Freddy Mulumba Kabuayi
Interview
Le Congo de Patrice-Emery Lumumba, de Simon Kimbangu et de tous les pionniers de l’indépendance pour lequel les rébellions ont fait des dégâts n’existe plus, soutient le professeur Philippe Biyoya, dans l’interview ci-dessous qu’il a accordée au Potentiel. Pour lui, un autre Congo existe aujourd’hui : celui des affaires, des ressources qui doivent participer à la prospérité de l’économie mondiale. Il fait également remarquer que la RDC se présente dans la mondialisation sans une entreprise congolaise. Sans oublier notamment de la balkanisation du Congo et du système d’éducation à changer
Pouvez-vous faire le bilan de 2009 ?
A travers les échanges que nous avions eus, je peux dire que, depuis que nous sommes sortis provisoirement de la guerre, nous avons connu la transition jusqu’à organiser les élections, nous avons passé le plus clair de temps à parler des problèmes qui ne nous ont pas permis d’aller au-delà de ce que nous craignions. Nous avons parlé du Plan de la balkanisation du pays, surtout du Plan Sarkozy, du Plan Cohen et de toutes sortes de cris des professeurs d’université, etc. Je crois que c’est ça qui nous a le plus occupé. Et lorsque nous terminons l’année 2009, les questions qui ont le plus occupé notre esprit ont tourné autour du pouvoir, à savoir, notamment les négociations de Nairobi avec les interventions l’ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo et l’ex-président tanzanien, Benjamin Mkapa ; les problèmes dans l’Est de la RDC, le projet des grandes puissances de balkaniser le pays au point de nous demander si ce fameux projet n’est peut-être pas une fausse crainte. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, je reviens sur ce que j’ai écrit dans le livre qui sortira au début de cette année que les guerres et autres troubles que nous avons vécus étaient planifiés. Si cela n’était pas vraiment planifié, c’est que cela a participé à la planification contre les projets démocratiques et de développement de la RDC. Pays qui, me semble-t-il, a la malchance d’avoir été, de tous les pays africains, celui qui a le plus aimé la démocratie électorale, celui qui a vu sortir de la dictature, du néo-colonialisme, de la guerre froide par la démocratie électorale.
Je n’arrive pas à comprendre comment un tel pays ne peut pas être encouragé. Et les Congolais ont accepté, en fait, de jouer ce jeu de changement par la démocratie électorale. Nous avons vu émerger des partis importants comme l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et le Parti démocrate et social chrétien (PDSC). Tous ces parties ne sont plus pratiquement opérationnels aujourd’hui. C’est dire qu’il y a la volonté des Congolais à être une grande démocratie et que tout ce à quoi nous assistons (rébellions et agressions armées, des groupes armés, des injonctions et ingérences des pays étrangers qui se structurent même après les élections après nous avoir imposé un dialogue pour résoudre les problèmes intérieurs) me fait dire qu’il y avait un complot contre la Nation congolaise d’être démocratique.
Et même au début de cette année, je constate que cette stratégie de condamnation, d’empêchement d’une émergence démocratique ou du triomphe de la démocratie en RDC a pris une forme nouvelle. C’est le problème d’une gouvernance assez spécifique qui ne sait pas faire fonctionner normalement les institutions.
Mais cela ne prouve-t-il pas que les élites congolaises ne comprennent pas les véritables enjeux ?
C’est vrai que nous n’avons pas compris les véritables enjeux. Mais c’est parce que les gens auraient voulu que le Congo devienne un simple espace commercial, une zone franche, comme on dit, sans se soucier de sa souveraineté. Le Congo est devenu, en fait, comme un simple marché. Si la communauté internationale a financé les élections, ce n’est parce qu’elle veut que ces élections donnent lieu à un Etat. Voyez que nous n’avons plus d’autonomie dans le secteur de la sécurité qui est un secteur le plus important. Alors qu’à la sortie du dialogue inter-congolais, on avait dit qu’on crée avant tout l’armée, ensuite les institutions. On a vu qu’on n’a jamais créé une armée comme il doit. Aujourd’hui, on soumet l’armée que l’on voudrait former à l’épreuve des guerres pour la condamner finalement en disant qu’elle n’est pas organisée. On ne nous donne pas le temps de nous asseoir. Personne ne vient pour contenir les pressions qui viennent de l’extérieur. Nous n’avons pas compris cela parce que ceux qui nous ont observés ont trouvé que nous sommes trop amoureux du pouvoir. Le Congolais veut seulement le pouvoir, des postes. Et lorsqu’on les lui donne, il se sert.
