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RDC : la vie des homosexuels entre ombre et lumière


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Un Kinois de 25 ans qui dit avoir découvert son homosexualité pendant son adolescence.
Un Kinois de 25 ans qui dit avoir découvert son homosexualité pendant son adolescence. © AFP

Mal dans leur peau ou bien dans leurs baskets, les gays et lesbiennes préfèrent rester discrets en RDC, l’un des rares pays d’Afrique qui ne pénalise pas l’homosexualité.

Dida, coiffeur ayant pignon sur rue à Kinshasa, dit n’avoir aucun complexe. “Mes propres parents m’ont accepté tel que je suis, les autres, je n’en ai rien à foutre !”, lâche-t-il avec assurance. À l’inverse, Arthur – les prénoms ont été changés -, basketteur de 30 ans qui ressent “beaucoup plus de plaisir avec les hommes”, est tétanisé par la perspective du rejet. “J’ai peur de ce que vont dire ma famille, mes amis, mon entourage. Je ne suis pas bien dans ma peau.”

En RDC, la loi ne condamne pas l’homosexualité et contrairement à ce qui peut se passer dans des pays à la législation homophobe, le programme gouvernemental de lutte contre le sida prévoit un volet de prévention à destination de la population homosexuelle.

Pour les associations et ONG humanitaires concernées, qui célèbrent samedi la journée internationale contre l’homophobie, cette implication de l’État, même à échelle réduite, est d’autant plus importante que les homosexuels sont globalement plus exposés que les autres aux relations non protégées, notamment du fait que nombre d’entre eux, rejetés par leur famille, en viennent à se prostituer pour subsister. Mais comme en Afrique du Sud, au Rwanda ou en Côte d’Ivoire, aussi exempts de loi répressive, les homosexuels subissent “des violences verbales, morales et des cas isolés de chantage ainsi que de menaces” forçant beaucoup à vivre “en cachette”, voire à s’exiler, commente un militant surnommé “Justice Walu”.
“Ces gens-là, c’est Dieu qui les a créés, je ne vois pas un grand problème”, dit Michel, chauffeur de taxi d’une quarantaine d’années, prêt cependant à renier son enfant si celui-ci devait se déclarer homosexuel. Pour de nombreux Congolais, les homosexuels sont des “sorciers” et des “démons”. Persuadés d’être possédés, certains enchaînent les séances de prière, qui renforcent souvent leur sentiment de culpabilité face à leur désir profond. “Je me dis que ce n’est pas de ma faute, mais que c’est incompatible avec la Bible”, déplore Arthur.

Presque tous les jours dans la cité, ce sont des regards, des insultes, la stigmatisation.

Les homosexuels se rencontrent via Internet ou dans les bars et boîtes de nuit qui tolèrent leur présence, et où la cohabitation avec les hétérosexuels se passe généralement bien. Les femmes se montrent plus discrètes que les hommes et se livrent moins. Sirius, une journaliste lesbienne de 31 ans, a accepté de se confier : “Presque tous les jours dans la cité, ce sont des regards, des insultes, la stigmatisation.” “Un jour, en 2007, des garçons m’ont encerclée, m’ont dit qu’ils allaient me violer pour me donner le goût des hommes, que quoi que je fasse je restais une femme. Ils m’ont mis des coups pour m’affaiblir et me violer, mais j’ai pu me défendre et courir”, narre-t-elle.

“Savoir ce que cela fait d’être père”

Récemment, des militants de la cause homosexuelle se sont inquiétés d’une montée de l’homophobie après le dépôt, en novembre, d’une proposition de loi visant à pénaliser l’homosexualité. Ce projet a entraîné des tribunes de soutien violentes dans la presse. L’examen du texte n’est pas encore prévu au Parlement. Une initiative similaire, en 2010, avait échoué.

 

“L’homosexualité est un crime car ceux qui ont pris cette option ont décidé d’arrêter la procréation, plaide Robert, un défenseur des droits de l’Homme de 46 ans partisan d’une pénalisation. C’est une menace pour l’humanité.” “Comment peut-on priver quelqu’un de ses propres sentiments?”, rétorque un coiffeur qui se fait appeler Daniella. “Il ne faut pas voter une loi qui (…) pourrait aboutir à des agressions plus violentes”, avertit pour sa part Justice Walu.

Le climat hostile aidant, des homosexuels prennent une couverture en épousant une personne du sexe opposé mais continuent en secret de fréquenter une personne du même sexe. D’autres s’y refusent et rêvent parfois d’une union avec leur moitié. “Je suis en couple depuis sept ans avec un Hollandais. Nous avons prévu de nous marier en juillet à Saint-Tropez”, dans le sud de la France, confie Dida. “On aimerait adopter. Ça, c’est un dossier que j’aimerais traiter dès le lendemain du mariage.”

Pierre, chômeur, vit en couple dans un petit appartement. Le mariage ne l’intéresse pas, mais il veut à tout prix avoir des enfants. “Je veux savoir ce que cela fait d’être père. L’amour qu’on porte à un enfant, c’est un amour différent.”

(AFP)

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