité d’avoir été un ex-conseiller du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre.
Toutefois, Mzee Laurent-Désiré Kabila revêt le manteau nationaliste malheureusement abandonné sur le parcours de la rébellion armée afin de couvrir, d’étouffer les véritables revendications du Peuple congolais, lorsqu’il est définitivement en porte-à-faux avec tous ses tuteurs, divorce d’avec tous ses parrains, se met à dos ses propres alliés et colistiers. À ce propos, il importe de constater que le chef rebelle de l’AFDL a, dès la mise en orbite de son régime, nié la présence des éléments étrangers dans son gouvernement, en dépit de la pression populaire et celle de l’Opposition politique et démocratique. Ces individus redeviendront miraculeusement des étrangers pour Kabila lorsque son pouvoir est mis à rude épreuve le 2 août 1998. Ainsi, par un coup de baguette magique, le grand maquisard de Hewa Bora réussit à mélanger le bon grain de l’ivraie… Dans la confusion suivant le déclenchement des hostilités armées entre Kabila et certains cadres de l’AFDL, ce chef de guerre lunatique nie ouvertement l’appartenance des minorités tutsies rwandophones [Banyamulenge] à la Nation congolaise. Ce discours d’exclusion relayé au plus haut niveau par certains dignitaires et pies du kabilisme martial a pour conséquence le lynchage systématique d’une partie de la population en fonction du phénotype racial ou de l’appartenance à un groupe ethnique.
Comme la Révolution armée du 17 mai 1997 est en fait un vrai pronunciamiento, la guerre dite de libération nationale doit être regardée comme un acte de trahison, de félonie à l’égard de toute la Nation congolaise. En effet, par ses agissements intempestifs, Mzee Laurent-Désiré Kabila a permis de faire rentrer dans la bergerie nationale des loups méchants, des fauves féroces qui ont littéralement déchiqueté le pays et toutes ses institutions politiques. Ainsi, le Congo humilié est divisé, balkanisé. Il devient un État factice, fantôme, sans réelle souveraineté sur ses portions territoriales et ses énormes richesses. Tel est malheureusement l’héritage de Mzee à son Peuple ! Surtout pour un prétendu Soldat du Peuple, un soi-disant nationaliste !
Sous le régime de facto du général-major rwandais Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M’Twale Christopher, alias Joseph Kabila Kabange, qui assure la continuité de la première dynastie des seigneurs de guerre africains, la République démocratique du Congo (RDC) perd doublement cette qualité fondamentale de Collectivité publique et d’État indépendant. Ce territoire majestueux redevient, comme sous l’empire de la présence belge avant 1960, un grenier de matières naturelles et minérales, précieuses et stratégiques assujetti à l’exploitation coloniale, à la spoliation maffieuse. Sous la direction de ce mercenaire transfuge de l’Armée patriotique rwandaise (APR), l’arbitraire de l’État alimenté par la corruption et le népotisme est toujours légion. Le tribalisme et le régionalisme refont brutalement surface. Ces phénomènes discriminatoires trucident ainsi l’esprit communautaire et l’héritage nationaliste du célèbre héros Patrice Emery Lumumba. En effet, tous les affrontements interethniques d’ailleurs pratiquement disparus émergent violemment et gangrènent à l’instar de la peste toute la vie du pays. Comme sous la colonisation et le pouvoir rebelle de Mzee Laurent-Désiré Kabila, les Congolais se définissent désormais par rapport à leurs ethnies ou en fonction de leur appartenance tribale. Ce qui est un fait sans précédent dans l’histoire politique postindépendante de cet État ! D’autant plus que ces derniers avaient déjà pris l’habitude de se déterminer par rapport à leurs lieux de naissance ou de résidence et non plus en fonction de leur lien affectif (effectif) à la terre ancestrale ou au village de leurs parents et ancêtres immédiats…
Comme sous le règne macabre du père adoptif de Joseph Hyppolite Kanambe (le caïd révolutionnaire Mzee Mutwale Laurent-Désiré Kabila), cet État géant d’Afrique centrale et de la région des Grands Lacs est un vaste camp de concentration où les droits de la population sont strictement bafoués par ses geôliers. Ces derniers se distinguent par la répression tous azimuts de l’élite politique prodémocratique, par l’oppression systématique des droits fondamentaux et libertés reconnus à la classe journalistico-médiatique. Ce qui permet naturellement d’inférer que le visage répressif du pouvoir kabiliste prolongé par la tyrannie kanambiste n’a guère changé de physionomie. Celui-ci n’a subi qu’une simple métamorphose cosmétique. Cette liposuccion ou ce lifting lui permet de maquiller ses rides autoritaires. C’est ce système absolutiste essentiellement fondé sur la rente de l’État, les prébendes, les passe-droits, le clientélisme et le gangstérisme d’État que cherche à démanteler à tout prix le Dr Étienne Tshisekedi au profit de la liberté du Citoyen et de la démocratie politique. Tout ceci depuis l’ère glaciaire du Maréchal-dictateur Mobutu Sese Seko du Zaïre. C’est bien à ce niveau que gît effectivement le destin politique du Peuple congolais ! Maintenant, la balle est dans son camp pour assurer un véritable changement politique et démocratique !