Mais, regardez la Côte d’Ivoire, qui a connu une crise comme nous, a accusé le Burkina Faso comme nous le faisons pour le Rwanda. Aujourd’hui, même si le Burkina Faso est impliqué dans le règlement de la question ivoirienne, on sent qu’il y a un réel rapport des forces entre le Côte d’Ivoire et le président ivoirien qui a un pouvoir incontournable et qui oblige tous les partenaires extérieurs dont le Burkina à coopérer avec lui. Ce ne sont pas des injonctions. Le Burkina ne peut pas imposer par, exemple, un gouvernement des milices qu’il a soutenues. Mais pourquoi, chez nous, la communauté internationale a un regard différent de celui qu’elle a ailleurs ? En Guinée-Conakry, on tue 150 personnes. Et une enquête internationale est diligentée pour déterminer les crimes.
Dans l’Est de la République démocratique du Congo, notamment à Faradje où les Ougandais de l’Armée de résistance du seigneur (LRA) ont massacré plus de 1.000 personnes dans un village. Mais c’est à peine si l’Onu en parle. On n’en parle pas avec la même insistance. Mais pourquoi la communauté internationale manque de puissances qui peuvent se mettre derrière les causes morales du Congo. Pour la communauté internationale, les hommes peuvent disparaître, car ce sont les minerais qui comptent.
Cette communauté internationale n’est-elle pas constituée de capitalistes qui ne voient que les intérêts économiques. Mais que font les Congolais ?
Je ne dis pas cela pour condamner. Je le dis parce que vous m’avez posé la question de savoir si les élites congolaises ont compris. Ce que j’ai compris et que je voudrais que mes compatriotes comprennent, c’est que le Congo de Patrice-Emery Lumumba, de Simon Kimbangu et de tous les pionniers de l’indépendance pour lequel les rébellions ont fait des dégâts n’existe plus. Celui d’aujourd’hui, c’est le Congo de notre combat. Il y a comme un autre Congo qui existe aujourd’hui, c’est celui de la globalisation, de la mondialisation : les Congo des affaires, des ressources qui doivent participer à la prospérité de l’économie mondiale.
Ce Congo-là s’apparente à celui que Colette Braeckman décrit dans son livre «Vers une nouvelle indépendance du Congo». Vous comprenez très bien que ce Congo de Braeckman existe parce qu’il s’est développé à l’intérieur de la RDC : c’est une nouvelle force qui est anti-nationaliste. Un Congo anti-euros, dit Colette Braeckman. Ce Congo globalisé, mondialisé, semble-t-il, nous échappe. Ce Congo n’a pas besoin, en fait, d’un gouvernement stable, mais des gens qui font du business et qui ont besoin des contrats. On a besoin d’entreprendre beaucoup d’affaires. Aussi a-t-on produit le Code minier, le Code forestier, etc.
Aujourd’hui, on ne parle plus qu’économie. Alors que tout le monde sait que le capitalisme est fondé sur la puissance de l’Etat. Parce que si celui-ci ne fait pas la régulation, il n’y a pas d’affaires. C’est la jungle. Et les opérateurs économiques et autres hommes d’affaires ne vont venir. J’aimerais que les Congolais comprennent cela. Malheureusement, nous complaisons dans la distraction. Partout dans le monde, un pays a besoin d’un exécutif fort et puissant. Nous sommes le seul pays où on a des gouvernements qui ne durent que 3 mois, par exemple. On conteste le Premier ministre. On ne sait même pas quels sont les pouvoirs qui lui ont été réellement confiés. On ne met pas en place un système de gouvernance clair qui permet de juger les performances des institutions. Mais on tourne en rond.
