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RDC : La politique extérieure des candidats aux élections probables de 2011


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 Par Jean Pierre Mbelu

Au début de cette semaine (du 23 mai 2011), certains journaux de Kinshasa ont abordé la question  des voyages effectués en Occident par certains membres de l’opposition politique. Le journal Le Potentiel a intitulé son article : «Par crainte des élections non crédibles. L’Opposition cherche un parrain en Occident ». Et ouvrant ses parenthèses sur ces articles remettant en question les voyages des membres de l’opposition congolaise en Occident, Guy De Boeck écrit ceci dans sa revue de presse (de ce lundi 23 mai 2011) : « N’en déplaise à un honneur national parfois ombrageux, les contacts avec l’extérieur font partie des campagnes électorales congolaises et y pèsent d’un certain poids. JKK (Joseph Kabila Kabange) avait lui-même lancé la « pas campagne, mais… » en usant des fêtes du 50naire pour s’auréoler d’un « prestige international » dans lequel Albert II représentait la cerise sur le gâteau. Puisque les photos de poignées de main avec des personnalités exotiques font partie du matériel de campagne courant, on ne voit pas pourquoi l’opposition devrait s’en priver. Ce fait jette d’ailleurs lui aussi une lueur sur les incidents de Montréal et posent eux aussi la question d’une éventuelle provocation. »  A en croire Guy De Boeck, s’auréoler du « prestige international » n’est pas l’apanage de l’opposition ; la Majorité au pouvoir sait ce que cela signifie. L’une des questions que pose ce « prestige international » est le suivant : « Et nos populations dans tout ça ? »

A n’en pas douter, l’Occident fait partie de notre histoire pour le meilleur et (surtout ?) pour le pire. Dans un petit livre très bien écrit, Géopolitique du Congo (RD),  Marie-France Cros et François Misser affirment que « le Congo actuel est une création de l’Occident. » Une affirmation sur laquelle plusieurs d’entre nous ont de la peine à réfléchir. En effet, dans sa configuration actuelle, le Congo (RD) est une création de la conférence de Berlin de 1885. Toutes les luttes initiées par les dignes filles et fils de notre pays depuis Simon Kimbangu en passant par Lumumba ont eu une visée : refaire  de cette terre conquise par l’Occident notre espace vital. Certains initiateurs de ces luttes ont été assassinés eu égard à leur importance géostratégique, géopolitique et géoéconomique. L’une des questions que nous devrions constamment nous poser est la suivante : « Que gagnerait l’Occident en nous laissant disposer à notre guise de son réservoir des matières premières et de la gâchette d’une Afrique unie ? »

Cette question fait-elle partie de l’agenda de la politique extérieure de nos politiciens et de notre pays ?  Les relations que certains de ces acteurs politiques nouent et entretiennent avec le Canada sont-elles, par exemple,  de nature à la décourager ce pays dans son rôle de « paradis fiscal » des multinationales pillant notre pays ? (Lire à ce propos Les articles d’un ami québécois Bernard Desgagné et le livre d’A. ENEAULT, D.ABADIE et W. SACHER, Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique, Québec, Ecosociété, 2008) Ou vont-ils simplement dire à Paul Desmarais et aux autres « cosmocrates » : « Coachez-nous, vous aller mieux piller le Congo (RD) ? » Et ceux qui connaissent le genre de  relations qu’entretiennent ces « cosmocrates » et certains présidents Occidentaux (de la trempe de Nicolas Sarkozy) peuvent, au vu du défilé des acteurs politiques Congolais en Occident, se poser la question de savoir s’il sera possible qu’ils aident le pays à sortir de l’auberge.

N’exagérons rien. Avouer que « le Congo actuel est une création de l’Occident » et vouloir se passer de l’Occident pour sa reconstruction est un peur irréaliste. Tout serait peut-être dans la façon de procéder de nos acteurs politiques. Que cherchent-ils ? Etre les meilleurs protecteurs des « intérêts occidentaux » ou les promoteurs d’un Congo souverain, ami des Occidentaux et d’autres peuples ?

A ce point nommé, il est quand même curieux que jusqu’à ce jour qu’aucun  groupe de forces dites du changement n’entreprenne un voyage sous les cieux latino-américains où les choses bougent dans le sens de la démocratie participative et du rassemblement  des Nations Unis Latino-Américaines ! Et jusqu’à ce jour, les questions liées au panafricanisme des peuples sont absentes des discours de nos acteurs politiques, plus enclins à la propagande sur nos richesses du sol et du sous-sol que sur nos ressources humaines. C’est très curieux !

Une autre curiosité : « Dans notre marche historique, à quel moment, cet Occident est-il venu à notre secours pour le bien de nos populations ? » Procédons à l’inventaire historique. En 1961, il tue Lumumba avec la complicité de certains d’entre nous. Avec Mobutu, il enfonce le pays dans la dictature et dans une dette odieuse gérée par les IFI. En 1996, il nous livre une guerre d’agression- qui est un crime international impuni- en recourant à certains pays satellites de la sous-région et cela jusqu’à ce jour. Quand il assassine Lumumba en 1961, l’ONU est chez nous. Le 16 janvier 2001, il récidive, avec les pays satellites et les hommes et les femmes liges Congolais, en assassinant Laurent-Désiré Kabila. Quels sont les faits historiques récents pouvant nous convaincre que la main tendue par nos hommes et femmes politiques en Occident est « une bonne nouvelle » ? Au jour d’aujourd’hui, l’Occident est en Lybie et en Côte d’Ivoire comme au temps de la traite négrière et de la colonisation. En Occident-même, les populations sont dans la rue en Espagne, au Portugal et en Grèce. Elles protestent contre les mesures d’austérité imposées par le FMI et les autres instances de l’Union Européenne. Il est possible que ce mouvement  s’étende à d’autres pays occidentaux. Le Front national monte partout. La domination des oligarchies d’argent sur les populations des pays occidentaux est devenue si criante que celles-ci ont choisi la rue pour protester. Malheureusement, nos acteurs politiques n’y négocient pas avec les mouvements des populations ; ils vont vers « les petites mains » des oligarchies d’argent ayant pris ces populations en otage. (Lire S. GEORGE, Leurs crises, nos solutions, Paris, Albin Michel, 2010). Cela constitue une grave inquiétude pour nos populations congolaises  et pour ceux d’entre nous qui sont avertis. Surtout que ces acteurs politiques savent que plusieurs d’entre nous ne lisent pas, n’ont pas accès à l’information et/ou n’ont pas le temps de lire, préoccupés qu’ils sont, au quotidien, par les questions du manger et du boire.

Dans un pays dont la politique extérieure est soit inexistante, soit dictée par l’ONU et le FMI, soit par les appétits gloutons du moment, il est peu probable que les élections à venir constitue un début de sortie de l’auberge. Cela d’autant plus que les acteurs politiques de premier plan risquent d’être cooptés par « les petites mains  du capital ». Franchement, il faut avouer que notre pays donne  pas encore suffisamment des signes  de son engagement sur la voie d’un changement profitable à nos populations ; si les démarches actuelles de certains acteurs politiques doivent être pris en compte. Aller dans le sens de la remise à plat des partis politique et initier des mouvements populaires d’auto-prise en charge comme les Parlements de Butembo en ont donné le ton nous semble plus prometteur. A long terme ! Il est possible que nous soyons tout à fait à côté de la plaque…

 

J.-P. Mbelu