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Alexis Thambwe Mwamba, ministre congolais de la Justice, a mis en application le 3 janvier la grâce présidentielle ordonnant la libération de centaines de prisonniers dont certains sont des personnalités politiques emblématiques, comme l’opposant Jean-Claude Muyambo.
Comme il l’avait annoncé à Jeune Afrique, Alexis Thambwe Mwamba s’est rendu le jeudi 3 janvier à la prison de Makala, à Kinshasa, pour exécuter la mesure de grâce présidentielle annoncée à la veille du Nouvel An. Le garde des Sceaux congolais s’est fait accompagner par Flory Kabange Numbi, le procureur général auprès de la cour de cassation, selon l’un de ses proches collaborateurs.
Parmi les bénéficiaires de cette mesure : Me Jean-Claude Muyambo Kyassa. Cet ancien bâtonnier de Lubumbashi, dans le sud de la RDC, et leader du parti Solidarité congolaise pour la démocratie et le développement (Scode), avait claqué la porte de la coalition au pouvoir en avril 2012, s’opposant contre toute tentative d’un troisième mandat du président Joseph Kabila.
Je suis sorti de la prison de la même manière que j’y suis entré
« Enfin libre ! »
En janvier 2015, alors que Kinshasa s’apprête à vivre trois journées meurtrières de contestation anti-réforme électorale, Jean-Claude Muyambo est arrêté dans sa résidence de Ngaliema, dans la capitale congolaise. Poursuivi pour escroquerie dans une rocambolesque affaire immobilière, il sera d’abord condamné à vingt-six mois, puis à cinq ans de prison.
« Enfin libre ! », clame-t-il aujourd’hui, joint au téléphone par Jeune Afrique quelques minutes après sa mise en liberté. « Je suis sorti de la prison de la même manière que j’y suis entré il y a quatre ans », explique Muyambo qui continue à dénoncer un « procès politique » intenté contre lui. Mais, pour l’instant, sa priorité est ailleurs. Bien que candidat aux élections législatives et provinciales du 30 décembre dernier, l’opposant confie qu’il voudrait se rendre avant tout aux États-Unis ou dans un pays européen pour soigner convenablement sa fracture du pied survenue pendant sa détention.
Gecoco libre, Yangambi toujours en prison
Sur la liste des bénéficiaires de la grâce présidentielle se trouve également Gérard Mulumba, dit Gecoco, un autre transfuge de la majorité au pouvoir. Ce député de l’opposition a été condamné fin avril 2018 à dix-huit mois de prison pour offense au chef de l’État.
Des sources judiciaires concordantes font également part de la libération d’Éric Kikunda, coaccusé de Me Firmin Yangambi, maintenu lui, une fois de plus, en détention. Mais contrairement aux autres prisonniers graciés, « Kikunda a été immédiatement conduit dans un cachot des services de l’immigration, en attendant son imminente expulsion vers la Belgique », confie l’une de nos sources proches du dossier.
Aux côtés de ces prisonniers emblématiques, « plusieurs centaines » d’autres détenus devaient recouvrer leur liberté, selon le ministère de la Justice. Mais tous n’ont pas encore quitté la prison. La faute notamment au défaut de paiement d’une « réquisition de fin d’emprisonnement », document qui « est monnayé entre 30 et 50 dollars américains à Makala », se désole un bénéficiaire de la grâce, qui s’impatiente dans sa cellule.