Nous avons des parlementaires qui violent eux-mêmes la Constitution. On met en place le projet de décentralisation contre lequel il y a un levier de bouclier. Quand vous regardez tout ça, on ne permet au gouvernement de fonctionner, on fait tout pour délégitimer le Premier ministre contesté par les membres de son équipe. Et personne ne condamne cette situation. Entre-temps, dans son ensemble, le pays ne sait même pas se constituer d’une force et avoir des moyens pour fonctionner. On lui impose des guerres. En tout temps, l’armée est obligée pratiquement à faire campagne. Ce sont des stratégies qui confirment la thèse que j’avais émises dans les années 90, selon laquelle il y avait un complot contre la démocratisation du Congo pour que celui-ci ne construise une démocratie. Et cela nous oblige non pas à nous plaindre mais à chercher à comprendre qui est à la base de cela.
A supposer que ce soient les Anglo-saxons, comme tu le dis toujours. S’ils sont plus forts que nous, nous n’allons pas les combattre. Nous devons nous organiser de telle manière que les velléités de ces Anglo-saxons ne nous soient pas nuisibles à 100%. Et si ce sont nos ressources du sol et du sous-sol qui risquent de condamner l’émergence d’un Etat dans notre pays, nous devons savoir comment les utiliser autrement. A voir ce qui se passe aujourd’hui, je crains qu’on nous soutire ces ressources pour que nous demeurions toujours faibles.
Mais qu’avons-nous à négocier avec les Anglo-saxons qui ont déjà un projet de balkanisation du Congo ?
Aujourd’hui, vous devez savoir sur quoi porte la balkanisation. Pendant longtemps, nous avons pensé que la balkanisation consistait à soustraire des provinces, des bandes de terre où il y avait des richesses. Or, il semble qu’aujourd’hui, ils se sont tous avisés : sans prétexte valable, comme ce qu’ont fait nos voisins, le Rwanda et l’Ouganda qui n’arrivaient pas à occuper l’Est du Congo pour longtemps, ils ont intérêt d’user d’une sorte de balkanisation en affaiblissant les institutions à l’intérieur. Alors, si nous savons, par exemple, qu’ils veulent affaiblir les institutions, ils laissent pourrir la situation au gouvernement.
Ils ne permettent pas à l’ensemble des institutions de fonctionner, à l’administration de s’installer pour que l’autorité de l’Etat ne soit pas rétablie. Partout, la guerre a éclaté alors que nous n’avons même pas d’armée digne de ce nom. Combien d’aides avons-nous reçues pour la formation de la police ? La RDC est pays qui comprend plus de policiers que des soldats comme s’il y avait beaucoup de désordres à l’intérieur. Il n’y a qu’à voir, par exemple, les éléments de la police de la circulation routière. Ils sont inutilement nombreux à chaque carrefour, au lieu de placer des feux et autres panneaux de signalisation.
Par ailleurs, on nous refuse d’avoir une armée forte et puissante. Nous avons neuf pays voisins. Lorsque nous n’avons pas une armée forte, comment allons-nous éventuellement négocier ? Nous ne manquons pas de repaires. Nous devons réfléchir sur notre attachement à nos terres. Aujourd’hui, nous avoir un Noir, Barack Obama, comme président des Etats-Unis. Pourquoi ? Les Noirs ont compris qu’il fallait sauver leur race et ce n’est pas le territoire parce qu’on peut l’avoir ailleurs. Nous devons développer la capacité de défendre notre race, notre culture, notre dignité. Cela peut nous obliger de faire, comme les Japonais, devant une grande menace, une force supérieure, d’accepter la situation pour le combat final de notre dignité. C’est-à-dire laisser enter les autres, imiter leurs méthodes, assimiler leurs sciences pour en fait devenir un interlocuteur valable.