Sous la conduite de Joseph Hyppolite Kanambe au même titre que sous la férule du rebelle affairiste Mzee Mutwale Laurent-Désiré Kabila ka Makolo Taratibu, la RDC n’a guère retrouvé la paix sociale et la concorde politique. La réconciliation nationale et l’unification territoriale sont une réalité extrêmement lointaine. La sécurité politique et frontalière des pays voisins à la base de la déstabilisation de ce colosse aux pieds d’argile relève indéfiniment du chimérique. Jouant pratiquement le rôle du ver dans le fruit de la Transition à Kinshasa, ce jeune mercenaire tutsi rwandais parachuté à la tête du Congo par l’Angola et le Zimbabwe avec la complicité manifeste des États membres de la communauté internationale (France et Belgique), plus particulièrement ceux de l’Union européenne (cette vieille Europe raciste, colonialiste et esclavagiste), bloque littéralement le processus de négociations politiques intercongolaises. Il renie même ses propres engagements pris dans le cadre de ces pourparlers de paix en Éthiopie, au Botswana et en Afrique du Sud. À l’image de son père adoptif, ce chef de guerre dont la carrière funeste est, à n’en pas douter, suspendue au couperet du Destin et aux caprices des astres, brade sans se soucier du peuple congolais le patrimoine national aux différents prédateurs locaux et charognards étrangers. Tout ceci pour survivre indéfiniment dans un espace politique étroit où ses heures sont malheureusement de plus en plus comptées…
Acta est fabula, disent les Latins !
[i]Zaïre signifie Zone Africaine et Internationale Réservée aux Étrangers.
[ii]La plupart de ces puissances politiques, financières et militaires ont porté le colonel Joseph-Désiré Mobutu au pouvoir à Kinshasa en 1960 et en 1965 contre la démocratie congolaise.
[iii]L’atmosphère politique est perpétuellement assombrie par des attentats et assassinats politiques, des intimidations et empoisonnements, des menaces de mort et invectives, des rafles et la répression aveugle.
[iv]La corruption bat son plein.
[v]Complice de la dictature macabre et des intérêts néocolonialistes.
[vi]Une opposition engagée irréversiblement sur la voie de la démocratie.
[vii]Le décret de nomination du Premier ministre pris par le Chef de l’État sur le fondement de l’article 71 de l’Acte portant dispositions constitutionnelles de Transition du 4 août 1992 n’est qu’un acte de constatation du fait politique. Il vient lui donner une portée juridique.
[viii]Selon une version assez répandue dans les médias, ce chef de guerre nationaliste et lumumbiste est supposément liquidé par le lieutenant-colonel Jacques Nziza, un haut cadre de l’Armée patriotique rwandaise (APR) aujourd’hui muée en Forces de défense rwandaises (FDR). Après son forfait, celui-ci est directement exfiltré au Rwanda.
[ix]La République démocratique du Congo (RDC) sous l’empire de la constitution de Luluabourg (août 1964-novembre 1965) est dans ses fondements idéologiques un véritable État démocratique.
[x]Lire à ce propos le projet économique et financier de l’UDPS tel que remanié par le président national Étienne Tshisekedi en 1999. www.udps.org ou www.udps.net.
[xi]L’AFDL ou les CPP remplacent le MPR.
[xii]Les Chembe-chembe qui enrégimentent la population pour la cause de Kabila sont en réalité l’équivalent du Corps des Volontaires de la révolution mobutiste (CVR).
[xiii]La Belgique est le premier pays de la communauté internationale à avoir reconnu le gouvernement rebelle de Laurent-Désiré Kabila ayant renversé les institutions politiques issues de la CNS.