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-Dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), dans la région de Béni, la confusion règne autour des massacres des dernières semaines qui ont fait plus de 200 morts et qui n’ont pas été revendiqués. Parallèlement, un rapport de douze députés du parti au pouvoir et de l’opposition qui se sont rendus sur place fin octobre – et dont RFI a obtenu une copie – jette une lumière nouvelle sur les évènements des dernières semaines et notamment sur les défaillances au sein de l’armée congolaise sur place.
Pendant cinq jours, les douze députés se sont entretenus avec les autorités et les habitants de Béni. Ils ont aussi rencontré des survivants et des témoins des attaques à Eringeti, Ngadi et Oicha, trois localités où des tueries ont eu lieu courant octobre.
Première remarque, selon ces députés, le système d’alerte a été un échec. A plusieurs reprises, la population et les services de renseignement ont signalé l’imminence d’une attaque aux forces de l’ordre – après avoir reçu des tracts, par exemple – mais à chaque fois, aucune disposition n’a été prise. A chaque fois également, la police ou l’armée sont intervenues tardivement. Plus grave, le rapport cite plusieurs cas où des personnes, censées coordonner la protection de la population, n’ont pas fait leur travail.
Ce fut, par exemple, le cas dans la localité de Ngadi, à 7 km du centre de Béni. Un major, prévenu qu’une tuerie était en cours, aurait menacé « de fusiller tout élément de son unité qui oserait intervenir ». Des menaces également proférées contre un colonel qui voulait se rendre sur les lieux de l’incident le lendemain. Cette nuit-là, trente personnes seront tuées.
Un autre exemple, à Béni, fait état d’un commandant de la police qui aurait fermé les deux numéros verts mis en place par la Mission de l’ONU (Monusco) pour que la population puisse alerter la police en cas d’attaques.
Les députés réclament une commission d’enquête parlementaire
Enfin, à Eringeti, l’arrivée des secours pour stopper le massacre en cours, la nuit du 17 octobre, a été largement retardée par une dispute entre deux unités de l’armée présentes sur place.
Pourquoi ces défaillances ? N’y aurait-il pas une implication de certains éléments de l’armée ou de la police dans ces tueries ? Le rapport des députés ne répond pas à cette question mais réclame une commission d’enquête parlementaire.
Il relaye aussi la demande de la société civile de Béni, à savoir la mutation des fonctionnaires ou militaires en place depuis longtemps dans cette zone. Le président Joseph Kabila l’avait promis en décembre 2013 et l’a répété fin octobre lors de sa visite. A ce jour, aucune mutation ou changement dans l’armée n’a été annoncé.
L’armée congolaise a par ailleurs annoncé avoir arrêté trente-quatre hommes armés et dix civils soupçonnés d’être impliqués dans le dernier massacre, le 20 novembre, dans trois localités situées à une dizaine de kilomètres de l’aéroport de Béni et qui a fait une centaine de morts. Vingt-quatre armes auraient également été saisies. Ces éléments sont cruciaux au moment où aucune de ces attaques n’a été revendiquée et au moment où les enquêtes pour identifier ces assaillants sont toujours en cours.
RFI