Aujourd’hui, nous avons un Congo de la mondialisation sans entreprises congolaises. Il n’y a aucun plan du gouvernement sur les entreprises congolaises, aujourd’hui. Il n’y aura aucun code d’entreprise parce que ce sont les entreprises étrangères qui viendront s’implanter ici. C’est nous qui devons faire la promotion des entreprises économiques. Nous ne pouvons pas être partenaires dans un marché économique si nous n’avons pas, en fait, vos propres unités de mesure. Dans l’économie globale, le Congo n’a aucune entreprise. Nous n’avons même pas d’entreprises qui contrôlent le marché à l’intérieur, même dans la ville de Kinshasa.
Connaissez-vous une seule entreprise congolaise qui contrôle un seul secteur entier et oblige, pour cela, les étrangers qui viennent à acheter des actions dans cette entreprise. Je crois que c’est le plus grand défaut. Nous sommes en train d’améliorer le climat des affaires. Mais nous devons faire très attention. Il ne faut pas que cela soit une consécration de la délocalisation des entreprises étrangères qui viennent régner au Congo. Cela doit correspondre à une volonté pour les Congolais de se donner une base économique de notre souveraineté. Si nous n’avons pas de souveraineté économique, nous n’avons pas également la souveraineté politique.
Les étrangers qui nous lisent se posent tout de même des questions, notamment celle de savoir s’il n’y a pas de complicités internes ?
Lorsque c’est de l’extérieur qu’on nous dit qu’il y a des anti-euros, cela doit nous préoccuper, nous chatouiller les oreilles. Le plus important n’est pas de chercher des complices, mais de savoir ce que font les autres. Comme je l’ai dit, si nous voulons que nous ayons un Etat, des entreprises, que nous soyons organisés – même si, nous voulons détruire la Gecamines et que les autres nous disent qu’il ne faut pas le faire parce que, dans l’économie globale, chaque pays doit venir avec ses entreprises. A partir du moment où ils nous laissent détruire cette entreprise publique, toutes nos autres grandes entreprises, c’est qu’ils ne sont pas avec nous. C’est à nous-mêmes, maintenant, de chercher à comprendre et de montrer qu’on ne peut pas chercher la légitimité extérieure et oublier, par exemple, qu’on est au pouvoir parce qu’on a été élu. Même si les Occidentaux pensent que l’élection était une opération banale, mais, nous, nous avons cru et nous sommes même allés voter sous la pluie. Les gens n’ont voté parce que les Occidentaux ont mis l’argent mais parce qu’on leur a dit qu’ils allaient eux-mêmes choisir.
Que faut-il faire ? En même temps qu’on laisse les entreprises étrangères exploiter nos ressources nationales dans le but de récupérer l’argent qu’ils apportent ou le peu que l’Etat reçoit par la fiscalité pour réaliser des projets qui nous appartiennent. La Construction du Congo doit se faire à deux vitesses. Il faut qu’il ait un Congo construit avec les partenaires extérieurs dans les grands travaux et celui construit par nous-mêmes.
Savez-vous pourquoi la pauvreté n’est pas résolue par le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) qui ne doit pas être le projet des institutions internationales confié au ministère du Plan. En même temps que la Banque mondiale essaie de nous secourir, nous devons travailler pour sortir de la dépendance de la communauté internationale. Ce qui nous a manqué jusque-là, c’est une sorte d’appropriation de notre destin dans un contexte difficile.
Il y a des puissances – pays ou multinationales – qui veulent pas d’un Congo fort, avec une armée forte et qui ne veulent pas que les Congolais contrôlent leurs richesses. Ne pouvons-nous pas faire un choix quelque par ?. Ne sommes-nous pas quand même condamnés à disparaître ?
Tout à fait. Les gens ne connaissent pas très bien le contenu de la dernière lettre de Lumumba à son épouse. Il nous a légué une certaine idée géopolitique. Contrairement à ce que Franz Fanon avait dit que l’Afrique a la forme d’un revolver et la gâchette se trouve en RDC – propos interprétés par les Africains selon lesquels lorsque les Congolais ne seront pas à la hauteur, les Africains peuvent venir gérer les ressources du Congo – Lumumba a indiqué que l’avenir du Congo se trouve dans la solidarité tri-continentale (Afrique, Asie et peut-être l’Amérique Latine). Cela doit attirer notre attention et nous devons tirer leçon de la situation.
On nous a imposé la guerre, des négociations. Dans le monde, nous avons aussi des amis qui ont été victimes d’agressions de toutes sortes et qui ont appris à cimenter la solidarité. Ces amis existent. Et il faut savoir prendre langue avec eux. Ça ne doit pas être l’affaire d’une personne, mais celle des élites. Nous devons choisir notre système d’éducation, former les Congolais à s’approprier leur destin. Nous avons le temps d’orienter, de pousser nos enfants à aller étudier dans ces pays pour qu’ils nous apportent ce dont nous avons besoin. Je souscris parfaitement à votre question pour ce choix que nous devons faire de façon sage. Nous n’allons pas le faire en bousculant les équilibres, en suscitant, par exemple, des confrontations mais en trouvant des amis fidèles sur le modèle duquel nous allons construire, développer nos capacités pour ne plus subir les pressions traditionnelles. Nous devons avoir le courage de leur dire que nous avons compris et peut-être qu’ils se sont trompés.
Comme ce sont des Anglo-saxons, ce sont des hommes et nous devons savoir comment leur parler désormais pour leur dire que nous avons parfaitement compris leur jeu mais que nous n’allons pas le jouer. Ce jeu est d’ailleurs contraire au droit international qu’ils ont imposé, aux normes même du commerce et de l’économie. Nous ne pouvons pas être le partenaire d’un pays industrialisé qui nous impose une coopération institutionnelle avec les institutions des Nations unies et qui ne respecte pas les principes..
Le professeur Herbert Weiss reproche aux Congolais d’aller à l’extérieur pour étudier. Au lieu d’apprendre, par exemple, comment fonctionne la politique américaine, ils se contentent d’étudier la politique congolaise ou africaine à partir des Etats-Unis. Ils n’étudient pas la société des pays où ils étudient. Alors, il a donné un conseil selon lequel si le Congo doit se maintenir, il faut qu’il y ait des spécialistes dans tous les domaines. Si on doit négocier avec les Etats-Unis sur un domaine donné, il faut y dépêcher un spécialiste qui sait comment la politique américaine fonctionne. Il en est de même si on veut aller en Chine, par exemple. Donc, pour Herbert Weiss, nous devons disposer de nos propres spécialistes au lieu de faire toujours appel aux spécialistes étrangers. Quel est votre point de vue ?
Je suis d’accord avec vous. J’ai été aux Etats-Unis en 1998 et j’ai proposé de créer au Congo des instituts d’études américaines. Nous avons créé l’Institut panafricain des relations internationales et stratégiques. Parce que le meilleur moyen d’être des partenaires des autres Nations, c’est de connaître leur peuple. Ils nous manipulent parce qu’ils nous ont étudiés. Les études d’anthropologie sont très développées aux Etats-Unis. Et dans ces études, on étudie les coutumes, les langues des autres peuples du monde. Les Américains parlent même nos langues. J’ai vu des anthropologues américains qui parlaient, par exemple, la langue des Pygmées. La meilleure stratégie de changement de domination est d’apprendre la culture des autres. Les sociétés qui dominent, ce sont celles qui détruisent la culture des autres pour imposer la leur.
Comme je l’ai dit ci-haut, dans le changement que nous devons opérer, le système d’éducation a une place fondamentale. La plus grande réforme que la RDC doit réussir est celle de l’enseignement. Ce que le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire fait aujourd’hui est fondamental. Mais il ne fait pas encore ce qu’il doit faire. Il faut même réduire le nombre d’universités et redéfinir ce qu’est-ce qu’une université. Si on n’est pas capable de faire fonctionner une université, alors il faut trouver un autre système d’éducation. On ne peut pas faire de l’enseignement pour distribuer des diplômes pour rien. Des diplômes qui ne vous permettent même pas de réussir le développement de votre pays. Pour être compétitif, il faut être instruit.
C’est donc, le savoir, l’instruction qui est la ressource fondamentale de tout développement. Nous sommes en crise. Nous devons arrêter la façon dont fonctionne l’université congolaise. C’est une urgence.